À quelques semaines de l’élection présidentielle et des législatives, Facebook et Google annoncent se lancer dans la course contre les « fake news » en France. Une manière de ne pas reproduire les erreurs commises aux États-Unis.

Cela fait déjà plusieurs années que Youtube et d’autres se sont engagés dans la lutte contre les contenus terroristes. C’est désormais la désinformation dans tous ses aspects qui est dans le collimateur des géants de la tech. Le 6 février 2017, Facebook et Google ont annoncé une alliance avec des médias français comme l’AFP, BFMTV, L’Express ou encore Libération, Le Monde et 20 minutes, pour mener la guerre aux contenus erronés. Un sujet dont ils se sont déjà saisis aux États-Unis et en Allemagne et dont ils ont étendu l'action à la France à l’approche des élections présidentielles et législatives. Aux États-Unis, Facebook et d’autres réseaux sociaux avaient été accusés de laisser circuler de fausses informations sur leurs services et ainsi de favoriser l’élection de Donald Trump à la tête du pays à coup de désinformation. Pas question que cela se reproduise !

 

« L’astroturfing »

Si les réseaux sociaux et les forums sont connus pour favoriser la circulation de fausses informations, chacun pouvant y aller de son avis, ils sont également la cible de véritables campagnes destinées à manipuler l’opinion publique. Appelée « astroturfing », cette technique consiste à simuler ou amplifier une initiative issue de la population en réalité montée de toute pièce par un influenceur (marques, groupes politiques, États…). Le contexte électoral dans lequel se trouve la France appelle donc à redoubler de vigilance. Certains candidats à la présidence en ont déjà fait les frais. Alain Juppé et François Fillon ont été la cible de la fachosphère les accusant d’entente secrète avec des organisations islamistes radicales. Différents contenus ont été diffusés sur YouTube et sur les réseaux sociaux les caricaturant en "Ali Juppé" et "Farid Fillon". La gauche n’y a pas non plus échappé. Benoît Hamon et Emmanuel Macron ont été affublés des sunoms de "Bilal Hamon" et "Djamel Macron". C’est pour éviter ce genre de manipulations et de désinformation que Google, Facebook et Le Monde ont développé des outils permettant de vérifier la véracité des informations.

 

La quête de la vérité

Cible privilégiée des fausses informations en ligne, Facebook s’est allié à huit médias français pour faire barrage. Chaque publication signalée par un internaute fera l’objet d’une vérification. Si plus de deux médias confirment un problème, la publication sera accompagnée d’un drapeau informatif. De plus, une petite fenêtre signalant le problème jaillira sur l’écran en cas de partage de l’information par l’internaute. Dans le même esprit, Google collabore désormais avec un réseau de différents médias appelé First Draft. Ensemble ils vont lancer le 27 février 2016 un site internet qui offrira la possibilité à plusieurs magazines comme Le Monde, BuzzFeed ou Ouest-France de les aider dans la démarche en faisant du « crosscheck » des informations, c’est-à-dire plusieurs vérifications croisées. Pour Jenni Sargant, directrice générale de First Draft, « face à un défi de cette ampleur, c’est vraiment l’union qui fait la force ». Le Monde lui-même a décidé de faire de la lutte contre la désinformation son cheval de bataille en créant « Décodex », un outil de classification des sites selon leur fiabilité. Un terrain plutôt glissant… Gare à la concurrence déloyale ! Mais comme l’indique Le Monde lui-même, c’est « un premier pas vers la vérification de masse de l’information ». Le meilleur est à venir.

 

Marion Robert

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