La start-up française Mojjo développe une technologie inédite qui bénéficie aux adeptes du tennis qu’ils soient sur le terrain ou derrière leurs écrans. Et son lancement médiatique n’est pas mal non plus avec l’événement sportif du mois de mai : Roland-Garros. Pour Emmanuel Witvoet, cofondateur, il va y avoir du sport en 2017.

Décideurs. Comment fonctionne l’équipement intelligent que vous mettez à disposition des clubs ?

 

Emmanuel Witvoet. Avec Mojjo, nous proposons aux clubs, fédérations ou académies de tennis un système intelligent permettant d’analyser intégralement un match grâce à une caméra unique et une borne tactile installées sur le bord du court. Grâce à ce dispositif, les joueurs disposent en quelques clics d’une vidéo de leurs performances débarrassées des temps morts et accompagnée de l’ensemble des statistiques de leur match. Rien de plus facile, ensuite, que de partager ses exploits sur les réseaux sociaux. Le système ne manque pas d’atouts : il est bien moins coûteux qu’un modèle d’analyse classique qui nécessite au moins cinq caméras, l’entretien en est facilité et l’installation ne prend que quelques heures. Côté utilisateur, le joueur peut retracer les trajectoires de la balle, en localiser les impacts, un peu comme dans un jeu vidéo, et surtout disposer d’une manne de données statistiques sur son jeu.

 

Vous avez levé 300 000 euros en 2015. Quelles sont les prochaines étapes de votre développement ?

 

Nous avons profité de cette première levée de fonds pour recruter et développer davantage notre produit qui n’en était qu’à sa première version tout en commençant sa commercialisation. En remportant le concours d’innovation numérique organisé par BPIFrance en 2016, nous avons reçu 500 000 euros environ. Cette année, nous espérons lever un à deux millions d’euros, vraisemblablement auprès de business angels. Notre partenariat avec le tournoi de Roland-Garros sera notre meilleure vitrine pour notre road show.

 

« Nous sommes en train de travailler à l’adaptation de notre technologie à d’autres sports que le tennis »

Quel est l’objectif du nouveau player vidéo interactif que vous déployez cette année à Roland Garros en partenariat avec la Fédération française de tennis (FFT) ?

 

Nous travaillons depuis deux ans déjà sur un système adapté aux tournois professionnels. Après des tests concluant en 2015 et 2016, nous l’instaurons à Roland-Garros cette année : nous mettons à disposition des diffuseurs du tournoi une solution de création de contenus automatisée. Ainsi, nous résolvons le problème de la simultanéité des matchs. En découpant et résumant ces rencontres, grâce à nos algorithmes, nous créons à la fois une vidéo du match sans temps mort et des résumés de matchs, de durées variables, avec une sélection automatisée des points importants (balle de break ou balle de match) ou spectaculaires (les points les plus disputés, les coups gagnants, etc.). Le spectateur cible quels aspects du jeu il souhaite conserver. Ce système, extrêmement souple, est une vraie révolution pour l’expérience replay d’un match. Et quel plus bel écrin que la terre battue de la porte d’Auteuil pour nous lancer ?

 

Combien de clubs disposent aujourd’hui de la technologie Mojjo ?

 

Nous avons installé notre système sur vingt-cinq courts en France. Une dizaine supplémentaire devrait bientôt suivre. L’intérêt pour notre produit est évident même si le démarrage s’est fait doucement. Il faut dire qu’une grande partie du tennis hexagonal repose sur le milieu associatif qui n’est pas forcément le plus ouvert au monde de l’innovation... Peu à peu, nous nouons des accords avec les ligues : nous avons le soutien de certaines instances locales et fédérales. Notre projet décolle vraiment.

 

« Les joueurs disposent en quelques clics d’une vidéo de leurs performances débarrassées des temps morts et accompagnée de l’ensemble des statistiques de leur match »

Réfléchissez-vous déjà à une internationalisation ?

 

Bien sûr ! Nous faisons nos premiers pas à l’international en équipant un terrain de l’académie Justine Hénin en Belgique. L’avantage d’avoir un produit simple à installer, c’est qu’il est facilement distribuable par des tiers. Ce sont ces intermédiaires-là qui vont pousser la commercialisation de Mojjo. Nous allons ainsi pouvoir nous concentrer sur le développement du produit lui-même. Parallèlement, nous comptons bien capitaliser sur notre partenariat avec Roland-Garros. Quand nous aurons prouvé que nous avons réussi sur un tournoi du Chelem, rien ne nous empêchera de viser tous les autres tournois.

 

Quelles sont vos priorités pour 2017 ?

 

Notre priorité absolue est de développer les dernières statistiques manquantes pour offrir une vision complète du jeu. Cette année, nous enrichissons même l’expérience du joueur en lui proposant des conseils et entraînements ciblés en fonction des lacunes détectées. À plus long terme, nous sommes en train de travailler à l’adaptation de notre technologie à d’autres sports. On ne s’interdit rien !

 

Propos recueillis par Sybille Vié

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