Cécile Baron (Ydès) : "Les investisseurs renforcent leurs prises de participation au sein des entreprises"
DÉCIDEURS. Quelles sont les tendances observées sur le marché des fusions-acquisitions en 2024 ?
Cécile Baron. Habituellement, c’est un marché plutôt dynamique, toutefois, cette année, les acteurs sont unanimes : les problématiques de financement, additionnées au manque de visibilité, laissent envisager une année 2025 plutôt difficile. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, suivie par les débats menés par les parlementaires depuis la rentrée en marge du PLF (Projet Loi de Finances), nos clients sont dans l’attentisme. Cette situation pourrait avoir un impact significatif sur l’ensemble de nos opérations. Toutefois, certains de nos clients sont plutôt sereins et prêts à saisir des opportunités en matière de croissance externe.
"Malgré la "politique du quoi qu’il en coûte" souhaitée par le chef de l’État, et l’addition des PGE en faveur des entreprises, cela n’a pas apporté de points de croissance supplémentaires aux entreprises"
Dans ce contexte contraint sur le plan macro-économique, certains segments tirent-ils, tout de même, leur épingle du jeu ?
C. B. En raison des règles de durcissement sur l’accès au financement, nos transactions se sont soldées par des reports, voire des délais allongés, et ce, dans tous les secteurs d’activité. Malgré la "politique du quoi qu’il en coûte" souhaitée par le chef de l’État, et l’addition des PGE (Prêts garantis par l’État) en faveur des entreprises, cela n’a pas apporté de points de croissance supplémentaires aux entreprises… Cela a évidemment permis à certaines d’entre elles de passer le cap de la pandémie, et sans doute, à survivre dans ce contexte très difficile.
Naviguer en eaux troubles est pourtant l’une des composantes du marché en 2024, quelle approche, les fonds et LP’s, ont-ils adoptée ?
C.B. Nous avons constaté une tendance pour les investisseurs à renforcer leurs prises de participation au sein des entreprises et à porter un point de vigilance sur les dues diligences; en outre, il y a eu un changement de paradigme sur le segment de la tech car ces derniers souhaitent désormais un business model suffisamment stable, et qui démontre une véritable rentabilité avant d’envisager une entrée. Quant aux autres, hélas, ils termineront l’année 2024 sous de mauvais auspices…
Enfin, concernant le PLF 2025, estce un sujet pour vos clients ? Sont-ils inquiets face aux mesures destinées à « sabrer » le CIR (Crédit impôt recherche) ? ou encore sur les questions de transmission (Loi Dutreil…) ?
C.B. Les inquiétudes exprimées ont été davantage axées sur le contexte difficile, puis sur les questions de redistribution de dividendes. Par ailleurs, le sujet de la Flat Tax est revenu sur la table lors des discussions. Cependant, sur l’ensemble des opérations menées ce sont avant tout les questions de calendriers d’exécution qui demeurent centrales pour les dirigeants, les banques d’affaires et les fonds.
Propos recueillis par Céline Valensi