David Gurlé a fondé Symphony, plate-forme sécurisée qui permet d’échanger des informations, de communiquer avec des collègues, ou encore de partager des documents, il y a quatre ans. Le « Frenchie », installé à Palo Alto, vient de voir sa réussite récompensée par un trophée aux French American Business Awards 2016.

Décideurs. Comment est née Symphony ?

David Gurlé. L’idée est née durant un break professionnel. Après avoir travaillé pendant plusieurs années dans des sociétés telles que Microsoft, Reuters ou encore Skype, j’ai souhaité me poser un moment pour prendre le temps de la réflexion. Six mois plus tard, je suis arrivé à la certitude que je devais me concentrer sur mon savoir-faire. J’ai donc réfléchi à un produit synthétisant le meilleur des différentes sociétés de communication – e-mail, messagerie instantanée et partage de fichiers –, avec une architecture garantissant aux utilisateurs une excellente sécurité et aux régulateurs un accès leur permettant de faire leur job. J’ai présenté progressivement l’idée de ce produit autour de moi, avec un trac similaire aux artistes qui entrent sur scène. Mais j’ai été bien encouragé. J’ai donc réussi à lever un million de dollars avec un apport personnel et le soutien de business angels. Au début, nous n’étions que six. On s’est retroussé les manches et on s’est mis au travail. Aujourd’hui, nous sommes un peu plus de 170 et nous avons levé, grâce à deux tours de table supplémentaires, 166 millions de dollars.

 

Comment percevez-vous la France et son savoir-faire depuis San Francisco ?

La France dispose des meilleurs ingénieurs au monde. D’ailleurs, la plupart de ceux que j’emploie sont français. Ils ont une excellente formation. Les Français ont, ici, une réputation de bons vivants choisissant du bon vin et aimant manger du fromage. Mais on a tort de se limiter à cela. La France a réussi beaucoup d’initiatives industrielles : Orange, EDF ou même Alstom sont quelques exemples. J’aimerais prouver aux sceptiques et détracteurs que les Français savent aussi bien vivre que travailler, et que l’on peut réussir sans tomber dans une certaine ambiguïté. Je me vois un peu comme un ambassadeur de cette synthèse de la culture française.

 

Quel a été votre premier ressenti lors de votre arrivée ici ?

J’ai tout de suite saisi le dynamisme ambiant et compris que tout se passait ici. Tout est permis, la réussite n’est pas punie. Il n’y a pas de limites. Ça excite l’imagination, ça vous motive, ça vous exalte.

 

 

Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous ?

La première difficulté, c’est de croire en soi-même. C’est un vrai combat intérieur à mener. La deuxième, c’est la solitude de l’entrepreneur. Quand vous avez des soucis, des doutes, vous ne savez pas avec qui les partager. Aujourd’hui, je suis membre d’un réseau de CEO/fondateurs. Nous nous rencontrons régulièrement et échangeons sur nos problématiques. Enfin, avec ce type de boulot, il n’y a jamais de fin. Vous n’êtes jamais libre d’esprit. Vous démarrez votre journée en pensant à vos projets et vous vous couchez en travaillant encore sur vos idées. Tout l’équilibre à déterminer est de pouvoir trouver la capacité à interrompre ce cycle quand c’est nécessaire pour éviter le burn-out.

 

Quels sont vos prochains objectifs ?

Nous voulons asseoir notre positionnement sur les services de marché financier. Notre produit répond à leurs besoins et l’ADN du produit « matche » avec celui du secteur.

 

Avez-vous une citation qui vous inspire ?

« Impossible is an opinion, not a fact. »

 

Un peu de temps pour vos loisirs ?

Oui, bien sûr. J’aime courir, faire du vélo, voler en avion et, en hiver, skier. Et puis, comme vous pouvez le voir sur mon bureau, la construction de Lego.

 

Propos recueillis par Mathieu Marcinkiewicz

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