Carine Le Roy-Gleizes ne se prédestinait pas au droit de l’environnement. Elle est aujourd’hui l’une des figures les plus emblématiques de cette matière en plein foisonnement, accompagnant entreprises et industriels dans les méandres de l’évolution rapide de la réglementation. Avec conviction… et pragmatisme.
Carine Le Roy-Gleizes, la transformatrice
Carine Le Roy-Gleizes fait ses études de droit à Paris 1, avec une spécialisation en droit des affaires. Un parcours tout tracé : "Je n’ai jamais imaginé me destiner à une autre profession que celle d’avocate", se souvient-elle. Ce qui l’était moins, c’était sa rencontre avec le droit de l’environnement, à l’occasion de sa première collaboration au sein du cabinet pionnier en la matière, Huglo Lepage, des rangs duquel est sortie toute une génération d’environnementalistes : "Ils cherchaient des profils transversaux, capables d’aller du droit privé vers le droit public et inversement, avec une habilité à toucher à tous les sujets." Le droit de l’environnement était encore balbutiant. Carine Le Roy-Gleizes ne le quittera plus, perfectionnant sa formation chez Winston & Strawn avant de devenir associée en 2007, et de rejoindre Foley Hoag en 2013, où elle exerce toujours aujourd’hui. "Ce qui m’a passionnée d’emblée, c’est l’approche pluridisciplinaire d’une matière qui était encore peu travaillée par les avocats et qui me permettait d’être au contact d’acteurs aussi variés que des scientifiques, des ingénieurs, des financiers, des écologues, des juristes…" Aujourd’hui, alors que cette matière connaît un changement d’échelle, pour ne pas dire de paradigme, elle est plus que jamais stimulée par un droit "en train d’évoluer rapidement sous nos yeux, avec une inventivité, une créativité juridique importantes et des juges beaucoup plus sensibles aux enjeux environnementaux que par le passé."
Pièces à conviction
Une volatilité réglementaire qui touche directement la clientèle de Carine Le Roy-Gleizes, essentiellement constituée d’entreprises exerçant dans le domaine industriel. Elle s’évertue à les accompagner dans ce contexte à fort enjeu de responsabilité, aussi bien financier que réputationnel, en anticipant les risques liés aux évolutions réglementaires et en développant des solutions et des outils juridiques innovants. Elle participe par ailleurs aux travaux du groupe de travail du Medef consacré au droit de l’environnement qui réunit les juristes des sociétés adhérentes au syndicat patronal. Elle contribue au travail de réflexion et de concertation qui a notamment débouché sur un livre blanc détaillant les aspirations des entreprises en la matière. "Il s’agissait là pour les entreprises d’une occasion d’être proactives et d’exprimer clairement leurs attentes", se félicite Carine Le Roy-Gleizes. Est-ce parfois difficile de faire passer ses convictions personnelles sur l'environnement au tamis de la réalité des dossiers dont elle a la charge ? "Je suis pleinement acquise à l’urgence environnementale. C’est pourquoi il faut, à mon sens, ne pas tomber dans un manichéisme qui voudrait que les entreprises soient, par principe, non respectueuses de l’environnement alors qu’elles sont un espace de résolution des défis qui se posent à nous. Ces dernières font face, en effet, à des enjeux énormes et ont besoin de conseils juridiques adaptés pour mettre en œuvre leur transformation. Je suis très fière d’accompagner mes clients dans cette transition."
Et demain ? Avocate jusqu’au bout des ongles, Carine Le Roy-Gleizes n’imagine pas sa place ailleurs qu’à la sienne aujourd’hui. Tout en continuant à innover en même temps que cette "matière vivante" qu’est le droit de l’environnement.
Antoine Morlighem