Spécialiste du droit bancaire, Marc Favero dirige les opérations stratégiques et de l’innovation de Brink’s et signe un ouvrage philosophique unique en son genre.

Marc Favero est un être hybride. À la fois juriste et philosophe, cet intellectuel est avant tout un expert reconnu du droit bancaire. En 1999, après dix années d’une carrière d’avocat[1] , l’homme se tourne vers l’entreprise. Embauché par Aérospatiale, il participe activement à la fusion qui mènera à la création du groupe EADS, pour lequel il gérera notamment le financement et la conquête de marché dans plusieurs pays. « La profession d’avocat est parfois frustrante, car la décision dépend du juge. En entreprise, elle appartient au juriste », explique Marc Favero. Cinq années plus tard, et en parallèle des cours de droit financier qu’il dispense à Paris I, celui-ci intègre Brink’s France comme secrétaire général et directeur juridique. Une expérience qui éloigne ce féru de boxe thaïlandaise de l’univers bancaire, mais le rapproche de la gestion de projets d’envergure. « Chaque année, nous devons organiser le flux de 130 milliards d’euros entre les banques et la Banque de France », précise-t-il. Reposant principalement sur un droit souple, le secteur financier offre aux juristes la faculté de créer, de proposer, d’innover. Ainsi, en l’espace de dix ans, l’audacieux Marc Favero fait de Brink’s France un établissement de paiement[2] unique en son genre, proposant aux banques un service haut de gamme. Comme une « suite logique », il devient directeur des opérations stratégiques et de l’innovation de Brink’s en janvier 2015. Profondément cartésien, il dirige aujourd’hui une équipe d’une dizaine de personnes et profite de son temps libre pour décoder le monde qui l’entoure.

 

« Besoin de trouver des réponses »

 

« J’ai le privilège de passer deux heures dans les transports chaque jour », explique l’ex-directeur juridique. Un temps qui, au fil des années, lui permet de découvrir les écrits de philosophes en tout genre. « Je cherche systématiquement à comprendre, à analyser le raisonnement. J’ai besoin de trouver des réponses. » C’est justement parce qu’il n’a pas trouvé les réponses à quelques-unes de ses questions qu’il décide d’écrire son propre ouvrage de philosophie il y a cinq ans. « J’ai voulu écrire le livre que je ne trouvais pas », explique-t-il. Publié en mars 2016, Éloge du vertige[3] est un « état des lieux sur les grandes questions de notre temps » de 390 pages dans lequel l’auteur s’expose à sept « axiomes », sept points de réflexions indémontrables : Dieu existe-t-il ? Le monde a-t-il une origine ? L’esprit est-il indépendant de la matière ? Existe-t-il une morale universelle ? Existe-t-il un meilleur régime politique pour l’homme que la démocratie ? « Si vous êtes prêts à abandonner le confort de vos certitudes, alors ce livre est écrit pour vous », peut-on lire en quatrième de couverture. Et lorsqu’il s’agit d’apporter des réponses, tous les moyens sont bons pour Marc Favero: la science, la philosophie, la politique, l’art, la science-fiction… Ainsi, tout au long de l’ouvrage, il se réfère à Nietzsche, Baudelaire, Henri Poincaré, Edgar Morin, à la Bible et au Coran, à Platon, saint Augustin, Jean-Paul Sartre… Il rend aussi hommage à Einstein, en démêlant la théorie de la relativité, rappelle l’héritage antique des religions et invite le lecteur à penser autrement.

 

« L’important est ailleurs »

 

S’il tente de guérir ses angoisses par une analyse presque mathématique de la réalité, l’ex-avocat reste néanmoins persuadé que l’être humain doit sortir de la logique binaire pour pouvoir aborder le monde différemment. « Il s’enferme et refuse de se poser des questions », déplore ce père de famille. L’ouvrage aurait-il des vertus thérapeutiques ? Pas sûr. Il se clôt néanmoins avec une étonnante bouffée d’optimisme. Car si certaines questions demeurent en suspens, il en est une qui, pour l’auteur, ne fait plus aucun doute : l’autre. « Il est toujours présent : il me donne naissance, m’aide à me constituer puisque je suis un animal social, il m’éduque, me bouscule, me contredit, me combat, me fait évoluer… Même en doutant de tout, je peux bâtir avec l’Autre (…)», écrit Marc Favero en conclusion. Une sacrée piqûre de rappel.

 

Capucine Coquand

@CapucineCoquand

 

[1] Prestation de serment en 1989. Collaboration au sein des cabinets Thomas puis Clifford Chance dans le courant des années 1990.

[2] Entité juridique autorisée dans le cadre de la directive sur les services de paiement adoptée le 13 novembre 2007.

[3] Éd. Colonna, 2016, 391 pages, 21 euros.

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