Lionel Scotto, fondateur du cabinet du même nom et inventeur de la pratique “Manpack” en Europe continentale, passe la main à Coralie Oger, associée du cabinet depuis 2021. Choisie à l’unanimité des membres, l’avocate a pour mission de préserver la place de leader de la boutique avant-gardiste.

“Le jour où le cabinet s’appellera Scotto sans Scotto, la transmission sera réussie.” Lionel Scotto cède avec sérénité les rênes du cabinet qu’il a fondé il y a vingt-sept ans à Coralie Oger. Arrivée en 2021, l’associée a reçu l’aval unanime des autres associés et des collaborateurs de Scotto Partners pour en prendre la tête. La transition sera douce. Le fondateur, qui reste associé, le souhaite : “À partir du moment où tu acceptes de passer la main, il faut accompagner l’autre.”

Complémentarité

Lionel Scotto ne laisse pas son entreprise à n’importe qui. Il a “rarement” vu un avocat avec une telle force de travail. Son associée confesse dormir peu, mais reste toujours de bonne humeur. Sept années chez Latham & Watkins et douze chez FTPA ont fait de Coralie Oger une virtuose du M&A. C’est elle qui a apporté cette “vraie deuxième matière” – et une bonne part du chiffre d’affaires – chez Scotto Partners, le cabinet de référence pour le management package ou “ManPack”, leader sur le marché du private equity. Une réputation que l’avocate a à cœur de faire perdurer. Elle qui accompagne ses clients, de belles ETI et des groupes familiaux (des Orange ou des Parthena), depuis plusieurs années. “En changeant de cabinet, je n’ai pas changé mes clients et ils m’ont grosso modo tous suivie.” Et qui veut pouvoir leur offrir, ainsi qu’aux clients de Scotto, un conseil pour toutes leurs opérations, “et pas seulement sur des opérations one-shot de LBO”. Pour cela, la nouvelle patronne de Scotto projette déjà de recruter pour renforcer la pratique M&A. “Chez Scotto, on ne fait pas que du ‘ManPack’.” La complémentarité entre les équipes M&A et Management Package a un vrai sens, notamment pour accompagner les groupes familiaux ou les entrepreneurs qui cèdent leur groupe.

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Hiérarchie de savoir

La boutique va au-devant de nouveaux défis : la concurrence désormais établie du milieu du “Man Pack” et les nouvelles technologies. Elle doit aujourd’hui, comme tout le monde, s’adapter aux enjeux de l’IA. Chat GPT, Gemini… La numérisation du monde ne s’arrête pas aux portes des cabinets d’avocats et Lionel Scotto veut que Scotto Partners prenne le tournant. Comme il l’a déjà fait par le passé. “On a été le premier cabinet à imposer DocuSign”, là où de nombreux confrères doutaient de la fiabilité du procédé. Scotto Partners peut aussi se targuer d’être le premier à avoir mis en place une plateforme interactive développée avec Microsoft pour échanger avec les clients. Et cela, grâce à son “mindset” de toujours : être perpétuellement en avance, dans “l’anticipation des outils que la modernité et l’air du temps peuvent nous apporter”. Un tour des bureaux du rond-point des champs Élysées le confirme. Ici, tout le monde est logé à la même enseigne. “Le plus vieux des associés que je suis peut avoir le même bureau que le plus jeune des collaborateurs”, déclare fièrement Lionel Scotto. Dans cette structure d’une trentaine de personnes, la hiérarchie est décorrélée de la taille des bureaux. Elle est liée au savoir. Et si le télétravail ne rebute pas le management, visiblement, les avocats n’ont pas envie de délaisser les locaux confortables du cabinet. “Google a aménagé ses locaux pour qu’on se sente chez soi”, explique le futur-ex-dirigeant, qui se soucie de la question du sens chez les jeunes générations. Scotto a copié la méthode.

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Cabinets centenaires

Flexibilité, liberté et bonne rémunération, c’est ainsi que les associés ont imaginé les rapports avec les collaborateurs pour les prochaines années. “Tout ça vient de mes associés, pour qui c’était plus intuitif que pour moi”, place Lionel Scotto. Et de Coralie Oger, si on lit entre les lignes. Ce qui n’a rien à voir avec la galanterie, puisque chez Scotto, on fait la part belle aux femmes. “Le cabinet est allé jusqu’au bout de son identité.” Preuve en est, le nouveau chef est une cheffe. Un argument de plus pour parier sur la réussite de cette transmission ? En France, les cabinets d’avocats ne trouvent souvent pas d’héritier digne de leur nom. “Les Français ont eu des cabinets de fondateurs ; les Anglo-Saxons ont des cabinets parfois centenaires”, décrypte l’avocat. “Les fondateurs français ont parfois du mal à lâcher les rênes. C’est presque biologique.” Si Lionel Scotto ne s’est jamais senti aussi bon dans son métier, il sait aussi percevoir ses limites, technologiques ou générationnelles. Et de constater : “ Il faut organiser très tôt les transitions qui permettent la résilience et même l'accélération du développement de la structure”. Pour devenir centenaire, il faut commencer jeune.

Anne-Laure Blouin

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