Maxime Bouloc (Fayat) : "La diversité et la richesse de ce métier est incroyable"
Décideurs. A priori vos études ne vous destinaient pas à la finance…
Maxime Bouloc. Effectivement, compte tenu de mes dispositions en mathématiques et pour les sciences, je me suis orienté vers une prépa scientifique. Cela m’a donné un gros coup de fouet, alors que je n’étais pas un gros bosseur. Finalement, en 2004, j’ai rejoint l’École nationale supérieure des arts et métiers. C’était la voie royale pour quelqu’un qui, comme moi, se destinait à l’industrie automobile. J’étais donc encore loin de penser à la finance.
À quel moment s’est joué ce revirement ?
Durant mes stages, je me suis rapidement rendu compte que j’avais envie d’un métier plus transversal. C’est pourquoi, après mon diplôme, j’ai voulu ajouter une brique « finance-gestion-comptabilité » en passant par HEC. J’ai tout de suite accroché. En particulier, pour l’aspect transactionnel du M&A ou du private equity. J’ai donc intégré Crédit Agricole Private Equity (devenu Omnes capital) dans le fonds Capenergie 1, le tout premier fonds levé par Crédit Agricole auprès des caisses régionales et qui devait financer le développement de projets d’énergie renouvelable. J’y ai passé une année, le tout dans un contexte de crise des subprimes, source de difficultés pour la levée du second fonds. Quant à Demeter Partners, ils avaient réussi à lever juste avant le tsunami, je les ai rejoints dans la foulée. Ils font aussi partie des pionniers de l’investissement dans la transition énergétique. Olivier Dupont, fondateur de Demeter, lui aussi ingénieur, m’a beaucoup appris. Je m’y suis épanoui pendant près de dix ans, j’adorais l’aspect transversal du métier mais aussi humain car il faut avoir une oreille attentive pour les entrepreneurs que l’on accompagne.
Finalement, vous avez basculé vers le corporate, comment s’est fait ce changement d’écosystème ?
En 2018, j’ai rejoint Fayat, 4e acteur du BTP en France. J’avais été recruté pour créer la fonction Venture Capital. Je me suis alors retrouvé face à un groupe familial avec une culture entrepreneuriale très forte qui accorde aux entreprises – plus de 200 – comme aux hommes une large autonomie. Puis, en 2020, on m’a proposé de prendre la direction du M&A. Cet ADN familial et entrepreneurial donne lieu également à une culture de la croissance externe très prégnante dans le groupe. C’est passionnant car je me positionne à l’interface entre les dirigeants d’entreprises, des interlocuteurs de haut niveau en charge de la stratégie de leur division, et les actionnaires – Jean-Claude et Laurent Fayat – pour lesquels je dois jouer un rôle de gardien du temple. Dans mon ancien métier d’investisseur financier, l’objectif lors de l’achat était de revendre quelques années plus tard avec un bon TRI. Chez Fayat, je suis sur du très long terme. C’est une vraie différence! Je deviens le témoin de l’histoire d’une entreprise qui continuera après moi. La diversité et la richesse de ce métier sont incroyables, jamais je ne pourrais m’ennuyer. Cerise sur le gâteau, rejoindre Fayat a aussi été un choix de cadre de vie, notamment pour mes enfants. En étant basé à Bordeaux, je savoure le luxe d’aller à la plage avec eux le week-end.
« Une opération de M&A ou d’investissement est unique et ne ressemble à aucune autre »
Pouvez-vous nous citer une opération qui vous a marqué en particulier ?
Par définition, une opération de M&A ou d’investissement est unique et ne ressemble à aucune autre. En 2021, Fayat a fait l’acquisition, auprès de Butler Industries, de la société NXO, leader français indépendant dans le domaine de l’intégration et de la gestion des flux digitaux des entreprises. Au sein du groupe, cette corde digitale nous manquait cruellement. J’ai été à l’interface entre les divisions qui avaient identifié ce manque et mes actionnaires qu’il a fallu convaincre. Il a aussi fallu entrer en contact avec Butler Industries qui n’était pas vendeur et à qui nous avons réussi à transmettre les valeurs du groupe pour les convaincre. Dans cette opération de gré à gré, mon rôle a été important pour faire adhérer le vendeur à notre vision long terme. C’est cet aspect stratégique et intégré qui me fait vibrer.
Parcours :
- 2004 : intègre l’École nationale supérieure des arts et métiers
- 2008 : sort diplômé d’un master à HEC
- 2008 : rejoint le fonds Capenergie de Crédit Agricole Private Equity
- 2009 : devient Investment Director au sein du fonds Demeter
- 2018 : intègre Fayat en tant que Corporate Venture Director pour devenir en 2020 Group M&A Director