Dans un environnement financier mouvant, parfois même incertain, les produits structurés émergent comme une solution innovante et sécurisée. De la gestion des risques à la personnalisation des stratégies, Clément Lemaire, directeur général d’Irbis, nous décrypte cette classe d’actifs.
Clément Lemaire (Irbis) : "Les produits structurés permettent de générer de la performance dans des phases de marché inexploitables avec les UC traditionnelles"
Décideurs. Quel état des lieux dressez- vous du marché des produits structurés ?
Clément Lemaire. C’est un marché en forte croissance depuis cinq ans pour plusieurs raisons. La première repose sur les performances dans un contexte de marché particulier. Si nous regardons sur la période 2017-2023, le rendement moyen sur un produit structuré dépasse les 6 %. La diversité des offres s’est étoffée grâce à un engouement des investisseurs de plus en plus fort, qui s’explique par la multiplication des banques internationales nouvellement positionnées sur le marché français, élargissant ainsi le spectre des émetteurs et la capacité d’innovation sur ces produits.
De nouveaux acteurs émergent également…
L’arrivée des courtiers, comme Irbis, ayant pour rôle de centraliser les offres à destination des CGP et banques privées, a permis de normaliser ces solutions, de développer cette classe d’actifs auprès des épargnants et de diversifier le risque des banques émettrices. Enfin, la récente hausse des taux a permis le retour des produits structurés à capital garanti, ces derniers resteront attractifs malgré la légère baisse de taux à venir. C’est un placement qui a toute sa place dans un portefeuille prudent. Ils peuvent être utilisés pour tout type de profil et sur toutes les thématiques.
Comment expliquez-vous la surperformance de cette classe d’actifs ?
Ces produits ont la particularité de générer un rendement dans des contextes de marché inexploitables par les UC actions ou obligataires traditionnels, grâce à un cadre d’investissement qui leur est propre. Notre conseil est de les utiliser comme solution de diversification, pour une performance décorrélée du reste de l’allocation globale. Point important, leur fenêtre de commercialisation est entre un et trois mois, donc la notion de timing est certes importante mais non décisive.
Comment bien utiliser les produits structurés ?
Nous sommes persuadés qu’il faut avant tout bien déterminer le profil de risque du client. Une fois la poche d’investissement définie, la construction de l’allocation et le choix des sous-jacents débutent. Notre conseil est de ne pas tout miser sur le rendement mais de jouer également la carte de la préservation du capital ou l’augmentation des chances de bénéficier de coupons en cours de vie. Nous assurons à nos partenaires, et donc indirectement au client final, une très bonne diversification du risque émetteur. Il est important d’avoir une bonne diversification du risque émetteur puisque ces produits supportent également un risque de crédit.
Quelle est la différence entre les produits Phoenix et Athena ?
Les produits structurés de type Athena sont plutôt destinés à des épargnants n’ayant pas besoin de revenus complémentaires et ayant la capacité de bloquer une partie de leur patrimoine sur une période définie. Ces investisseurs vont miser sur la stabilité ou la baisse modérée des marchés dans le temps. La grande vertu de cette solution est que l’attente est rémunérée : si le client est investi un an, il a un an de rendement ; s’il reste trois ans, c’est trois ans de rendements, etc. C’est ce que nous appelons "l’effet mémoire", qui séduit de nombreux particuliers.
"Les clients ont besoin d’innovation dans leur épargne."
La deuxième famille très connue est le Phoenix, qui vient cristalliser immédiatement le versement d’intérêts de façon périodique. Cette stratégie s’inscrit dans une logique de complément de revenus, que nous pouvons qualifier de défensive, avec un rendement global légèrement moindre que les produits Athena.
Cette classe d’actifs est-elle compatible avec l’ISR ?
La seule déception à ce sujet, ce sont les indices ESG lancés post-Covid, dont les performances étaient un peu décevantes. Selon moi, le vrai moyen d’intégrer la finance responsable à travers un produit structuré est de le faire par son véhicule d’émission. Les socialbonds et greenbonds, auxquels nous croyons beaucoup, viennent engager l’émetteur sur des projets durables ou ESG.
Comment voyez-vous l’avenir de cette classe d’actifs ?
Je pense que les produits structurés vont durablement s’installer au sein des allocations, peu importe l’environnement économique. Les clients ont besoin d’innovation dans leur épargne, et ces solutions permettent d’aller chercher des thématiques différentes, avec un cadre d’investissement sécurisé. La grande force de cette classe d’actifs est son adaptabilité aux différents contextes de marché.
La complexité de ces produits peut-elle être un frein à l’investissement ?
Ces solutions nous amènent effectivement à faire beaucoup de pédagogie auprès de nos partenaires. Dans certains cas, lorsque les marchés sont compliqués, il faut pouvoir expliquer à l’investisseur pourquoi son produit est en moins-value et comment est- ce qu’il générera de la performance à moyen/long terme. Nous avons créé une plateforme de suivi pour permettre à l’ensemble des distributeurs de comparer les stratégies entre elles et de donner un suivi parfait sur les événements de leurs placements.
Propos recueillis par Marine Fleury