Quasiment un mois jour pour jour après l’annonce de la fermeture des commerces non-essentiel, les relations entre le Conseil national des centres commerciaux et les fédérations du commerce et de la restauration se sont brusquement durcies. Décryptage.

Onze. C’est le nombre de fédérations qui « dénoncent l’absence totale de solidarité des bailleurs qui marque un profond mépris à l’égard de leurs partenaires commerçants ». Le courroux de l’Alliance du commerce, du Procos, de la Fédération française de la franchise (FFF), de la Fédération du commerce et services de l'électrodomestique et du multimédia (Fenacerem), de la Fédération française du négoce de l'ameublement et de l'équipement de la maison (FNAEM), de la Fédération des commerces spécialistes des jouets et des produits de l'enfant (FCJPE), du Syndicat national de l'alimentation et de la restauration rapide (SNARR), de la Fédération nationale de l'habillement (FNH), de la Fédération des entreprises de boulangerie (FEB), du Syndicat national de la restauration thématique et commerciale (SNRTC), et de l’Union de la bijouterie horlogerie (UBH) a été causé par l’appel du Conseil national des centres commerciaux (CNCC) aux grandes enseignes internationales et nationales et entreprises moyennes en bonne situation financière pour qu’elles s’acquittent de leurs échéances contractuelles.

« Les bailleurs de centres commerciaux, à travers la voix du CNCC, considèrent que les loyers doivent être perçus normalement, sauf pour les plus petits commerçants auxquels il est proposé un étalement sur 24 mois (et non une annulation) », s’insurgent les onze fédérations du commerce et de la restauration. Elles appellent en conséquence les représentants du CNCC à « revenir rapidement sur leurs déclarations et à ouvrir une véritable concertation qu’ils disent appeler de leurs vœux, mais à laquelle ils n’ont jamais donné de chance ».

Un premier coup de semonce qui a été rapidement suivi d’un deuxième : les démissions de Philippe Chaumais (directeur immobilier Europe de Maisons du Monde), Stéphane Goenaga (directeur développement affiliation France de Kiabi), Dan Ohnona (jusqu’à très récemment directeur du patrimoine et de l'expansion du groupe Fnac Darty), Noël Moussali (directeur immobilier du groupe Vivarte) et André Tordjman (président de Little Extra et Du bruit dans la cuisine) de leurs postes d’administrateurs du CNCC. « Nous regrettons, qu’au cours de notre mandat, nous n’ayons jamais été consultés sur les sujets intéressant le commerce et tout dernièrement sur l’ensemble des prises de position du CNCC liées à la crise du Covid19, notamment celles qui concernaient la suspension des loyers et la réouverture des magasins, expliquent les cinq hommes dans leur courrier. Considérant que nous ne pouvons pas exercer dans de bonnes conditions notre mandat et que le rôle d’administrateur enseigne ne doit servir ni d’alibi ni de caution aux bailleurs, nous avons décidé de démissionner de nos postes d’administrateurs de CNCC. »

Hasard du calendrier, SNCF Gares & Connexions a renoncé au même moment, avec Altarea Cogedim (pour les gares de l’Est et de Montparnasse) et le groupe Demeter Concessions (à Rennes), à percevoir les loyers et les charges dus depuis le 16 mars et jusqu'au 30 avril 2020 par les enseignes et commerçants des gares. Cette mesure, qui s’applique aux commerces fermés, sera à n’en pas douter mise en avant par les fédérations du commerce et de la restauration dans leurs discussions avec le CNCC. Le bras de fer annoncé depuis quelques semaines est bel et bien engagé.  

Par François Perrigault (@fperrigault)

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