En ces temps troublés, les gérants de fonds doivent faire preuve d’une grande dextérité et de créativité pour générer de la performance. Focus sur les investissements en vogue sur les marchés financiers.

COCO BONDS : LA NOUVELLE DROGUE DU MARCHÉ OBLIGATAIRE ?

 

Attendue depuis de long mois, la première hausse de taux de la Fed a eu lieu en décembre dernier. Avec cette décision, l’institution dirigée par Janet Yellen a désynchronisé sa politique monétaire avec celle de la Banque centrale européenne. Pour 2016, les économistes prévoient encore deux ou trois hausses des taux de la part de la Fed. Gustavo Horenstein tempère toutefois ces anticipations en soulignant que « la Fed n’a aucune raison de précipiter la hausse des taux. Dans le doute elle préférera s’abstenir car elle ne souhaite pas être une source de choc. » Dans cet environnement de taux très bas, les gérants ont dû faire preuve d’inventivité pour générer de la performance. Dorval AM s’est ainsi laissé séduire par les rendements proposés (entre 7 % et 8 %) par la dette indienne. D’autres comme Carmignac ont privilégié des obligations indexées sur l’inflation au Brésil.

En Europe, si les titres de dettes émis par les États périphériques tels que l’Espagne, le Portugal ou l’Italie ont été très demandés, les obligations à haut rendement européennes se sont une fois de plus distinguées. Les gérants délaissant un marché américain fragilisé par les firmes du secteur des énergies et des commodities.

Certains comme Olivier Guillou (Ecofi) se sont également dirigés vers les émissions réalisées par des sociétés européennes non notées (Bolloré et SEB). Les obligations émises par les banques, émissions subordonnées et très subordonnées que l’on appelle Coco bonds (contingent convertible bonds) et additionnal tier one ont rencontré un vif succès. Les investisseurs ont été séduits par les rendements très attrayants (de 5 % à 8 %) offerts par la BNP, la Société générale ou encore UBS. Stanislas de Bailliencourt (Sycomore AM) demeure toutefois méfiant à leur sujet : « Le danger inhérent à ces nouveaux produits ne doit pas être écarté, ces derniers n’ayant pas encore été testés dans les périodes difficiles. » Le risque étant que ces titres de dettes soient convertis en actions si la solvabilité de l’entreprise émettrice chute en dessous d’un seuil prédéterminé.

 

LES MARCHÉS ACTIONS EUROPÉENS COMME TÊTE D’AFFICHE

 

Les marchés boursiers ont commencé l’année 2016 la tête à l’envers. Une corrélation s’est même opérée entre les différents indices et le cours du pétrole ! La chute (vertigineuse) du prix du baril entraînant avec elle celle des marchés actions. Dans cette période de remous, les grands gagnants devraient être ceux qui sauront rester lucides.

Les signaux encourageants de l’économie de la zone Euro et la visibilité de la politique monétaire orchestrée par la BCE pourraient cette année profiter aux marchés européens. C’est en tout cas l’opinion de la très grande majorité des gérants. Une confiance qui se fonde également sur la croissance des résultats des entreprises du Vieux Continent établie à près de 11 % en 2015 et attendue à plus de 8 % en 2016. Parmi les principales cibles des investisseurs figurent les entreprises du secteur des nouvelles technologies et de la santé.

Des gérants faisant, en outre, preuve d’un certain appétit pour les firmes du secteur bancaire. Ces derniers estiment, en effet, que les plus grands établissements bancaires ont été injustement traités par les marchés malgré leur solidité. Pour Sébastien Lalevée (Financière Arbevel), « mieux vaut se positionner sur des entreprises sur lesquelles les managers ont fait leurs preuves ». Un point de vue largement partagé par le marché. La vigueur du marché du M&A pourrait également être un biais d’investissement en vogue au cours des prochains mois. A contrario, Xavier Delaye (DNCA) et de nombreux investisseurs semblent éviter autant que faire se peut d’investir sur des sociétés dont le développement économique repose sur leurs exportations avec la Chine et plus généralement les pays émergents. Si le Japon recueille également les faveurs de nombreux gérants, les États-Unis, en raison des perspectives de croissance bénéficiaires des entreprises moins bien orientées et de leur valorisation considérée comme trop élevée, sont délaissés. Les gérants devront également composer avec une volatilité importante, que la divergence des politiques monétaires continuera d’alimenter. Raison pour laquelle ils sont une immense majorité à conserver une poche de liquidités importante. L’idée est ici de se créer de la marge de manoeuvre pour pouvoir profiter d’un rattrapage des valorisations.

 

Aurélien Florin

 

Retrouvez la suite de cet article dans l'édition 2016 du supplément « Gestion de patrimoine & gestion d'actifs » de Décideurs Magazine

 

 

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