En juin, le quinquagénaire issu du groupe en prendra la direction générale, tandis que l’actuel PDG, Benoît Potier, est appelé à conserver la présidence. Une succession tout en douceur et discrétion pour cette entreprise aux airs quasi familiaux.

En juin, Air Liquide accueillera un nouveau directeur général, le sixième en 120 ans d’existence. Enfin, accueillir est un bien grand mot puisque François Jackow est un homme de la maison, lui qui œuvre au sein du groupe de chimie depuis 1993, et dont la nomination ne semblait faire guère de doute depuis quelques temps déjà. Une montée dans la hiérarchie à l’image d’Air Liquide. Car, si elle trône fièrement au sein du CAC40, la société a des airs de discrète entreprise familiale, tant sa gouvernance est stable et offre de la prévisibilité aux marchés.

Beau bilan

L’actuel PDG la dirige depuis vingt ans et la préside depuis quinze. Il laisse à son successeur un groupe en pleine forme. Pour son dernier exercice, Benoît Potier n’a pas démérité. Le chiffre d’affaires annuel du chimiste atteint les 23,34 milliards d’euros, en hausse de 8,2 % à données comparables. Tandis que son résultat net récurrent a progressé sur un an de 9,9% à 2,57 milliards d'euros. Depuis 2001, le cours de Bourse a pris près de 400 %, faisant d’Air Liquide une valeur sûre pour les investisseurs en quête de revenus stables. D’autant que les dividendes sont au rendez-vous. Lors de la prochaine assemblée générale, le PDG proposera un versement de 2,90 euros par action au titre de l'exercice 2021, après 2,75 euros par titre pour 2020.

Depuis 2001, le cours de Bourse d'Air Liquide a pris près de 400%

Au-delà des chiffres, Benoît Potier va céder les rênes opérationnelles alors que le groupe est bien positionné sur les marchés d’avenir. On pense notamment à l’hydrogène, incontournable pour mener à bien la transition écologique, sur laquelle Air Liquide se pose en pionnier. Les ventes en la matière représentent 1,2 million de tonnes par an pour un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros. Mais il faudra résister à la concurrence. "L'avenir montrera qu'on ne peut pas s'improviser acteur dans ce domaine, estime néanmoins Benoît Potier. Air Liquide sera dans le peloton de tête quoi qu'il arrive."

Un tandem qui se connaît bien

Nul doute que l’ancien PDG sera là pour y veiller en tant que président. "Afin de continuer à bénéficier de l’expérience de M. Benoît Potier et de sa connaissance approfondie du groupe et de ses enjeux stratégiques, certaines missions spécifiques lui seront confiées (…) qu’il exercera en étroite collaboration avec le nouveau directeur général", fait valoir le groupe. La relation entre les deux hommes est déjà bien établie.

C’est Benoît Potier qui a repéré François Jackow. Lorsque ce dernier entre chez Air Liquide, après des expériences aux États-Unis et aux Pays-Bas, il travail pour celui qui était alors DG. Ancien élève de l’École normale supérieure de Paris, titulaire d’un master en chimie décroché à Harvard et d’un MBA du Collège des ingénieurs, François Jackow est ensuite passé par de nombreux métiers et pays au sein du groupe : recherches et technologies, marketing, commercial, construction...

François Jackow était depuis 2014 en charge de la stratégie du groupe. Dans le cadre de ses fonctions, il a participé à l’élaboration du plan stratégique 2016-2020 Neos ainsi qu’à la méga-acquisition de l’américain Airgas pour 12,5 milliards d’euros en 2016. Directeur général adjoint, il supervise notamment les pôles Europe industries, Europe santé, et Afrique, Moyen-Orient, Inde. À ce titre, durant la pandémie, il s’est impliqué dans l’organisation de la production des respirateurs et d’oxygène. Ses expériences combinées à une transition tout en douceur avec Benoît Potier ne devraient pas effrayer les marchés.

Olivia Vignaud

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