Céline Bekerman lance sa boutique spécialisée dans la défense pénale et le contentieux. L’avocate élabore des stratégies judiciaires et médiatiques très pragmatiques en fédérant les talents pour trouver des solutions aux conflits au-delà du droit. Explications.

Un nouveau cabinet s’installe avenue Montaigne. C’est au numéro 45 que Céline Bekerman reçoit ses clients parmi lesquels des personnes connues comme Gérard Louvin, Éric Cantona, Gérald Marie, ou l’association Licra. L’avocate fondatrice choisit des locaux “spacieux”, non pas pour recruter et faire de sa boutique un “gros cabinet“ – elle préfère garder une “structure souple” –, mais pour accueillir ceux qui vont l’aider à désamorcer les bombes judiciaires et médiatiques qu’elle doit traiter.

Deux constats ont motivé la jeune femme pour créer son cabinet : l’insuffisance du droit pour “appréhender les problématiques des clients dans leur globalité” et “la nature aléatoire de l’issue de contentieux longs, coûteux et complexes”. Plus de quinze ans de pratique nourrissent ces réflexions. Céline Bekerman a en effet acquis de l’expérience chez Gide Loyrette Nouel, Kiejman & Marembert et Pardo & Associés. Elle prête serment en 2008 et veut “expérimenter différents types de structures : les grandes et celles à taille humaine”. C’est auprès d’Olivier Pardo, ténor du barreau, ancien magistrat et conseiller auprès du ministre de la Justice et du ministre des Affaires sociales, également défenseur d’Isabelle Adjani, d’Éric Zemmour ou encore Bernard Tapie qu’elle passe le plus de temps : dix ans. De quoi se former aux dossiers ayant trait aux infractions relatives à la vie des affaires et, le cas échéant, déjouer les embûches qui jalonnent les affaires médiatisées.

Cellule de crise

Trafic d’influence, escroquerie, prise illégale d’intérêt, corruption, organisation frauduleuse d’insolvabilité, fraude fiscale, cybercriminalité, délit de favoritisme… Autant de situations dans lesquelles le cabinet Bekerman se propose d’accompagner chefs d’entreprise, cadres dirigeants, politiciens, entreprises et associations. Et ce, en amont de toute procédure, au stade de l’enquête, de l’instruction comme devant les juges, les autorités réglementaires ou encore les instances disciplinaires. Pour ce qui est de la fraude fiscale, la structure travaille en collaboration avec son voisin de palier, Stéphane Chaouat & Associés. Elle offre aussi ses services en droit de la presse, en droit à l’image et vie privée, en droit des influenceurs et en matière d’entertainment et de culture.

Céline Bekerman est une avocate rompue aux affaires dont la presse fait gorge chaude. Et dont l’ampleur médiatique s’accentue avec l’essor considérable des réseaux sociaux “qui n’étaient pas un sujet quand elle a commencé”. Son cabinet ne se limitera pas aux conseils juridiques, il épaulera ses clients dans les tempêtes médiatiques, et les assistera lorsqu’ils prendront la parole publiquement. Et établira pour eux la stratégie à adopter pour utiliser les médias à leur profit.

“Dans les affaires pénales sensibles, la défense doit se montrer convaincante tant devant le tribunal judiciaire que devant le tribunal médiatique“

Pour ce faire, Berkerman Avocats s’appuie sur un partenariat avec des communicants. Céline Bekerman reconnaît bien volontiers que “les métiers de communication nécessitent de vraies compétences qui ne sont pas celles de l’avocat”. “Dans les affaires pénales sensibles, la défense doit se montrer convaincante tant devant le tribunal judiciaire que devant le tribunal médiatique“, explique-t-elle. Et de poursuivre “la simple accusation suffit à condamner une personne, alors même qu’elle serait ultérieurement innocentée par les tribunaux.” Quand on défend des personnalités du monde hippique mises en cause pour des faits d’escroquerie en bande organisée et de dopage ou pour des faits de favoritisme dans le cadre d’affaires politico-financières, il faut d’abord gérer le risque réputationnel des accusés. Et pour cela, “on doit savoir monter une équipe, une sorte de cellule de crise, en deux heures”. Le temps médiatique passe beaucoup plus vite que le temps judiciaire.

Conciliabule

Monter une équipe et savoir s’entourer des bonnes personnes pour résoudre un problème donné, c’est un peu la botte secrète de cette nouvelle boutique. “Les solutions ne se trouvent pas dans les codes et dans les manuels de droit.” Le cabinet préfère prévenir le contentieux et apaiser le conflit avant même de mettre un pied au tribunal. Céline Bekerman “a vu tellement de dossiers qui partaient au contentieux alors qu’un peu de psychologie aurait permis de l’éviter”. La méthode ? Encourager la médiation et “employer le réseau, qui est un bon levier pour désamorcer les conflits“. L’avocate dit en riant s’être inspiré des séries américaines pour imaginer le « Conciliabule”, un vivier de “tierces personnes, neutres et impartiales, ayant une pratique reconnue“ et qui sont “plus légitimes à intervenir qu’elles seront capables de comprendre les enjeux de nos clients”. Céline Bekerman décortique ce réseau de personnalités de la vie économique classées par secteurs d’activité (médias et audiovisuel, banque finance et assurance, culture, nouvelles technologies, affaires publiques, etc.), et mobilise ces “experts” pour “débloquer des situations“ et trouver une “solution sur mesure dans l’intérêt de chaque partie”… On a hâte de connaître quelques noms du Conciliabule, le conseil de guerre des combats judico-médiatiques de Bekerman Avocats.

Anne-Laure Blouin

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