La souveraineté, un concept en voie d’obsolescence pour beaucoup, les uns lui préférant celui d’intégration accrue, les autres celui de coopération pragmatique et de responsabilité individuelle.

À l’heure où les appels à la relance de l’Europe par toujours plus d’intégration se multiplient, poser la question de la souveraineté des nations semble anachronique. Pourtant, difficile d’ignorer la poussée populiste qui, dans les pays membres, alimente la flamme et incite une part croissante de la population à voir dans un retour à la puissance souverainiste la réponse toute trouvée au « chaos » du moment. Une fausse bonne idée selon bon nombre d’intervenants à Aix pour qui les turbulences actuelles appellent à plus d’unité mais aussi à plus de souplesse et d’agilité. Pas à plus d’isolement…  Parmi eux, Pascal Lamy, ancien directeur de l’OMC, en est convaincu : « Si l’on veut maîtriser la globalisation, il faut dépasser  les notions un peu obsolètes telles que celle de souveraineté nationale. »

« Si l’on veut maîtriser la globalisation, il faut dépasser les notions un peu obsolètes telles que celle de souveraineté nationale »

Pascal Lamy

Même son de cloche chez Jean-Yves Le Drian. « Ce n’est pas en quittant l’Union européenne qu’on est plus fort. La souveraineté n’interdit pas l’ouverture et la coopération », déclare le ministre de la Défense qui se dit d’ailleurs « plus favorable au concept d’autonomie stratégique qu’à celui de souveraineté ».

 

« Un socle solide, un cadre souple »

 

Si chacun semble s’accorder à voir dans l’unité européenne une « force stabilisatrice » plus efficace que la seule souveraineté nationale, reste à définir le rôle de chacune de ces deux entités face aux problématiques actuelles. Celles qui peuvent être appréhendées à l’échelle nationale et celles qui – comme la question climatique - doivent l’être au niveau global. Pour Isabelle Kocher, directrice générale d’Engie, cette double échelle de traitement requiert à la fois que l’unité de l’Europe soit réaffirmée et que ses cadres de fonctionnement soient assouplis. « Je crois pour l’Europe à la nécessité de disposer à la fois d’un socle commun solide et de cadres plus souples à ajuster en fonction des problématiques supra ou infranationales », explique-t-elle avant de pointer le rôle, essentiel, de la gouvernance – nationale et européenne. « Les entreprises jouent un rôle dans la souveraineté nationale et attendent de l’État stabilité et visibilité. » Autrement dit, un cap et une vision. Tout ce qui, pour l’heure, nous fait défaut, de l’avis de beaucoup d’intervenants. Ils regrettent de la part du politique une prise de décision laborieuse, une exécution maladroite et, au final, une démocratie « qui dysfonctionne » dans un nombre croissant de pays…

L’occasion pour Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, de conclure par une sommation générale : « Le maître mot n’est pas souveraineté mais responsabilité. Que chacun prenne les siennes. »

 

Par Caroline Castets

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