Le PDG d’Inetum, entreprise spécialisée dans les services informatiques, a mené 38 acquisitions depuis son arrivée en 2009. À la tête d’un groupe qui pèse aujourd’hui plus de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, l’homme prône la méthode japonaise et le "walking management". Portrait.

Vincent Rouaix est rodé aux M&A. PDG de GFI Informatique depuis 2009, le dirigeant a mené pas moins de 38 acquisitions. Dernière en date ? Celle de la filiale de services numériques d’El Corte Inglés, IECISA, sur laquelle il a fondu en 2020 et qui permet à son groupe de peser en Espagne, au Portugal ainsi qu’en Amérique latine ; mais aussi d’afficher plus de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires. À la question de savoir si ces opérations sont pour lui l'alpha et l'oméga de sa stratégie, le patron répond que non. "Je suis arrivé en 2009 mais, en réalité, nous n’avons commencé les acquisitions qu’en 2011, explique-t-il. On s’est d’abord concentré sur l’organique. C’est un préalable à la croissance externe, qui ne doit pas être une manière de pallier un business qui ne serait pas suffisamment solide."

Toujours dans l’optique de construire des bases stables avant de lancer d’autres chantiers, Vincent Rouaix a attendu d’avoir atteint une taille suffisamment critique pour regrouper ces entités sous un nouvel étendard. C’est ainsi qu’en janvier 2021 GFI Informatique devient Inetum. Un changement de nom de baptême qui permet de fédérer les activités rattachées au fil du temps, de réunir les collaborateurs et de proposer une offre unifiée à ses clients.

Un métier d’Hommes

Pour qualifier la relation qu’il développe avec ces derniers, Vincent Rouaix - qui confie aimer évoluer dans un métier qui est avant tout "un métier d’Hommes" - n’hésite pas à développer le concept "d’intimité". Comprendre les enjeux techniques, mais aussi et surtout humains, des groupes pour lesquels il travaille lui semble indispensable. "Sur un projet, les difficultés viennent rarement de la technique. Elles sont le marqueur d’un manque de compréhension des besoins des clients et de la façon d’y répondre." Et tout cela ne saurait fonctionner sans une dose de confiance, souligne le patron qui compte parmi ses références le Crédit agricole, EDF, Engie, BVA, Société générale ou encore Telefónica. Sans oublier les ETI, "deuxième pied de croissance" sur lequel s’appuie Inetum.

"Tout reste à faire quand vous avez gagné une affaire"

Afin de toujours rester au contact des entreprises, de comprendre leurs enjeux mais aussi d’apprendre des bonnes pratiques de certains secteurs, Vincent Rouaix n’hésite pas à se déplacer dans les différents centres de décision. Toujours en gardant en tête la méthode japonaise : "Je prends, j’adapte, j’améliore et je copie." L’homme va également à la rencontre de ses équipes et ainsi récolter les informations à la source. Car, avec Vincent Rouaix, fan du "walking management", point de blabla. L’homme est direct.

Chef d’orchestre

Sa capacité à mener à bien des projets, le PDG l’a notamment développée lorsqu’il travaillait comme conseil dans le BTP. Ces gammes sont un atout dans la partition qu’il déroule aujourd’hui dans le monde de la transformation digitale où "tout reste à faire quand vous avez gagné une affaire". Mais c’est justement ce goût du challenge qui anime le dirigeant : "Nous sommes dans un marché où 95 % de la réussite est liée à l’exécution. Si ça ne réussit pas, c’est de votre faute."

La question de l’innovation est également clé pour le dirigeant qui décide dès son arrivée de "sortir" cette unité des business units opérationnelles. "Pour libérer les énergies, pour prendre des risques, il faut être capable d’avoir une approche un peu différente et qui ne soit pas liée aux mêmes marqueurs de performance que les entités d’exécution pures et dures", insiste-t-il. La croissance externe va-t-elle rester à l’ordre du jour ? "L’innovation nécessite des moyens et notre seul levier, c’est la taille, explique-t-il. Pour accompagner l’internationalisation, il faut investir là où nous ne sommes pas." La soif d’acquisitions, de celui qui vise 3 milliards de CA en 2023, ne semble donc pas encore étanchée.

Olivia Vignaud

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