Stephen Leguillon est CEO et cofondateur de l’assurtech Seyna qui figure pour la deuxième année consécutive dans la promotion du Frenchtech120. Le serial entrepreneur revient sur les recettes du succès de la scale-up, dans un secteur assurantiel en pleine mutation.

Décideurs. Vous aviez créé d’autres sociétés avant Seyna, en quoi cette aventure entrepreneuriale est-elle différente ? 

Stephen Leguillon. J’ai fondé ma première société Appetise.com alors que j’étais encore étudiant, puis deux autres sur une dizaine d’années, toutes appartenaient au secteur de la restauration. Après la vente de GoCater en 2018 au leader américain, j’ai considéré que j’avais assez travaillé dans le secteur. La rencontre avec Jean Nicolini, cofondateur de Seyna m’a ouvert les yeux sur une nouvelle activité et convaincu de rejoindre ce nouveau projet. Le secteur de l’assurance est particulièrement intéressant, car il suppose de relever des défis technologiques immenses dans plusieurs pays. Cette industrie est mondiale et les solutions que l’on peut apporter doivent l’être également.

Quelles sont les difficultés du secteur de l’assurance actuellement ?

L’assurance concerne aussi bien la société que l’économie : le secteur représente près de 6% du PIB mondial, avec 6 000 milliards dollars de primes collectées. En plus d’être très encadrée, l’industrie est difficile à disrupter, il faut faire avec les acteurs existants. Aujourd’hui, l'assurance doit s’adapter aux grandes transformations du monde entre la digitalisation, notamment la capacité à construire en temps réel des programmes d’assurance pour des publics de plus en plus ciblés, l’émergence de nouveaux risques qui deviennent systémiques comme le climat et le cyber, et la réponse à la problématique des marges qui se réduisent, en apportant des solutions de suivi et d’automatisation.

" Le secteur de la santé par exemple, fait face au désengagement de la sécurité sociale, à l’augmentation des charges et sinistres, à l’inflation, et en parallèle, à une demande croissante des Français"

En quoi Seyna propose-t-il une réponse à ces difficultés structurelles ?

Nous avons choisi d’équiper tous les acteurs de l’assurance, des courtiers, aux assureurs en passant par les réassureurs. Nous sommes nous-mêmes agrémentés par l’ACPR, ce qui nous permet de concevoir nos propres programmes  et de répondre aux courtiers sans limite de capacité. Le secteur de la santé par exemple, fait face au désengagement de la sécurité sociale, à l’augmentation des charges et sinistres, à l’inflation, et en parallèle, à une demande croissante des Français en matière d’assurance santé. Un fossé se creuse. Depuis décembre 2022, nous avons l’agrément " santé ", ce qui nous permet de contribuer à ce que les assureurs puissent continuer de porter du risque santé, c’est un levier de croissance important pour nous.

Pourquoi avoir choisi de publier vos résultats, ce qui est rare dans l’industrie ?

C’est un gage de transparence et de confiance à destination de tout l’écosystème. Nous sommes d’ailleurs convaincus que l’un des défis à relever par l’industrie est la transparence des données et le prix des assurances. Par ailleurs, les résultats sont très bons, depuis 2021, nous avons multiplié le chiffre d’affaires par quatre et en 2023 il a augmenté de 55 %. Notre ambition est de nous développer à l’international car il y a la place pour un leader européen dans ce secteur. Notre modèle fonctionne et pour atteindre nos objectifs, il nous faut changer d’échelle. C’est ce que nous avons entrepris en accompagnant pour la première fois des partenaires en Allemagne, Espagne et en Pologne. Une liste qui va continuer à s’agrandir.

Propos recueillis par Céline Toni

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