Jérôme Gavaudan succède à Christiane Féral-Schuhl à la tête des avocats
L’ancien bâtonnier de Marseille (2011-2012) Jérôme Gavaudan est le nouveau président du Conseil national des Barreaux (CNB). À partir du 1er janvier 2021, ce spécialiste du droit du travail et de la sécurité sociale remplacera Christiane Féral-Schuhl pour un mandat de trois ans. Celui qui a fait sa campagne avec un programme intitulé “les avocats, d’abord, le droit pour tous” avait déjà été élu membre du CNB entre 2011 et 2012. Il était président de la Conférence des bâtonniers en 2018 et 2019 et vice-président du CNB lors de la précédente mandature.
Prise en compte des conséquences de la crise sanitaire
À la tête de son propre cabinet, l’avocat de 55 ans s’est battu au cours de ses différents mandats contre la réforme territoriale des tribunaux organisée par Nicole Belloubet et qui vu notamment la suppression des tribunaux de grande instance et la création des tribunaux judiciaires. Dorénavant élu, il souhaite que son mandat soit guidé par l’implication de ses consœurs et confrères dans l’élection présidentielle en 2022. Il travaillera aux côtés d’un Conseil national des barreaux totalement renouvelé depuis les élections du 24 novembre dernier au cours desquelles les avocats ont élu leurs 80 représentants pour la mandature 2021-2023. Réunis en assemblée générale le samedi 19 décembre, ils ont désigné à la fois leur nouveau président et les membres du bureau que sont : Marie-Aimée Peyron (vice-présidente), Laurent Martinet (vice-président), Olivier Fontibus (trésorier), Florian Borg (secrétaire), Gilles Boxo, Rusen Aytac, Alexandra Boisramé et Nathalie Attias, auxquels s’ajoutent les deux membres de droit que sont la présidente de la Conférence des bâtonniers, Hélène Fontaine, et le bâtonnier de Paris, Olivier Cousi.
Jérôme Gavaudan succède à Christiane Féral-Schuhl, dont le mandat a été particulièrement houleux. Cette avocate spécialiste des nouvelles technologies et ancienne bâtonnière de Paris (2012-2013) a mené la lutte contre le projet de réforme des retraites, programmant la grève des avocats de France en février 2019, de concert avec les autres professions libérales, contre le rapport du haut-commissaire Delevoye. Un mouvement toujours actif un an après, jusqu’à ce que la crise sanitaire entraîne la fermeture des tribunaux durant deux mois. Le CNB avait alors estimé à 28 000 le nombre d’avocats devant quitter la profession en raison de la situation économique. La fin de mandat de Christiane Féral-Schuhl a été consacrée à la mobilisation des outils au bénéfice de la croissance de profession comme la plateforme de ventes aux enchères immobilières publiques Avoventes ou la future charte encadrant la justice prédictive. Le mandat de son successeur sera placé sous le signe de la nécessaire prise en compte des conséquences de la crise sanitaire sur la situation financière des avocats et sur la justice en France, à l’heure où la relation entre les robes noires et les robes rouges est fragilisée par les atteintes au secret professionnel des avocats, par les critiques publiques émises à l’encontre du Parquet national financier, les répercussions du procès du financement de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy, la préparation de la réforme de la procédure pénale et la nomination d’une avocate à la tête de l’École nationale de la magistrature. Le nouveau président du CNB semble vouloir élever le débat sur la place des avocats dans la société en inscrivant son mandat au cœur de l’enjeu des élections régionales en 2021 et nationales en 2022.