Finance d’entreprise : prime aux seniors et aux bonus

En 2010, les entreprises se remettent lentement de la crise. Leur stratégie de recrutement reprend des couleurs. Les salaires aussi. Pour le moment, elles sont attirées par des profils expérimentés. Pour elles, il s’agit d’embaucher des financiers immédiatement opérationnels et performants. Pour les jeunes, une seule solution : se tourner vers les fonctions d’audit.

Depuis fin 2008, le marché du recrutement en finance d’entreprise est caractérisé par la prudence. La crise a eu un impact sur les budgets 2010 avec souvent à la clé le gel des recrutements ainsi qu’une réorganisation des équipes et une réaffectation des tâches pour pallier aux départs des collaborateurs. Dans les grandes structures, la mobilité interne domine. Ces choix sont souvent transitoires et laissent présumer de la recherche de solutions plus pérennes et pertinentes dans un contexte économique plus favorable.

Fixe à la hausse
Pourtant, en 2010, le marché du recrutement n’est pas resté atone. Loin de là. Orientés vers le remplacement de postes, les recrutements se sont concentrés sur les profils d’experts, essentiels pour le bon fonctionnement de l’organisation. Les entreprises font preuve de beaucoup d’exigence notamment sur la qualité des profils, techniquement pointus et rapidement opérationnels sur le marché. Les sociétés sont donc prêtes à payer le prix pour obtenir satisfaction. En 2010, le fixe est reparti à la hausse. Le plus souvent, il a suivi le niveau de l’inflation. C’est le cas notamment de la rémunération des directeurs administratifs et financiers ou des contrôleurs financiers. En revanche, le variable (bonus, primes et avantages) s’est stabilisé, les entreprises refusant de faire des efforts de ce côté-là.
Pour les directeurs financiers, la hausse est plus forte. Entre?2008 et?2010, le salaire fixe a progressé de 5?% en moyenne. Aujourd’hui, la fonction de directeur financier dépasse les seules compétences techniques. Il est devenu un réel partenaire business de la direction générale. Il participe pleinement au développement de la stratégie de l’entreprise. Une exposition qui a aussi des inconvénients. En période de crise, le directeur financier est devenu un bouc émissaire de premier choix. Ainsi, en comparaison à leur champ d’action élargie et à la pression plus forte qu’ils subissent, leur salaire n’a pas réellement augmenté.

Les oubliés de la reprise
Pour certains postes, jugés moins stratégiques, les salaires sont en léger recul. C’est notamment le cas du salaire d’auditeur interne qui a baissé dans des proportions sensibles. Cela s’explique par le fait que ce métier est une porte d’entrée évidente pour les juniors. Or, ces derniers sont de plus en plus nombreux à frapper aux portes des entreprises. La même explication vaut pour les salaires des contrôleurs de gestion. À long terme, les perspectives sont meilleures. La finance d’entreprise s’est fortement développée ces dix dernières années. Avec la reprise économique, cette tendance devrait se confirmer et tirer les salaires des jeunes diplômés vers le haut. Une bonne nouvelle pour les oubliés de la reprise.

Inégalités
L’encadrement plus strict des bonus, annoncé par les instances dirigeantes, touche de façon inégale les directeurs financiers. Si la part variable des salaires a connu une augmentation de 15 à 45?% entre?2006 et?2008, elle reste stable depuis. Cette proportion dépend majoritairement du chiffre d’affaires de l’entreprise et des objectifs à atteindre fixés en début d’année. En conséquence, la partie variable du salaire suit la conjoncture de manière plus ou moins prononcée. Elle devrait donc repartir à la hausse avec le retour de la croissance.

Novembre 2010