Quoiqu’il advienne, les années 2020-2021 s’inscriront dans l’histoire comme riches en avancées technologiques. La pandémie de Covid-19 y est pour beaucoup, et a poussé le monde scientifique à mettre au point un vaccin commercialisé en moins d’un an. Un temps record. Fondé sur l’ARN messager, ce vaccin d’avenir, en plus d’être capable d’éradiquer l’épidémie pourrait représenter une révolution mondiale dans le secteur de la thérapie génique.

Pour espérer un retour à la vie "normale", et la levée de l’obligation du port du masque dans tous les lieux clos, il faudrait que 90 % des adultes en France soient vaccinés contre la Covid-19 d’ici la rentrée scolaire 2021, soit 40 millions de français. C’est ce qu’annonce une étude menée par les chercheurs de l’institut Pasteur, Santé publique France et la Haute Autorité de Santé (HAS). Un cadre dans lequel la vaccination des enfants s’inscrit aussi au cœur du débat. La même étude évoque la possibilité de vacciner ce public s’il est avéré que le vaccin soit sûr et efficace et qu’il assure l’immunité des plus jeunes, ce qui est le cas.

Depuis le 15 juin 2021, la campagne vaccinale est ouverte aux jeunes de 12-17 ans sous autorisation parentale. Cette décision permet d'envisager raisonnablement le relâchement complet de l’ensemble des mesures de contrôle d’ici la fin de l’année.

L’ARNm gagne la confiance des patients

Corollaire de l’abandon des restrictions sanitaires, la vaccination est la seule solution. D’abord pointé du doigt au milieu de la pandémie, ce vaccin innovant qui utilise de l’information génétique semble gagner la confiance des patients. Selon le communiqué de presse du ministère des Solidarités et de la Santé, la campagne vaccinale lancée en décembre 2020 a permis, depuis mi-juin, d’administrer la première dose de vaccin à plus de 30 millions de Français. Quant à la deuxième dose, qui améliore sur le long terme le taux d’efficacité vaccinale passant de 92 à 95 %, celle-ci a été administrée à plus de 14 millions de Français à cette même date.

Une technologie éprouvée

Loin d’être le fruit du hasard, le vaccin à ARN messager est en fait le résultat de plus de quarante années de recherche depuis que le principe de l’ARNm a été découvert en 1961. Ce qui valut, on l’a oublié, à Jacques Monod, François Jacob et leurs collaborateurs de l’Institut Pasteur, le prix Nobel en 1965. Plus simple à mettre en œuvre qu’un vaccin classique, c’est à partir des recherches sur les cancers que la technologie du vaccin à ARN messager a pu être appliquée aux coronavirus et plus particulièrement au Covid-19.

L’idée est de laisser nos cellules fabriquer elles-mêmes le composant contre lequel notre organisme va apprendre à se défendre

L’idée est de laisser nos cellules fabriquer elles-mêmes le composant contre lequel notre organisme va apprendre à se défendre. L’ARN messager ou ARNm pour Acide ribonucléique messager est en réalité une copie transitoire de la partie de l'ADN contenant les instructions d'assemblage d'une protéine, c'est-à-dire son gène ; sachant qu’à un gène donné correspond en général une protéine, et ce, pour permettre la synthèse des protéines nécessaires au bon fonctionnement de nos cellules. Le défaut ? Très instable et fragile, cette copie se détruit très rapidement, d’où les conditions de conservation à très basse température.

Issu des méthodes de thérapie génique, ce vaccin pourrait aussi être, dans les prochaines années, une solution pour lutter contre les maladies génétiques. Rappelons qu’avant la commercialisation de ce vaccin contre la Covid-19, cette technologie avait déjà été employée. Glybera a ainsi été la première thérapie génique autorisée en Europe dans le but de traiter la déficience en lipoprotéine lipase, une inflammation rare du pancréas d’origine génétique, dépourvue de traitement jusque-là et potentiellement mortelle. Dans le cas de la lutte contre le cancer, c’est la FDA (Food and Drug Administration) qui approuvait aux États-Unis en 2017, la mise sur le marché du premier traitement incluant une étape de thérapie génique visant à lutter contre la leucémie ; le traitement proposé par Novartis et baptisé Kymriah permet la « réinitialisation » de l’ensemble du système immunitaire.

Un remède potentiel contre le cancer

Comme on l’imagine, cette innovation technologique a de beaux jours devant elle et pourrait, dans les années à venir, fournir des réponses enthousiasmantes en matière de remède contre le cancer. En plus d’être révolutionnaire, cette méthode pourrait aussi être envisagée pour le traitement de bien d’autres pathologies, dont le VIH ou le paludisme, pour lesquelles le système immunitaire a besoin d’être stimulé. En outre, beaucoup estiment que le SARS-CoV-2 n’est en aucun cas le dernier virus contre lequel l’humanité aura à combattre. Avec le réchauffement climatique, la fonte des glaces du permafrost pourrait libérer des virus inconnus et mettre en danger l’humanité, elle-même. D’autres épidémies mondiales seront à prévoir.

Jean-Louis Bore

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