Si pour certains, le chemin qui mène au corporate M&A peut être classique et réservé à un cercle fermé, ce n’est pas le cas de Fabrice Aubert. L’énarque a monté les plus hautes marches de l’État avant de découvrir des missions plus opérationnelles chez Nexity. Il est aujourd’hui, directeur général adjoint en charge du M&A, des clients institutionnels et des filiales internationales.

Pourquoi les allers-retours entre les secteurs public et privé seraient- ils forcément un mal systémique ? Fabrice Aubert est l’exemple du profil équilibré et compétent que peut forger une formation d’excellence entre l’ENA et Sciences Po, assortie d’un zeste d’aventures dans le secteur privé. À la sortie de ses études, ce Parisien d’origine prend ses quartiers au conseil d’État. Rapidement, son profil polyvalent, entre l’économie et le droit, le propulse en 2013 comme conseiller juridique du ministre de l’Économie et des finances, d’abord auprès de Pierre Moscovici puis de Michel Sapin.

Les sirènes de missions plus opérationnelles se font alors entendre une première fois. "J’avais travaillé sur le dossier de renégociation des concessions autoroutières en 2014 mais les règles de déontologie m’auraient interdit de rejoindre un groupe concessionnaire. L’immobilier s’est imposé comme une alternative". Un mal pour un bien. Après une rencontre avec Alain Dinin, fondateur de Nexity, Fabrice Aubert met les voiles pour le département M&A et transactionnel du groupe immobilier en 2016. Une expérience enrichissante qui l’amène à créer le département innovation de l’entreprise : "C’étaient les débuts du venture capital en France et de la collaboration entre grands groupes et start-up." Finalement, son téléphone sonne à nouveau avec, cette fois, au bout du fil, un projet pas comme les autres.

Marcheur de la première heure

"Je connais Emmanuel Macron depuis qu’il avait été mon professeur à Sciences Po et nous avions déjà eu l’occasion de travailler ensemble depuis la campagne de François Hollande en 2012. Toute une partie de l’équipe de Pierre Moscovici s’était notamment reformée au cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy." C’est ainsi que Fabrice Aubert rejoint le natif de Picardie dans la course à la présidentielle, quelques semaines après la création de son mouvement "En Marche !". Une fois l’élection remportée, il devient conseiller de la présidence sur les thématiques des institutions, de l’action publique et de la transition numérique. Au palais, il est notamment en charge de la réforme constitutionnelle désirée par le parti mais qui sera interrompue par les diverses tempêtes médiatiques qui heurteront la majorité, de l’affaire Benalla à la crise des Gilets jaunes.

"J’ai trois casquettes qui combinent les relations avec les institutions publiques, très présentes dans la promotion immobilière, la direction internationale des filiales du groupe et le transactionnel avec le M&A."

Carve-out en un temps record

En 2021, celui qui s’est réinscrit à une formation sur l’astrophysique à l’Observatoire de Paris, prend les manettes d’un poste davantage en accord avec la diversité de ses compétences : "J’ai trois casquettes qui combinent les relations avec les institutions publiques, très présentes dans la promotion immobilière, la direction internationale des filiales du groupe et le transactionnel avec le M&A." C’est dans ces nouveaux habits que Fabrice Aubert réalise sa plus belle transaction, en cédant à Bridgepoint la branche d’activité gérant l’administration des biens immobiliers de Nexity : "Nous avons trouvé un accord en un temps record, en seulement deux mois." C’est aussi dans ces moments qu’il retrouve l’intensité de l’univers politique : "On travaille tard durant ces périodes, mais c’est satisfaisant. Au moment du closing, il y a un sentiment de victoire collective." Son temps libre, il le passe en famille avec ses deux enfants mais aussi à lire des revues scientifiques. "Je siégeais encore il y a peu au conseil d’administration de Preligens, une remarquable start-up utilisant l’IA dans la défense, avant qu’elle ne soit cédée avec succès à Safran". Une manière de combiner passion et compétences. Le fil conducteur d’une carrière qui n’a pas encore livré toutes ses surprises.

Parcours : 

2007 : achève son master à Sciences Po

2010 : diplômé de l’ENA

2013 : rejoint le ministère de l’Économie et des Finances en tant que conseiller du ministre

2016 : rallie Nexity comme directeur du développement

2017 : devient conseiller à l’action publique et à la transition numérique auprès de l’Élysée

2019 : devient secrétaire général du groupe Nexity puis, en 2022, directeur général adjoint en charge, notamment du M&A

Tom Laufenburger