Acteur de référence de l’investissement durable en non coté, SWEN Capital Partners a annoncé le closing final de son second fonds d’impact européen, Blue Ocean, à hauteur de 170 millions d’euros en 2023. Lancé en partenariat scientifique avec l’Ifremer afin de soutenir de jeunes entreprises consacrées à la régénération de l’océan, Blue Ocean dépasse ainsi son objectif initial : lever 120 millions d’euros.

Décideurs. Pourquoi avoir choisi le thème de l’océan pour ce fonds ?

Christian Lim et Olivier Raybaud. Trésor de biodiversité, l’océan est l’un des poumons de notre planète – il produit 50 % de l’oxygène présent sur Terre – et joue un rôle crucial dans la régulation du climat. Il contribue notamment à atténuer le changement climatique, ayant déjà absorbé 93 % de l’excès de chaleur produit par les activités humaines. Sans mesures d’urgence pour restaurer l’écosystème marin fortement menacé, ce sont les fondements mêmes de la vie sur Terre qui sont remis en question. Par ailleurs, les pertes pour l’économie mondiale dues à la pénurie de produits de la mer et à la montée du niveau des eaux sont estimées à 400 milliards de dollars par an d’ici à 2050.

Conscient qu’en l’absence de mesures d’urgence pour régénérer l’écosystème marin l’existence même de la vie sur Terre se trouve menacée, SWEN Capital Partners a choisi de développer cette stratégie de gestion afin de participer directement au financement de projets et de technologies innovantes en faveur de l’océan. Le dépassement des objectifs initiaux du fonds témoigne du fort intérêt et de l’engagement croissant des investisseurs pour ces enjeux cruciaux.

Par ailleurs, consommateurs et électeurs étant de plus en plus sensibilisés aux défis océaniques, les possibilités de développement du marché sont considérables. En conséquence, les entreprises et les gouvernements se sont engagés dans la transformation d’industries entières, telles que celles des produits de la mer – un marché évalué à 400 milliards de dollars –, des emballages plastiques – marché valant 348 milliards de dollars – et à promouvoir l’énergie marine – un secteur estimé à 100 milliards de dollars. Les start-up jouent un rôle majeur dans cette transformation en créant de nouveaux modèles, en améliorant l’efficacité de la production et en capturant une valeur substantielle.

Quelle est votre stratégie d’investissement ?

L’objectif du fonds, qui est classifié article 9 au titre du Règlement européen « Sustainable finance disclosure regulation », est de générer à la fois un impact systémique – en cohérence avec l’objectif de développement durable n° 14 des Nations Unies – et des retours sur investissement compétitifs. La stratégie se concentrera sur les solutions à même de lutter contre les grandes menaces pesant sur le monde marin – la surpêche, les pollutions de l’océan et le changement climatique – pour transformer des marchés en forte croissance, vecteurs d’emplois, tels que l’aquaculture ou la décarbonation du transport maritime.

L’équipe est chargée d’investir dans environ vingt start-up, principalement en Europe, capables d’innovations technologiques et dont la traction de marché a été prouvée. Le fonds a déjà réalisé quatorze investissements, essentiellement en série A.

À quels critères doivent répondre ces sociétés ?

L’alignement entre impact systémique pour la régénération de l’océan et performance financière de marché compétitive est la première condition. Deux caractéristiques distinctives du fonds Blue Ocean rendent possible l’alignement entre impact et performance financière. Tout d’abord, nous avons développé une méthodologie d’impact spécifique pour Blue Ocean. Celle-ci comprend un comité qui évalue la thèse d’impact de chaque investissement. Ses membres sont des spécialistes de la préservation des océans, reconnus et indépendants : François Simard, ancien directeur chargé des programmes marins mondiaux et des pêches à l’UICN ; Brad Ack, directeur exécutif d’Ocean Visions et ancien vice-président de WWF USA en charge des océans ; et Andreas Merkl, ancien président de Ocean Conservancy. Blue Ocean bénéficie également des connaissances de pointe de l’Ifremer pour aider à valider la science derrière les start-up soutenues.

Quelle clientèle ce fonds vise-t-il ?

Il s’adresse à une clientèle professionnelle. Blue Ocean a été souscrit par un large panel d’investisseurs institutionnels en France – dont Bpifrance – et à l’international : fonds de pension, compagnies d’assurances, banques… Une catégorie d’investisseurs inédite dans le domaine de l’océan. Le fonds attire des investisseurs de référence, divers investisseurs européens – Autriche, Belgique, pays nordiques... – et américains, ce qui confirme la pertinence mondiale de la thématique.

Quelle est la thèse d’impact de ce fonds et quel est son impact sur la nature ?

SWEN Blue Ocean adopte une stratégie d’impact direct, en investissant dans des innovations qui aident à régénérer la santé des océans, contribuant ainsi à atteindre l’ODD 14 des Nations Unies. Le cadre d’impact repose sur la doctrine globale de SWEN Capital Partners : établissement et validation d’une thèse d’impact ; mesure de l’impact ; alignement entre impact et rendement.

Les équipes d’investissement et celle dévolue à l’ESG et à l’impact élaborent une thèse d’impact pour chaque possibilité d’investissement, basée sur une analyse à 360°, cartographiant les effets sur l’océan, positifs comme négatifs, ainsi que les conséquences sociales et environnementales au-delà de l’écosystème océanique. Tous les investissements du fonds doivent avoir au moins une incidence neutre ou bénéfique sur le monde marin, donner naissance à des perspectives positives et ne causer aucun dommage significatif – principe du DNSH, « do no significant harm » – au-delà de leurs répercussions sur l’océan.

La politique du fonds est alignée sur celle de SWEN Capital Partners : plaçant la nature au centre de ses préoccupations, elle repose sur la conviction que les enjeux climatiques et de biodiversité sont indissociables et doivent être abordés conjointement. Ainsi le fonds s’engage à adopter une approche globale, en reconnaissant que le climat, les écosystèmes et toutes les espèces, y compris l’humanité, forment un système unique. Cette politique se structure autour de trois piliers : adhérer aux cadres internationaux et aux objectifs de biodiversité et de climat pour 2030 et 2050 ; intégrer les enjeux naturels dans toutes les décisions d’investissement pour régénérer les écosystèmes ; aider les parties prenantes à intégrer ces enjeux dans leurs activités en les formant et en soutenant leurs initiatives.

Quelles sont les prochaines étapes pour Blue Ocean ?

Conscients que les enjeux d’impact ayant motivé la création du fonds en 2021 restent d’actualité, et prévoyant d’avoir totalement alloué le fonds Blue Ocean en 2024, nous préparons le prochain chapitre, en revoyant à la hausse nos ambitions, tout en conservant la même stratégie. Nous sommes ravis d’accueillir de nouveaux partenaires en cette phase d’expansion de SWEN Blue Ocean.

 

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