Entre le sport de haut niveau et la finance, Aurélien Bettas-Régalin n’a pas choisi. Il mène de front ses deux "passions". D’ailleurs, quand on tape son nom sur Google, au-delà de son profil LinkedIn, c’est sur son profil Strava que l’on peut suivre ses activités sportives et ses performances. Parfaite illustration de sa "double vie".

Montagnard de naissance, il a grandi dans la commune des Orres, connue pour ses 100 kilomètres de pistes qu’il apprend à descendre en ski en même temps qu’il apprend à marcher. Dans les Hautes-Alpes, il attrape le virus de la compétition, en particulier pour le cyclisme et se lance dans un cursus sport études. C’est au moment des classes préparatoires que le montagnard doit lâcher la pédale. Priorité à sa carrière professionnelle. "Une fois arrivé en école, je pensais refaire du vélo mais j’ai découvert autre chose, la vie associative notamment avec la junior entreprise. Aujourd’hui encore, beaucoup de mes amis proches sont mes camarades de promotion", explique-t-il.

"Il faut toujours commencer par les bases: comprendre la comptabilité."

S’enchaînent alors les expériences et les stages, parfois hors des sentiers battus, lorsqu’il rejoint un fournisseur d’accès internet à Saint-Barth ou quand il part au Brésil lors de son programme d’échange. Pour son premier poste, il fait ses gammes chez Eight Advisory en transaction services : "Il faut toujours commencer par les bases: comprendre la comptabilité. Il faut apprendre à marcher avant de courir. Pour la finance, c’est pareil." Au bout de trois ans, il estime avoir atteint la fin d’un premier cycle, et commence à se questionner sur la suite. Conclusion? Il lui manque une expérience professionnelle significative à l'international. Il part alors comme "sherpa" du directeur général de Suez aux États-Unis. Il y travaille sur le projet d’intégration d’une acquisition mais aussi sur la refonte de l’ensemble des reportings d'une cinquantaine de filiales. Il enchaîne ensuite avec une expérience en private equity chez Abenex à Paris : "J’ai véritablement adoré mon passage en fonds d’investissement. C’est un métier très stimulant, qui vous permet de bénéficier d’une vision financière, stratégique, opérationnelle et business unique."

Et le sport dans tout ça? Il n’est jamais loin. "C’est ce qui m’a défini en tant que personne et en tant que professionnel. Je suis un passionné, carrément jusqu’au-boutiste." C’est notamment pour cela qu’il fait le choix de quitter Paris pour une ville lui permettant de pratiquer les sports de plein air. Car c’est au triathlon qu’il se consacre désormais au rythme hebdomadaire moyen d'environ 15 heures d’entraînement. "J’essaye de faire à minima une session par jour, parfois deux, tôt le matin, tard le soir, ou à la pause déjeuner pour la course et la natation. C’est une organisation, un véritable mode de vie pour être en mesure de concilier au mieux les deux projets."

"Il faut avoir une forme d’admiration pour les leaders avec lesquels on embarque."

Côté professionnel, il se met dans la roue de Pascal Houillon, au sein de Cegid, l’éditeur de solutions de gestion, basé à Lyon. "Dans tous mes jobs, il y a avant tout une histoire de personne. Il faut avoir une forme d’admiration pour les leaders avec lesquels on embarque. J’avais confiance dans les équipes et je ne serais jamais parti d’Abenex sans un projet concret de croissance. Avec Silver Lake et KKR au capital, deux fonds  leaders et très portés sur le M&A, toutes les conditions étaient réunies." Bonne pioche avec ce groupe qui réalise la moitié de sa croissance en externe et une trentaine d’acquisition sur les 4 dernières années.

Il cite comme exemple le rachat de l’éditeur espagnol de logiciels d’entreprises Primavera. Une opération qui permet au groupe de "changer de braquet" dans la péninsule ibérique. "C’était une opération très compétitive au niveau européen. J’en retiens la dynamique à la fois harassante et excitante qui nous a tenus en haleine jusqu’à la toute fin." Sans compter d’autres deals, plus improbables, dont celui qui commence par un simple échange sur LinkedIn avec une banque d’affaires espagnole. "Je crois à l’effet papillon", explique-t-il. Alors qu’il vient de souffler ses 34 bougies, il ne lâche rien: se plaisant dans un marché innovant qui correspond à ses valeurs, il s’épanouit dans l’évolution de ses équipes. Cerise sur le gâteau? Continuer à avaler des kilomètres à pied, à vélo et à la nage. Le regard fixé sur le prochain Ironman.

Parcours : 

  • De 2007 à 2011 : sportif de haut niveau – Espoir en cyclisme
    • 12ème des championnats de France Junior 2008
    • Vainqueur sur des Epreuves Nationales Junior
  • 2010 : intègre Grenoble École de management après une classe prépa à Marseille
  • 2014 : double son cursus au Brésil (Fundação Getulio Vargas, CEMS)
  • 2014 à 2017 : devient Senior Consultant Transaction Services au sein d’Eight Advisory
  • 2017 à 2018 : rejoint Suez aux États-Unis en qualité de Strategy & Finance Associate
  • 2018 à 2020 : revient à Paris en tant que chargé d’affaires Private Equity au sein d’Abenex
  • Depuis 2020 : évolue au sein de Cegid. D’abord en tant que M&A and Corporate Finance Manager puis comme Group Head of M&A
  • En triathlon :
    • Qualification au Championnat du Monde IronMan 70.3 2023 en Finlande (top 20%)
    • Podiums et Top-10 sur des épreuves de format Olympique et Longue Distance

 

Béatrice Constans