Jennifer Murschel (Decathlon) : “Chez Décathlon, un ancien sportif de haut niveau peut embrasser une nouvelle carrière.”

Décideurs Juridiques : Être directrice juridique de Decathlon pendant les Jeux olympiques, une belle coïncidence ?

Jennifer Murschel : Enfant, je regardais les Jeux olympiques à la télévision avec mes parents et me voilà aujourd’hui directrice juridique de Decathlon, l’année où les Jeux olympiques et paralympiques se déroulent en France. Les jeux mettent en avant de nombreux sports, l’inclusivité, et permettent de célébrer les performances de tous les athlètes et notamment de ceux qui participent aux Jeux paralympiques. Étant référente de la mission handicap chez Decathlon, la dimension paralympique m’importe beaucoup.

Comment êtes-vous devenue référente handicap chez Decathlon ?

J’étais déjà sensibilisée à la question du handicap, notamment à travers notre partenariat avec l’association Droit comme un H, qui aide de jeunes talents en situation de handicap à accéder aux professions du droit. Créée en 1999, la Mission Handicap de Decathlon encourage et facilite l’intégration des travailleurs en situation de handicap grâce à des actions de sensibilisation, le recrutement et l’accompagnement dans le maintien à l’emploi. Avec l’équipe du service juridique, nous avons organisé une journée de sensibilisation consacrée aux handicaps et en lien avec le sport, nous avons eu la chance de rencontrer un maître d’armes qui entraîne l’équipe de France paralympique d’escrime. Pour la première fois, Decathlon soutient une équipe de 33 athlètes, qui inclut 8 para-athlètes, et dont certains sont des collaborateurs de Decathlon.

Quels sont les principaux enjeux juridiques auxquels votre entreprise est confrontée en tant que partenaire des Jeux olympiques Paris 2024 ?

Les plus gros enjeux touchent à l’organisation. Ils exigent une grande coopération entre nos équipes. En tant que partenaire officiel, nous gérons la conception et la fabrication des tenues des volontaires et nous les distribuons. Au regard de l’ampleur de l’événement, nous faisons tout pour anticiper les problèmes qui pourraient survenir. 

Nous organisons aussi des événements et des actions locales dans les collectivités labélisées “Terre de jeux 2024”. Nous distribuons des produits inédits sous une licence officielle Paris 2024 - Decathlon 2024, également conçus et fabriqués par notre entreprise.

Votre partenariat avec les Jeux olympiques vous a-t-il contrainte à revoir l’organisation du service juridique ? 

Pour avoir une vue d’ensemble et coordonner les différentes expertises juridiques, nous avons nommé Charlotte Riaud comme chef de projet juridique. Elle se consacre entièrement à l’ensemble des sujets liés aux JOP et passe davantage de temps avec nos équipes opérationnelles qu’avec les juristes. C’est une proximité nécessaire pour connaître les besoins opérationnels et y répondre. Son travail se situe à la croisée des chemins entre le juridique, le relationnel et une animation fonctionnelle d’expertises complémentaires. Tout cela est permis grâce à sa connaissance de l’entreprise et des autres corps de métier. Nous avons d’ores et déjà acté de maintenir cette organisation pour des projets comparables, qui mobiliseraient autant de compétences différentes.

“La proximité organisée avec les équipes projet a constitué notre valeur ajoutée. Elle nous a permis d’aller bien au-delà du rôle de support classique et d’être vraiment partie prenante du business”

 

Comment votre entreprise contribue-t-elle, du point de vue juridique, à la promotion de l’équité, de la diversité et de l’inclusion dans le cadre des Jeux olympiques Paris 2024 ?

Decathlon a fait sien le sujet de l’inclusivité et de l’équité. Preuve en est : j’ai été promue directrice juridique alors que j’étais enceinte. L’entreprise mène régulièrement des campagnes de sensibilisation en la matière. C’est aussi aux collaborateurs de montrer l’exemple, de porter une culture d’entreprise inclusive. À notre niveau, on trouve au sein de la direction juridique de nombreux collaborateurs issus d’horizons et de cultures différents. Cela permet d’apporter d’autres perspectives. Dans le service, nous avons par exemple Alioune qui est un ancien joueur de handball professionnel. Chez Decathlon, un ancien sportif de haut niveau peut embrasser une nouvelle carrière.

Comment avez-vous favorisé une culture d’entreprise autour de cet événement ?

Nous avons incité nos collaborateurs à se porter volontaires, plusieurs personnes du service juridique en France et à l’étranger seront volontaires. Virginie Sainte Rose, la directrice du partenariat Decathlon x Paris 2024, a œuvré en ce sens avec son équipe, grâce à des communications, des événements internes autour des jeux et/ou des rencontres entre les decathloniens et les athlètes. C’est ainsi que j’ai eu la chance de rencontrer Marie Patouillet (cycliste sur piste handisport), les frères Mawem (escalade) ainsi que Teddy Riner en visioconférence.

Quels enseignements en avez-vous tirés ?

Sur un plan professionnel, je retiens qu’il faut faire preuve de réactivité et de pragmatisme pour répondre aux enjeux opérationnels de l’événement. La proximité organisée avec les équipes projet a constitué notre valeur ajoutée. Elle nous a permis d’aller bien au-delà du rôle de support classique et d’être vraiment partie prenante du business. Sur un plan personnel, j’imagine vivre avec plus d’intensité les jeux. Si voir gagner les Français rend toujours heureux, soutenir l'équipe des athlètes de Decathlon sera une autre expérience.

Propos recueillis par Ilona Petit