Le conseiller en communication politique décrypte les objectifs d’un changement de nom pour un parti
Jean-Luc Mano : « Le nom d’un parti politique est une marque »
Décideurs. Pour quelles raisons un parti politique décide-t-il de changer de nom ?
Jean-Luc Mano. Le nom d’un parti politique est une marque. La mise en place d’une nouvelle ligne politique peut entraîner la nécessité de le renommer, à l’image du SFIO en 1971 au congrès d’Épinay, qui devient le parti socialiste (PS). La création de l’UMP illustre également la nécessité de faire évoluer le patronyme d’une formation politique. Avec l’arrivée des centristes en 2002, le RPR n’était plus d’actualité.
Le renouvellement de la dénomination d’un parti peut tout à fait résulter d’un accident industriel, à l’instar de l’UMP. Ce parti est « carbonisé ». Aujourd’hui, pour l’opinion publique, il rime avec la « tragi-comédie Fillon-Juppé » ou l’affaire Bygmalion. Le discrédit qui l’atteint depuis maintenant deux ans justifie un changement de nom.
Ensuite, si le style du parti est trop marqué, comme le Front national, il peut être avantageux de faire évoluer son sigle, son slogan ou son nom. Si le FN devient le Rassemblement Bleu Marine, son premier objectif est de repousser les excès et dérives de son fondateur Jean-Marie Le Pen.
Décideurs. Nicolas Sarkozy a également annoncé vouloir changer le nom de son parti.
J.-L. M. Le sigle UMP est mort. Ce renouvellement de dénomination fait penser à la création du RPR sous l’impulsion de Jacques Chirac qui n’avait pas choisi au hasard le terme de « rassemblement ». Pour Nicolas Sarkozy se cache le projet de tout changer. D’ailleurs, il s’interdit de prononcer le mot « UMP ».
Décideurs. Qu’attend t-on en règle générale d’un tel changement ?
J.-L. M. C’est évidemment du domaine du symbole. Lorsqu’une formation politique transforme sa dénomination, il en espère plusieurs effets : la relance de la machine, un certain renouveau ou la fin d’une stagnation. C’est un outil marketing avant tout.
Décideurs. Comment expliquez-vous que la droite ait déjà changé cinq fois de nom sous la Ve République, quand la gauche est fidèle au parti socialiste depuis 1971 ?
J.-L. M. S’il est vrai que la droite a beaucoup changé de dénomination depuis 1958, notons qu’il s’agit de changement mineurs qui relèvent plutôt de la nuance. Contrairement à la gauche, leur idéologie n’est pas présente dans leur nom. Leur singularité relève plus de l’homme qui porte le projet. Mais, le parti socialiste n’est pas en reste : en 2009, Manuel Valls avait proposé de refondre le nom de sa famille politique.
Propos recueillis par Camille Drieu
Jean-Luc Mano. Le nom d’un parti politique est une marque. La mise en place d’une nouvelle ligne politique peut entraîner la nécessité de le renommer, à l’image du SFIO en 1971 au congrès d’Épinay, qui devient le parti socialiste (PS). La création de l’UMP illustre également la nécessité de faire évoluer le patronyme d’une formation politique. Avec l’arrivée des centristes en 2002, le RPR n’était plus d’actualité.
Le renouvellement de la dénomination d’un parti peut tout à fait résulter d’un accident industriel, à l’instar de l’UMP. Ce parti est « carbonisé ». Aujourd’hui, pour l’opinion publique, il rime avec la « tragi-comédie Fillon-Juppé » ou l’affaire Bygmalion. Le discrédit qui l’atteint depuis maintenant deux ans justifie un changement de nom.
Ensuite, si le style du parti est trop marqué, comme le Front national, il peut être avantageux de faire évoluer son sigle, son slogan ou son nom. Si le FN devient le Rassemblement Bleu Marine, son premier objectif est de repousser les excès et dérives de son fondateur Jean-Marie Le Pen.
Décideurs. Nicolas Sarkozy a également annoncé vouloir changer le nom de son parti.
J.-L. M. Le sigle UMP est mort. Ce renouvellement de dénomination fait penser à la création du RPR sous l’impulsion de Jacques Chirac qui n’avait pas choisi au hasard le terme de « rassemblement ». Pour Nicolas Sarkozy se cache le projet de tout changer. D’ailleurs, il s’interdit de prononcer le mot « UMP ».
Décideurs. Qu’attend t-on en règle générale d’un tel changement ?
J.-L. M. C’est évidemment du domaine du symbole. Lorsqu’une formation politique transforme sa dénomination, il en espère plusieurs effets : la relance de la machine, un certain renouveau ou la fin d’une stagnation. C’est un outil marketing avant tout.
Décideurs. Comment expliquez-vous que la droite ait déjà changé cinq fois de nom sous la Ve République, quand la gauche est fidèle au parti socialiste depuis 1971 ?
J.-L. M. S’il est vrai que la droite a beaucoup changé de dénomination depuis 1958, notons qu’il s’agit de changement mineurs qui relèvent plutôt de la nuance. Contrairement à la gauche, leur idéologie n’est pas présente dans leur nom. Leur singularité relève plus de l’homme qui porte le projet. Mais, le parti socialiste n’est pas en reste : en 2009, Manuel Valls avait proposé de refondre le nom de sa famille politique.
Propos recueillis par Camille Drieu