Thomas Geniez (Elis) : "Le métier ne s’apprend pas sur le papier, il faut le vivre"
Décideurs. Comment êtes-vous arrivé au M&A?
Thomas Geniez. Ma formation universitaire a été très scientifique. Après une classe prépa, j’ai intégré l’école Centrale Lille. J’aurais pu avoir un parcours classique d’ingénieur. J’ai d’ailleurs accompli plusieurs stages dans le domaine. Mais une fois diplômé, j’ai eu envie de voir autre chose, d’aller au-delà. C’est comme cela que j’ai intégré Mazars. Finalement, au sein de la pratique Transaction Services, j’y ai passé huit ans jusqu’à devenir senior manager. C’est une expérience qui a été extrêmement formatrice sur tous les aspects de la finance et du corporate. Petit à petit, cela m’a rapproché du métier des fusions-acquisitions.
En 2016, vous rejoignez la direction M&A du groupe Elis. Comment avez-vous appréhendé cette évolution de carrière?
Mon parcours est finalement assez habituel. Passer du TS au M&A n’a rien de révolutionnaire même si je dois admettre qu’il y a une petite marche à franchir. L’apprentissage se fait sur le tas, à force d’expérience. Il en va ainsi des négociations. L’appréciation du business offre une clé de compréhension essentielle ainsi que la capacité à faire preuve de souplesse pour trouver des solutions. Le métier ne s’apprend pas sur le papier, il faut le vivre. Quand je suis arrivé chez Elis, le groupe était sur la pente ascendante. Il venait tout juste d’être coté à la Bourse de Paris. Depuis, il a triplé de taille. J’ai pu vivre de l’intérieur une véritable transformation, passant d’une entreprise franco-française à un groupe international à travers d’importants projets de croissance externe.
"Je suis devenu directeur du M&A notamment avec l’acquisition de notre concurrent britannique Berendsen pour près de 2,5 milliards d’euros"
Quelle a été l’opération qui vous a le plus marquée dans votre carrière ?
En 2018, je suis devenu directeur du M&A, notamment avec l’acquisition de notre concurrent britannique Berendsen pour près de 2,5 milliards d’euros. C’était un deal passionnant sur plusieurs aspects: la confidentialité d’abord et bien sûr la complexité de traitement inhérente aux dossiers dans l’univers du M&A coté. Mais, au-delà de la notoriété d’un jumbo deal, il peut être tout aussi amusant de travailler sur une opération de taille plus modeste. Les coudées sont d’ailleurs plus franches, on peut s’impliquer davantage sur le front ainsi que sur la négociation. Je retiens notamment l’entrée du groupe en Colombie avec un petit deal mais une grande volonté de consolidation qui s’est poursuivie à travers la multiplication des transactions sur le territoire.
Quels aspects de votre métier continuent de vous porter au quotidien?
C’est un métier multifacette. Il faut évidemment savoir entrer dans la rigueur des chiffres et des fichiers Excel. Il s’agit de la partie analytique. Mais elle ne mène à rien sans une compréhension générale du business et de ce qui relève de la gestion de projet. Par ailleurs, il ne faut jamais oublier que sans équipe, rien n’est possible. Je suis entouré de personnes capables d’animer le réseau sur tous les marchés. Lorsqu’il s’agit de réaliser des deals en local, il faut avant tout comprendre le marché du pays, autant les pratiques M&A que le business. Quand on peut s’appuyer sur des équipes sur place, c’est formidable, mais si ce n’est pas possible, il faut savoir s’entourer de conseils, se déplacer, réaliser des études de marché. En un mot : apprendre ! Cet apprentissage est constant, c’est d’ailleurs la clef pour durer dans ce métier aussi passionnant qu’exigeant. Alors un peu d’humilité ne fait jamais de mal.
Parcours :
- 2008 : termine son cursus à Centrale Lille
- 2008 - 2016 : première expérience professionnelle au sein de l’équipe TS de Mazars
- 2016 : rejoint Elis en qualité de M&A Manager
- 2018 : nommé directeur M&A du groupe Elis
Propos recueillis par Béatrice Constans