Du procès Omar Raddad à celui de Charlie Hebdo, des réalisateurs de la Nouvelle Vague aux visages stars du septième art, de l'affaire des emplois fictifs à la mairie de Paris à celle de la mort de Malik Oussékine en marge d'une manifestation en 1986... Toute sa carrière, Georges Kiejman s'est illustré dans des dossiers retentissants et aux côtés de clients de premier plan. Il est décédé ce mardi 9 mai, à 90 ans.
Décès de Georges Kiejman, Cahiers d'un grand avocat
François Truffaut, Jean-Luc Godard, Jacques Demy, Louis Malle, Maurice Pialat et Constantin Costa-Gavras avaient un point commun : celui d'avoir, tous, fait un jour appel à Georges Kiejman. Réalisateurs de la Nouvelle Vague et vedettes du 7e art ont fait partie de la clientèle de l'avocat, qui a aussi représenté la revue Cahiers du cinéma. L'avocat, père de trois enfants, s'est éteint ce mardi 9 mai 2023 à l'âge de 90 ans. Né à Paris de parents juifs venus de Pologne, Georges Kiejman a, enfant, vu son père ne pas revenir d'Auschwitz. Jeune adulte, il sera cloueur dans la fourrure et serveur à côté de ses études de droit à la Sorbonne, avant d'enfiler la robe en 1953 et d'être nommé deuxième secrétaire de la conférence du stage deux ans plus tard. Les années suivantes confirmeront la réputation de spécialiste de la propriété intellectuelle et du droit pénal de celui qui accompagnera de nombreux éditeurs – Gallimard et Seuil –, plaidera pour Eugène Ionesco, obtiendra la relaxe de Pierre Goldman, accusé du meurtre de deux pharmaciennes, sera l'avocat du gouvernement américain dans l'affaire l'opposant au chef des Fractions armées révolutionnaires libanaises, Georges Ibrahim Abdallah, mais aussi de la famille de l'étudiant tué le 5 décembre 1986 en marge d'une manifestation parisienne contre le projet de loi Devaquet, Malik Oussékine. C'est lui, toujours, qui, face à Jacques Vergès, assistera la famille de Ghislaine Marchal lors de la tentative de révision du procès Omar Raddad. Encore lui qui, avec Richard Malka, permettra à Charlie Hebdo d'être relaxé lors du procès des caricatures de Mahomet.
En 1981, celui qui fut l'avocat de la famille de Marie Trintignant, de Roman Polanski et de Jacques Chirac dans le procès des emplois fictifs à la Mairie de Paris a été nommé par le garde des Sceaux Robert Badinter membre de la commission de révision du Code pénal. Collaborateur de Pierre Mendès France pendant vingt ans, il a aussi connu une carrière politique : il sera ministre délégué auprès du garde des Sceaux de 1990 à 1991 dans le troisième gouvernement de Michel Rocard, ministre délégué auprès du ministre de la Culture et de la communication jusqu'en 1992 dans le gouvernement d'Édith Cresson, et ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères jusqu'en 1993 dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy. En 2000, Georges Kiejman a fondé le cabinet Kiejman & Marembert avec son confrère Thierry Marembert.
Immense plaideur, avocat impertinent, ministre engagé, toujours avec classe et humour, Georges Kiejman était tout cela à la fois. Il laisse un vide immense que rien ni personne ne pourra jamais combler. J'ai une pensée émue pour sa famille et ses proches.
— Eric Dupond-Moretti (@E_DupondM) May 9, 2023
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