La démocratisation du non coté représente une évolution majeure dans le paysage financier, ouvrant les portes de cette classe d’actifs, autrefois réservée aux initiés, à une clientèle d’investisseurs individuels. Moonfare, plateforme d’investissement en private equity, s’est révélée être un acteur incontournable sur ce segment.
Karim Boussetta (Moonfare) : "Le private equity encourage les petites entreprises à croître"
Décideurs. Pouvez-vous présenter Moonfare ?
Karim Boussetta. Moonfare est une plateforme numérique permettant aux clients particuliers et institutionnels d’investir au sein de solutions de private equity de premier ordre, à partir de 50 000 euros en fonds de portefeuille et 100 000 euros en direct.
Quelle était l’idée de départ ?
Notre ambition première était de baisser le ticket d’entrée, historiquement haut, sur les stratégies non cotées, entre 10 et 15 millions d’euros.
Sous quelles formes permettez-vous cet investissement ?
Tous nos produits sont sous forme de SCSP luxembourgeoises, ce qui nous différencie des autres plateformes. Les clients peuvent investir soit en personne physique, morale ou via une assurance-vie luxembourgeoise.
Comment expliquez-vous le succès de Moonfare ?
Nous avons plus de 4 000 clients sur la plateforme pour un total de 3 milliards d’euros d’encours. Nous sommes le premier acteur sur le marché à avoir lancé la démocratisation du private equity en 2016 par une équipe d’experts financiers, et avec une présence mondiale. Nous possédons huit bureaux et sommes présents dans 25 pays.
Comment sélectionnez-vous les fonds mis à disposition sur la plateforme ?
Notre pôle, constitué de 15 personnes, se consacre entièrement à la sélection de fonds. Elles échangent régulièrement avec les gérants sur la composition de leurs équipes, la consolidation et l’historique de leurs produits, les critères ESG, etc.
N’est-il pas trop risqué d’ouvrir les portes du non coté à une clientèle plus large ?
Moonfare ne s’adresse qu’aux investisseurs professionnels pour l’instant, avec un niveau de connaissance leur permettant de comprendre les tenants et aboutissants de cette classe d’actifs. Nous travaillons aussi avec des family offices, CGPs et banques privées. Cependant, le risque se porte surtout sur l’illiquidité et nous faisons, à ce titre, beaucoup de pédagogie. De plus, la réglementation ne nous autorise pas à proposer ce type de placement à des profils qui ne comprennent pas cette industrie financière.
Quelles sont vos ambitions pour Moonfare ?
En 2023, la France est le pays chez Moonfare qui a connu la plus forte croissance. Les investisseurs nous identifient comme un acteur de référence sur ce marché. À terme, nous souhaitons devenir plus qu’une plateforme, presque un asset manager. Nous venons d’ailleurs de clôturer notre fonds de co-investissement collectant 58 millions d’euros.
Le non coté va-t-il devenir incontournable ?
Les grands fonds sont là pour rester, mais de nombreux petits fonds ont surperformé ces dernières années, lié au contexte de marché, et je pense que l’avenir fera le tri entre les très bons et les moins bons. Ceci étant dit, cette classe d’actifs encourage les petites entreprises à croître, fil rouge de l’économie, ce qui me fait penser que le non coté va perdurer, chez les institutionnels comme les particuliers.
Propos recueillis par Marine Fleury