Pierre Lourties est directeur M&A du groupe Hygie31, acteur européen de la santé et du bien-être. Pleinement impliqué dans la croissance d’un groupe, qui réalise aujourd’hui 2,7 milliards de chiffre d’affaires, avec plus de 1400 pharmacies affiliées en France et en Espagne et des activités d’e-commerce, l’homme d’affaires revient sur l’avenir du groupe et ses axes de développement.

 Décideurs. Qu’appréciez-vous dans votre travail chez Hygie31 ?

Pierre Lourties. J’aime travailler sur des enjeux d’intégration. En incorporant une petite équipe à un poste qui venait d’être créé, le groupe Hygie31 m’en a donné la possibilité. Il y avait tout à penser et mettre en place. Sans parler de la stratégie de build-up avec 5 opérations de croissance externe à notre actif en l’espace de 24 mois pour lesquelles il a fallu s’armer d’agilité tout en continuant d’échanger et de communiquer.

Quel a été l’enseignement le plus fort de votre carrière ?

Ce qui me semble très important dans la fonction M&A, ce sont les relations humaines. Il faut parvenir à instaurer assez naturellement un lien fort avec ses différents interlocuteurs. Lorsqu’on a en ligne de mire une cible potentielle, il est important de comprendre les motivations du vendeur et de se poser les bonnes questions: pour quelles raisons décide-t-il de céder son entreprise ? Se projette-t-il avec nous dans cette acquisition ? Le dialogue doit rester fluide, simple et bienveillant. C’est d’autant plus vrai et important chez Hygie31 à travers nos opérations primaires où il est nécessaire de créer une relation basée sur la confiance et l’authenticité.

Ce qui me semble très important dans la fonction M&A, ce sont les relations humaines

Avez-vous un rituel avant une grosse opération ?

À titre personnel, je pratique beaucoup de sport, notamment la course à pied et le CrossFit. Ça me permet de faire le vide mentalement et de revenir plus efficace au travail. Sur le plan professionnel, lors d’un rachat d’entreprise, je prends à cœur d’embarquer les dirigeants dans notre projet, ce qui passe par une bonne intégration des équipes tout en étant capable de se projeter. Ainsi, avant de « closer » une opération, nous organisons toujours une rencontre avec les collaborateurs, au siège à Toulouse, afin que le futur dirigeant se sente à l’aise et pleinement intégré. Nous avons l’image, d’un club d’entrepreneurs avec le partage de mêmes valeurs. In fine, nous sommes tous associés pour la réussite de cette aventure.

"C’est la capacité à créer une vraie connexion avec tout un chacun qui est déterminante"

Quel a été le plus beau moment de votre carrière à ce jour ?

Sans doute, l’une des premières opérations sur laquelle j’ai travaillé chez Rothschild & Co. Il s’agissait de la fusion entre Lafarge et Holcim, deux multinationales spécialisées dans le domaine des matériaux de construction. Cette opération a été particulièrement éprouvante, un vrai marathon qui a duré plus de 18 mois. Au-delà des aspects techniques, j’ai appris à gérer une charge de travail intense sur une longue durée, ce qui implique de savoir travailler en équipe pour ne pas se laisser envahir par le stress ou la fatigue inhérente à ce type de dossier. On apprend également à prendre du recul par rapport à des situations difficiles, qui impactent directement votre quotidien quand vous débutez en banque d’affaires. On crée alors des relations fortes avec ses collègues, certains banquiers sont devenus de très proches amis.

À quel problème de fond votre métier répond-il ?

La mission du groupe est de donner accès à la santé pour tous. Quand il existe des déserts médicaux, surtout dans les milieux ruraux ou à la périphérie des villes moyennes, la pharmacie devient le premier relais de santé des Français.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite exercer le même métier que vous ?

Je lui dirais que la technique et les connaissances font partie, bien sûr, des fondamentaux, mais j’insisterais aussi sur le fait de s’intéresser aux personnes et de rester curieux. C’est cette capacité à créer une vraie connexion avec tout un chacun qui est déterminante. Voilà le cœur de mon métier.

Parcours :

  • 2009 : obtient un master en management au sein de l’EM Lyon Business School
  • 2012 : intègre en parallèle l’université Bocconi à Milan en finance d’entreprise à travers un programme d’échange
  • 2013-2017 : passe par la banque d’affaires Rothschild & Co et occupe les postes d’Analyst puis Associate M&A
  • 2017-2022 : devient Head of Financial Planning Analysis au sein du groupe Napaqaro et gravit les échelons pour rejoindre le comité exécutif au poste de Group Chief Development Officer
  • 2022 : rejoint le comité exécutif du groupe Hygie31 au poste de directeur M&A

Propos recuillis par Laura Guetta-Dray