L’allocation d’actifs stratégique est la clé de voûte de l’organisation d’un patrimoine financier. Elle tire ses conclusions d’un travail approfondi avec le client pour aligner le profil de risque du portefeuille en cohérence avec ses objectifs de performance sur un horizon d’investissement déterminé. Se pose alors rapidement la question de l’internationalisation des actifs. 
Le rôle d’un multi-family office est de fournir un accompagne- ment patrimonial, juridique et fiscal à ses clients mais également de les accompagner dans la définition puis l’implémentation de leur allocation stratégique d’actifs globale. Cette allocation d’actifs à long terme nécessite d’optimiser la construction d’un portefeuille d’actifs cotés (obligations et actions) et non cotés (dette privée, capital-investissement, immobilier), en tenant compte des contraintes de risque et des objectifs de rendement propres à chaque client. Une allocation d’actifs globale robuste et optimale s’appuie sur une diversification et une inter- nationalisation des portefeuilles.
 
Internationalisation d'un portefeuille d'actions cotées 
Investir dans un portefeuille d’actions françaises de grandes capitalisations offre aujourd’hui une bonne exposition inter- nationale indirecte du fait qu’une part importante de leur chiffre d’affaires est réalisée en dehors de France. Si nous pre- nons comme référence l’indice CAC 40 par exemple, 77 % du chiffre d’affaires total des sociétés qui composent l’in- dice est réalisé hors de France (chiffres à fin 2021 – hors banques, assurances et foncières). Si nous regardons par ail- leurs l’évolution de la part du chiffre d’affaires à l’international au cours des quinze dernières années, nous constatons la forte baisse du chiffre d’affaires provenant de l’Europe (72 % en 2006 et 51 % en 2021) au profit de la zone Amérique et de l’Asie/Moyen-Orient. La part du chiffre d’affaires dans la zone Amérique ainsi que celui en Asie a ainsi doublé depuis 2006, et nous pouvons d’ailleurs en conclure que c’est grâce à leur dynamisme à l’international que les entreprises du CAC 40 réalisent leur croissance. 

 

Afin d’assurer une diversification efficiente, il est nécessaire d’investir à l’international

Les sociétés qui composent le CAC 40 permettent d’obtenir une exposition internationale, mais satisfont-elles aux autres critères de diversification, en particulier sectoriels ? Rappelons tout d’abord que le CAC 40, comme la plupart des indices représentatifs des marchés actions cotées, est construit en calculant la moyenne arithmétique des différentes capitalisations boursières flottantes. Dès lors, plus un secteur (ou une société spécifique) performe, plus son poids dans l’indice augmente, au détriment potentiel de la diversification. Ainsi à fin 2023, deux secteurs pèsent pour plus de la moitié de l’indice : le secteur des biens de consommation (y compris le secteur du luxe) et les valeurs industrielles. Aussi, trois sociétés pèsent pour plus de 30 % dans la pondération de l’indice CAC 40 à fin 2023 (LVMH, L’Oréal et TotalEnergies).
Afin d’assurer une diversification efficiente, il est donc nécessaire d’investir sur plusieurs marchés pour s’exposer à différents secteurs par exemple. Prenons le S&P 500 : la capitalisation médiane de cet indice est équivalente à celle du CAC 40 (29 milliards de dollars pour la capitalisation médiane du S&P 500, et 30 milliards d’euros pour le CAC 40) mais son exposition sectorielle est très différente. Le secteur de la technologie compte pour plus de 30 % du S&P 500 (versus moins de 5 % pour le CAC 40) et le second secteur est la finance, pe- sant 13 % de l’indice S&P 500 (9 % pour le CAC 40). Notons d’ailleurs que depuis vingt ans, la dynamique des résultats a été nettement plus favorable pour les entreprises américaines comparativement aux entre- prises européennes. Si on compare les résultats du S&P 500 par rapport à ceux de l’Euro Stoxx 50 depuis 2005, les bé- néfices par action attendus à douze mois ont progressé deux fois plus vite aux États-Unis. En base 100 en 2005, les bénéfices attendus ressortent à 300 pour le S&P 500 versus 140 pour l’Euro Stoxx 50 à fin 2022.
 
Actions : les limites de la diversification 
Le MSCI World composé pour quasi- ment 70 % de titres américains pourrait apparaître très diversifié. Pourtant, il comporte un biais technologique marqué ainsi qu’une forte concentration sur les plus importantes valeurs. Ainsi, les cinq plus grosses capitalisa- tions américaines (Apple, Microsoft, Amazon, Nvidia, Alphabet) représentent à elles seules 15 % de l’indice MSCI World, soit plus que les 230 sociétés européennes composant ce même indice. Il ne suffit donc pas de s’exposer aux marchés internationaux via une gestion passive répliquant un indice de marché international, mais il convient également de s’exposer au marché avec des gérants actifs ayant la capacité de s’écarter des indices.
 
Diversifier un portefeuille en intégrant des actifs non cotés
L’investissement en actifs non cotés offre aux investisseurs une opportu- nité d’améliorer le couple rendement/ risque de leur portefeuille avec des in- vestissements généralement peu corrélés aux autres classes d’actifs. Ceci permet ainsi de réduire la volatilité globale du portefeuille tout en améliorant le potentiel de performance sur longue période. Les fonds de capi- tal-investissement sont selon nous un actif incontournable d’un portefeuille diversifié investi sur le long terme. Le cœur de métier des fonds de capital investissement consiste à sélectionner des entreprises à fort potentiel de croissance ou de transformation, puis à les accompagner dans leur stratégie de développement, très souvent à l’international. Le gérant de capital-investissement joue un rôle important dans l’accompagnement des équipes d’entrepreneurs, dans la réflexion sur la stratégie, l’organisation et l’amélio- ration opérationnelle de l’entreprise. La construction d’un portefeuille de fonds de capital-investissement néces- site de porter une attention particulière à la diversification par stades de déve- loppement (capital-innovation, capi- tal-développement, capital-transmission), par allocation géographique, par sociétés de gestion et par millésimes (c’est-à-dire par années de levée des fonds et donc par périodes d’investissement différentes). De même que pour les investissements en actions cotées, au-delà de l’investissement dans des so- ciétés non cotées françaises, voire européennes, il est nécessaire de réfléchir à mieux diversifier son allocation en capi- tal investissement en s’exposant au mar- ché américain, plus profond et plus développé que les marchés européens. Les actifs gérés en capital investissement avec comme zone de focus principale les États-Unis pèsent pour environ les deux tiers des actifs totaux investis. C’est donc bien une zone d’investissement incontournable pour un investisseur souhaitant s’exposer à la classe d’actifs actions non cotées. 
 

Sur les auteurs
Inkipit Finance conseille les entrepreneurs et les investisseurs privés sur les problématiques patrimoniales et financières liées à la gestion de leur patrimoine. Arnaud Perrier et Jérôme Samuel, spécialistes de l’investissement financier et industriel, ont exercé pendant vingt ans au sein de banques d’investissement et de sociétés de gestion d’actifs de premier plan avant de fonder Inkipit Finance

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