B. Paternot (Bpifrance) : "Ouvrir un canal supplémentaire entre les épargnants et les entreprises non cotées"
Décideurs. Pouvez-vous nous parler de la genèse de ce projet ?
Si le fonds s’inscrit bien dans le contexte de la relance, la réflexion sur le projet est antérieure à la crise sanitaire. Avec le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, nous y réfléchissons depuis plus d’un an. Nous avons souhaité travailler sur un produit inédit et complémentaire aux fonds de capital investissement proposés aux particuliers par les acteurs du retail et les banques. Il s’agit d’un univers encore peu connu des particuliers, le private equity étant réservé traditionnellement aux investisseurs professionnels. Il s’agit donc ici de créer un canal supplémentaire permettant aux personnes physiques de soutenir l’économie réelle en investissant dans des PME et start-up non cotées. Le fonds répond à une logique d’investissement, ce qui signifie qu’il est risqué et sans garantie.
Comment BE1 se différencie des autres produits ?
Nous avons voulu mettre l’accent sur deux paramètres de distinction essentiels : la diversification et l’horizon de maturité. On retrouve dans un fonds de private equity classique entre 15 et 25 entreprises et sa maturité est longue, 10 ou 12 ans minimum. Avec BE1, il y a une exposition, via des investissements dans 147 fonds ayant déjà constitué leurs portefeuilles dans, au global, environ 1 500 entreprises appartenant à tous les secteurs d’activité ; de plus, la durée de vie de ce fonds est bien plus courte, soit 6 à 7 ans maximum dans la mesure où l’actif est intégralement constitué dès le départ et que l’horizon de maturité du fonds est donc plus court que traditionnellement. Le fonds ne fait l’objet d’aucun avantage fiscal de faveur à l’entrée, l’argument commercial est donc intrinsèquement lié aux qualités du produit.
Quels ont été les principaux enjeux de sa création ?
L’actif du fonds étant constitué dès le départ, l’un des enjeux était de mettre en place une méthode objective au niveau de la détermination et de la valorisation du portefeuille apporté au FCPR. En synthèse, nous avons choisi de trancher 5% de notre portefeuille de fonds partenaires français dans lesquels Bpifrance a investi sur fonds propres entre 2005 et 2016 pour l’apporter au FCPR. Cette méthodologie a été certifiée par un cabinet d’audit indépendant et a été appliquée de façon systématique. Il nous a fallu objectiver la valorisation de ce portefeuille par un prix de marché c’est pourquoi nous avons organisé concomitamment la cession d’une deuxième tranche de 5% du même portefeuille auprès de deux acquéreurs professionnels des opérations secondaires à l'issue d'un processus ouvert et compétitif. Cette opération a été finalisée au mois de septembre, postérieurement à la crise de la Covid-19. La taille du fonds est de 95 millions d’euros et nous avons fixé le ticket d’entrée à 5 000 euros. Les montants perçus par Bpifrance dans le cadre de l’opération de cession secondaire et de la souscription par les particuliers seront réinvestis par Bpifrance dans des entreprises ou des fonds de capital investissement, sans fléchage particuliers.
Pourquoi avoir choisi 123 IM comme partenaire ?
Cette société de gestion a été sélectionnée à la suite d’un appel d’offres ouvert. Les raisons principales de notre choix portaient sur son expertise en matière de gestion de fonds de capital investissement pour le compte de personnes physiques non professionnelles, mais aussi sur la capillarité de son réseau (banques, assureurs, gestionnaires de patrimoine). Il s’agit d’un partenaire commercial principal, Bpifrance peut aussi s’adresser directement aux réseaux qui ne sont pas partenaires de 123 IM. En attendant le référencement des produits sur les différents réseaux, BE1 est disponible via une plateforme digitale.
Proposerez-vous d’autres produits de ce type ?
La commercialisation de BE1, lancée le 1er octobre, a très bien démarré. Nous sommes confiants mais nous attendons la confirmation de son succès au premier trimestre 2021. Si c’est le cas, nous envisagerons une deuxième génération.
Propos recueillis par Emilie Zana