Pas une décision n'est prise sans leur passer un coup de fil, pas un projet de loi n'émerge sans les consulter. Portraits de ces influenceurs qui murmurent à l'oreille des dirigeants et autres membres de gouvernement.

Questions à : Benoît Serre, visage-star des DRH

Armé de vingt ans à la DRH de grands groupes, membre du bureau national de l’influente Association nationale des DRH (ANDRH), Benoît Serre a rejoint le Boston Consulting Group en tant qu’expert en 2019. À l’heure où il le quitte pour occuper la DRH de L’Oréal France, il se prête au jeu de la prise de recul.

Décideurs. Qu’est-ce qui vous a le plus surpris en intégrant le BCG ?

Benoît Serre. Je m’imaginais une méthodologie assez stricte. Cela m’inquiétait un peu car je ne suis pas le roi du process! En réalité, j’y ai trouvé une grande adaptation aux besoins du client. L’autre très bonne surprise, c’est la force du collectif : pas de consultants stars, le déploiement systématique d’équipes intergénérationnelles... Ce modèle est d’une force incroyable.

Vous-même n’êtes pas un "consultant star"...

Non ! L’expérience opérationnelle que j’ai acquise complète utilement la démarche classique de consulting avec parfois un rôle de  "benchmark vivant".

Comment vivez-vous l’impact de la crise sur les RH dans ce rôle de conseil ?

C’est passionnant de voir les sujets RH passer au premier plan. Mais j’ai aussi ressenti une forme de frustration à ne pas être aux manettes pour aider une organisation à traverser la crise. Aujourd’hui d’ailleurs, j’ai pris la décision de rejoindre un grand groupe. Je sais que la prise de hauteur et de recul que mon parcours au BCG m’a permise me sera précieuse.

"On m’utilise comme une sorte de benchmark vivant !"

De nouveau DRH, qu’attendrez-vous d’un cabinet de conseil ?

Une chose essentiellement : la capacité à comprendre la culture profonde de l’entreprise, son deep state. Tout commence là. La culture d’une entreprise, c’est son code génétique.

                                       

Bruno Mettling : le féru de transformation

Père du droit à la déconnexion, Bruno Mettling a depuis quitté Orange pour fonder Topics, un cabinet au fonctionnement atypique mais au cœur des enjeux actuels. Bruno Mettling ne referme jamais la porte des ministères bien longtemps.Cet ex-chargé des questions financières au ministère du Travail, inspecteur des finances ou encore conseiller social du ministère de l’Économie apporte à nouveau son concours aux réflexions de l’État. Le gouvernement souhaite accompagner le développement des plateformes numériques tout en renforçant les droits des travailleurs indépendants (tels que les chauffeurs VTC ou les livreurs). Il fait appel à Bruno Mettling afin de coordonner une mission qui devrait permettre de structurer le dialogue social. Un challenge à la hauteur de ce diplômé de l’IEP et de la faculté de droit d’Aix-en-Provence qui, après des expériences à La Poste, à la Caisse d’Épargne et au sein du groupe Banque populaire, a été appelé en renfort en 2010 chez France Télécom dans le contexte de crise dû à la vague de suicides. DRH et directeur de la communication, il travaille auprès de Stéphane Richard sur le processus de rénovation sociale du groupe. Après avoir œuvré en tant que PDG de la holding Orange Middle East Africa, il monte en 2018 son propre cabinet de conseil en transformation interne, Topics, "convaincu qu’il n’y a pas de performance économique sans performance sociale". Le sujet du numérique et de la durabilité tiennent une place importante dans cette entreprise qui regroupe une quarantaine d’experts, anciens DRH pour la plupart, et qui ont déjà réalisé plus de 70 missions.

Myriam El Khomri : en mode privé

L'ex-ministre devenue directrice du conseil de la société de courtage Siaci Saint Honoré compte bien continuer d'agir. Même loin de la politique.

Madame Loyale de François Hollande, bouc émissaire des syndicats, bras droit de la poli- tique de la ville d’Anne Hidalgo, etc. : des rôles, celle qui petite se rêvait sur les planches, en a campé plu- sieurs. Mais pour aucun d’eux Myriam El Khomri n’a joué la comédie. "Myriam, explique Bertrand Delanoë, son premier mentor, ne triche pas, ne biaise jamais". Pourtant, après sa défaite en juin 2017 aux élections législatives et l’épisode houleux de la loi Travail, Myriam El Khomri a ressenti le besoin de "[se] relégitimer vis-à-vis des salariés, des syndicats". Et cette reconnaissance, l’ancienne ministre est allée la chercher du côté du privé, en montant son propre cabinet de conseil puis en intégrant la société de courtage Siaci Saint Honoré. Ce besoin de renouvellement et de réinvention ne laisse personne indifférent. À l’image de Christophe Catoir, le président France et Europe du Nord de The Adecco Group, qui salue sa capacité, rare, à concilier conseil et autorité. Il s’agit surtout d’un moyen de se préserver. Pour continuer à être utile, mais autrement.

Marie-Hélène Brissot, Marianne Fougère, Olivia Vignaud

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