Caroline Landré est directrice administrative et financière de la plateforme de recrutement Welcome to the jungle. Après huit années côté banque d’affaires chez Clipperton Finance, elle décide de passer de l’autre côté du miroir, côté entreprise. Elle revient sur les raisons de ce choix et le futur de la profession de DAF.

Décideurs. Pouvez-vous revenir sur votre parcours?

Caroline Landré. J’ai commencé ma carrière en 2010 dans des fonctions stratégiques en tant que business analyst chez Apple à Londres. Par la suite, j’ai souhaité rester dans la tech et me rapprocher de l’univers des start-up où j’avais le sentiment que je pourrais créer de la valeur plus concrètement qu’au sein des GAFA. Mon choix s’est porté vers la banque d’affaires. J’ai donc passé huit années chez Clipperton Finance, une banque à taille humaine spécialisée dans les levées de fonds et les fusions-acquisitions dans le secteur technologique. J’ai ensuite rejoint en tant que DAF un de mes anciens clients, Welcome to the Jungle, après les avoir conseillés sur leurs deux premières levées de fonds. Aujourd’hui, je m’occupe notamment de la communication financière, des opérations de financement et de croissance externes, de la structuration de la comptabilité, du contrôle de gestion et du planning financier.

Qu’est-ce qui vous a poussé vers la fonction finance ?

Je me suis dirigée vers l’univers de la banque d’affaires pour le challenge intellectuel, mon intérêt pour les chiffres et la stratégie, et aussi afin d’approcher une grande diversité de modèles économiques. Après avoir conseillé de nombreux dirigeants et CFOs côté banque d’affaires, j’ai eu besoin de créer de la valeur sur le long terme au sein d’une entreprise tech. De fait, la fonction finance était la porte d’entrée la plus logique pour apporter de la valeur ajoutée concrète après mon expérience. C’est une fonction pivot, au cœur de la prise de décision et avec des interactions avec l’ensemble des départements de l’entreprise.

Quel a été le moment le plus marquant de votre carrière ?

Lorsque j’ai piloté pour la première fois une opération de levée de fonds pour Welcome to the jungle. J’en avais géré un certain nombre en banque d’affaires huit années durant mais cette intensité vécue de l’intérieur est totalement différente. Le succès de cette transaction a eu une saveur plus prononcée. Les enjeux étaient colossaux avec 50 millions d’euros de levée pour développer notre croissance en Europe et aux États-Unis.

Quelles sont les qualités indispensables à un DAF en 2024 selon vous ?

Un DAF doit avoir une vision business et opérationnelle fine. Il est crucial de se positionner comme un réel partenaire des autres fonctions, afin de leur donner les clés financières pour les aider à prendre les bonnes décisions stratégiques. Par ailleurs, au sein d’une start-up il faut savoir prendre des risques, s’adapter au contexte mouvant, faire preuve de flexibilité tout en gardant une vision claire des résultats à atteindre.

 "Le DAF doit se positionner comme un réel partenaire des autres fonctions pour les aider à prendre les bonnes décisions stratégiques"

Comment voyez-vous le futur de la profession ?

La technologie va continuer de transformer le métier. Je pense à la fois à l’automatisation et à l’IA qui vont jouer un rôle central dans la direction financière, permettant aux DAF de se concentrer davantage sur des sujets de fond. Nous serons amenés à participer activement à la définition de la vision et des orientations de l’entreprise, à devenir des partenaires clés de la direction générale et à jouer un rôle de premier plan dans la croissance et l’innovation. L’extra-financier prendra de plus en plus de place.

Comment parvenez-vous à garder un équilibre entre vie professionnelle et vie privée ?

Je pratique l’escalade en salle. C’est un sport qui me permet de faire le vide, de me recentrer sur moi-même et de rester focus sur le moment présent pour trouver les bons appuis. C’est une façon de s’évader pour revenir de plus bel au travail. Enfin, je mets aussi au premier plan ma famille et mes amis, c’est ce qui m’apporte cet équilibre indispensable pour exercer mon métier.

🔎 Parcours : 

  • 2010 : obtient son master Business & Manager au sein de HEC Paris
  •  2010-2012 : devient business analyst chez Apple
  •  2010-2020  : rejoint Clipperton Finance en tant qu’analyste avant d'accéder au poste de Director
  •  2020 : devient directrice administrative et financière chez Welcome to the Jungle

Propos recueillis par Laura Guetta Dray