Teddy Slama est à la tête de la direction M&A de Funecap, groupe d’infrastructures et de services funéraires leader en Europe. Un marché que ses équipes ont grandement contribué à mener à maturité en France.

Teddy Slama évolue dans un secteur qui incite plutôt à la discrétion, alors que ce diplômé de l’EM Lyon a toujours eu à cœur d’être dans le feu de l’action. "Depuis mes débuts, j’ai privilégié les environnements où j’étais exposé", insiste-t-il d’emblée. Une anecdote révélatrice d’une détermination innée et d’une bonne intuition. Sélectionné pour intégrer en stage de césure, l’équipe mid-cap de BNP – le Graal pour tout étudiant qui sort d’école de commerce – il préfère rejoindre Aelios Finance (devenu Oaklins). "À l’époque, c’était une boutique M&A qui avait réalisé de superbes deals", commente-t-il. Ses camarades de promotion ne comprennent pas son choix. Teddy Slama sait pourtant très bien ce qu’il fait. Pendant que d’autres étudiants passent leur césure derrière un bureau à remplir des slides, l’équipe d’Oaklins est en pleine expansion, notamment à l’international. En première ligne, le junior construit son réseau partout en Europe, et mène plusieurs deals sur le terrain. Un début de carrière galvanisant pour cet amateur de football, qui fait une entrée remarquée en M&A. Repéré par un chasseur de tête alors qu’il finit son stage de fin d’études chez Naxicap, on lui propose d’intégrer Ophiliam, le fonds d’investissement à l’origine de l’expansion du groupe Funecap.

"Le groupe emploie 4000 collaborateurs dans le monde dont 3000 en France, est implanté dans onze pays, affiche un CA de plus de 700 millions d’euros." 

Mission: consolidation

En 2016, le marché des services funéraires est en pleine mutation. "À l’époque, la législation de 1993 avait mis fin au monopole public, le secteur était particulièrement atomisé", explique-t-il. Un contexte propice au développement des talents de cet hyperactif ambitieux. "Le département M&A était l’équipe commando de Funecap", résume-t-il. "À 25 ans, je travaillais déjà avec les opérationnels sur le terrain, et en direct avec les fondateurs & coprésidents du groupe, Thierry Gisserot et Xavier Thoumieux, dont j’admire le parcours. Contribuer à la mission de consolider tout un secteur était une opportunité incroyable". Teddy Slama relève le défi haut la main. Avant 2016, l’équipe M&A rachetait 5 à 6 entreprises de pompes funèbres par an, c’est près de 25 par an depuis. "Le groupe emploie 4000 collaborateurs dans le monde dont 3000 en France, est implanté dans onze pays, affiche un CA de plus de 700 millions d’euros. La diversification des activités se poursuit vers d’autres services, notamment l’assurance obsèques, la gestion de crématoriums ou encore les services funéraires animaliers", détaille Teddy Slama, fier du chemin parcouru par le groupe auquel il appartient. "J’ai dû travailler sur près de 150 rachats depuis mon arrivée, peu d’équipes corporate arrivent à ce chiffre."

 

La direction au tournant

En 2019, lors d’une reconfiguration du département M&A, il en prend la tête et poursuit la croissance effrénée de Funecap. Quand on l’interroge sur le caractère atypique de l’activité, il reconnaît: "Je suis le premier à m’en amuser. En sortant d’une école de commerce, nous ne sommes pas prédestinés à travailler dans ce secteur. Pourtant, on se rend vite compte que les problématiques M&A sont les mêmes qu’ailleurs, mais avec l’intérêt d’avoir tout à construire, ce qui est très stimulant ".

"Nous avons appris par la suite que notre prix était inférieur à celui du concurrent mais que le dirigeant se projetait plus avec nous

Créer du lien

Si le secteur est mortifère, Teddy Slama sait y créer du lien, d’abord avec les chefs d’agences funéraires et de crématoriums, qui ont souvent la particularité d’être à la tête d’entreprises transmises de génération en génération. "Chacun a son histoire, c’est un secteur de proximité, avec un fort intuitu personæ. Nous parlons à des entrepreneurs qui travaillent 7 jours sur 7. Il faut à la fois savoir être direct pour ne pas leur faire perdre de temps et rester à sa place." Parmi les meilleurs souvenirs, il évoque l’acquisition d’une entreprise familiale, destinée à un autre acquéreur. In extremis, Teddy Slama et son équipe remportent le deal"Nous avons réussi à convaincre le chef d’entreprise de nous céder sa société. Notre vision l’avait séduit! Nous avons appris par la suite que notre prix était inférieur à celui du concurrent mais que le dirigeant se projetait plus avec nous. C’était une fierté à la fois personnelle et collective". Une vision du métier, à laquelle il est attaché et qu’il transmet à ses équipes: "On perd ensemble, on gagne ensemble et c’est comme ça au siège et sur le terrain!". Veni, vidi, vici.

 

Parcours : 

  • 2014 : réalise son année de césure en tant qu’analyste dans l’équipe M&A International d’Oaklins
  • 2015 : diplômé de l’EM Lyon après un stage de fin d’études en private equity chez Naxicap
  • 2016 : arrive au sein du groupe Ophiliam, fonds d’investissement à l’origine de Funecap
  • 2019 : prend la tête de la direction M&A de Funecap avec près de 150 acquisitions au compteur

 

Céline Toni