Désormais légal en France, le MMA – en anglais, mixed martial arts – gagne en popularité et de plus en plus d’amateurs de sports de combat délaissent la boxe anglaise au profit des championnats organisés par l’UFC, pour Ultimate fighting championship. Fondateur du site La Sueur, Guillaume Duseaux n’est pas étranger à cet engouement. Avec le rédacteur PolyDomso, il retrace pour Décideurs le succès d’un média pas comme les autres.

Décideurs. Pouvez-vous revenir sur votre parcours et la dynamique à l’origine du site La Sueur ?

Guillaume Duseaux. C’est avant tout l’histoire d’une passion partagée par une bande de copains. PolyDomso, Rust [pseudo du 3e journaliste de l’équipe, Ndlr] et moi-même, nous sommes rencontrés au lycée. J’ai toujours suivi le sport, en particulier le basketball. PolyDomso et Rust s’intéressaient davantage aux sports de combats, avec un intérêt notable pour le MMA. C’était il y a une dizaine d’années. À cette époque, ce sport était non seulement interdit en France, mais encore confidentiel dans la plupart des pays du monde. Pour autant, leur passion s’est révélée contagieuse. Plus tard, j’ai eu l’occasion de rejoindre une agence de communication spécialisée dans le sport. J’y ai fait mes gammes, avant de lancer le site La Sueur en 2015.

Cinq ans après sa création, La Sueur devient une société. Comment vous positionnez-vous au sein de l’écosystème des médias sportifs ?

G. D. C’est effectivement une fierté à plus d’un titre. Tout d’abord, j’ai la chance de pouvoir vivre du journalisme sportif, ma passion. Ensuite, je suis entouré de mes meilleurs amis, qui animent avec moi une communauté grandissante.

"Sur YouTube, nous enregistrons une croissance spectaculaire, avec pour objectif d’atteindre les 100 000 abonnés d’ici à la fin de l’année"

PolyDomso. Ça n’était pourtant pas gagné. Je m’étais engagé dans une voie complètement différente et beaucoup plus classique. Mais pas question pour moi de passer à côté de cette aventure. Chaque mois, nous produisons de plus en plus de contenus et faisons le maximum pour nous différencier de ce que proposent les médias traditionnels. De nouveaux formats seront d’ailleurs présentés dans les prochaines semaines, toujours avec cet esprit d’innovation et de valeur ajoutée au service de notre audience.

D’ailleurs, en termes d’audience, dans quelles perspectives La Sueur s’inscrit-elle ?

G. D. Jusqu’en 2018, La Sueur était un site réservé aux fans de sports de combat et notre chaîne YouTube enregistrait des scores somme toute anecdotiques. Si l’accélération a commencé il y a deux ans, c’est en 2020 que nous avons mis les bouchées doubles. Nos efforts se mesurent désormais en résultats : chaque mois, notre site accueille près de cinq millions de visiteurs et La Sueur figure parmi les dix premiers podcasts français dédiés au sport avec 1,8 million de vues. Sur YouTube, nous enregistrons également une croissance spectaculaire, avec pour objectif d’atteindre les 100 000 abonnés d’ici à la fin de l’année, ce qui représenterait une croissance de 100%. Être sur ces différents médias nous permet de nous adresser à des publics différents : des occasionnels aux passionnés, sur une tranche d’âge allant de 25 à 45 ans en majorité.

Le MMA est désormais légal en France et il attire de plus en plus d’acteurs, notamment dans les médias et auprès des promoteurs sportifs. Comment voyez-vous cette évolution et quelles seraient les retombées sur La Sueur ?

PolyDomso. Nous sommes à la croisée des chemins entre plusieurs catégories d’acteurs. De grands médias, comme RMC qui détient les droits de diffusion de l’UFC [l’organisation de MMA numéro un mondial, Ndlr] s’intéressent désormais au sport. D’autres opérateurs, à l’instar de la MMA Factory, interviennent sur le volet coaching / management des combattants, sans s’interdire de garder un œil sur la promotion de manifestations sportives. Pour exister, La Sueur doit préserver son ADN media.

"Nous sommes indépendants et entendons le rester grâce au soutien de nos partenaires"

G. D. Les prochains mois seront déterminants pour le MMA français. L’UFC prévoit l’organisation d’un événement à Paris et certains champions tricolores, comme le poids lourd Ciryl Gane, s’imposent progressivement comme des stars au niveau mondial. La Sueur doit s’appuyer sur cette dynamique et accélérer son développement au cours des prochains mois. Nous sommes indépendants et entendons le rester grâce au soutien de nos partenaires. En deux ans, nous sommes devenus un acteur incontournable du MMA français. Il nous appartient désormais de consolider cette position et de nous imposer durablement comme un des médias sur lesquels il faut désormais compter.

Décideurs. Comment envisagez-vous l’avenir ?

G. D. Nous sommes trois et des recrutements sont prévus cette année pour muscler notre capacité de production. J’ignore à quoi ressemblera La Sueur dans trois ou cinq ans. Mais un destin façon ESPN [une chaîne de télévision sportive américaine, Ndlr] à la française aurait de l’allure.

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