Le gérant de Tikehau Investment Management demeure très dubitatif sur l’opportunité d’investir sur le marché des obligations convertibles. Le prix de ces titres lui paraît, en effet, bien trop élevé. Il souligne ainsi que « les valorisations sont aujourd’hui très loin des planchers obligataires censés protéger les investisseurs. Cet univers étant très restreint, la forte demande des derniers mois a fait monter les prix de manière très importante. »

Décideurs. Le contexte monétaire est-il encore favorable à l’investissement sur des obligations d’État ?

Jean-Marc Delfieux. Il est difficile de répondre à cette question dans la mesure où l’évolution des taux d’intérêt est clairement influencée par des forces extérieures. Le quantitative easing déforme tous les réflexes de valorisation des classes d’actifs. Toujours est-il que si l’inflation reste au niveau d’aujourd’hui, les taux pourraient encore baisser. À l’inverse, une accélération de la croissance aurait des conséquences négatives sur l’attractivité des obligations d’État. Les obligations d’Etats sont du risque sans rendement. Nous préférons les marchés des CoCos et du Haut Rendement européens : il y a du risque, borné, et du rendement.

 

Décideurs. La création de valeur sur les marchés obligataires passe-t-elle nécessairement par les titres à haut rendement émis par des entreprises notées BB ou B ?

J.-M. D. Le marché du high yield nous semble relativement bien pricé eu égard à son niveau de risque. Les opportunités d’investissement y sont encore nombreuses. C’est le cas de Kaufman 7% 2019 et de la CoCo BNP 6.125 Perpétuelle call 2022, qui donnent des rendements de 5.36% et 5.6% respectivement.

Pour les déceler, les sociétés de gestion doivent se doter d’une recherche crédit très pointue, sinon gare aux mauvaises surprises. Contrairement à la période que nous avons connue en 2009/2010, le risque de défaut de paiement est réel. L’exemple du spécialiste espagnol des énergies renouvelables, Abengoa est là pour nous le rappeler.

 

Décideurs. À l’instar de BNP Paribas qui a mis en place ses premiers emprunts dits « CoCos », les banques ont été très actives sur ce segment. Une dynamique qui n’est pas sans intérêt pour les investisseurs.

J.-M. D. Les obligations contingentes convertibles (CoCos) émises par les banques européennes, telles que la BNP ou le Crédit agricole, offrent un rendement annuel entre 5,5 et 8 %. Ces titres proposent un très bon équilibre entre un rendement attractif et un risque maîtrisé.

 

Propos recueillis par Aurélien Florin

Retrouvez la suite de cet entretien dans l'édition 2016 du supplément « gestion de patrimoine & gestion d'actifs » du magazine décideurs

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