Pour l'élue, « appeler Métropole du Grand Paris une métropole qui se résume à Paris et la petite couronne est aberrant ». 
Décideurs. Le 1er janvier 2016, le Grand Paris deviendra métropole européenne en reprenant sur son territoire les prérogatives du conseil général. À qui doit, selon vous, revenir le pouvoir économique : aux métropoles ou aux régions ?
Valérie Pécresse.
Aujourd'hui, celle qui a la compétence en matière économique, c'est la région. Il serait incompréhensible de partager cette compétence entre la métropole d'une part, sur le territoire de Paris et de la petite couronne, et la région d'autre part, limité au territoire de la grande couronne. Le problème, c'est qu’on multiplie les centres de décisions et donc la dispersion des compétences. Les Franciliens ne savent pas qui de la région, du département, de la commune et bientôt de la métropole est compétent en matière économique, d'emploi, de transport ou d'urbanisme. En matière de tourisme par exemple, la région dépense vingt millions d'euros chaque année pour financer un comité régional du tourisme, alors que cette compétence est également exercée par les communes et les départements. Un même dossier peut donc faire l'objet d'instructions multiples. Quelle est l'efficacité d'une telle répartition ? Aucune. Cela est coûteux et inefficace !

Décideurs. Vous affirmez que la Métropole du Grand Paris est « une mauvaise réponse à un vrai problème ». Pour quelles raisons ?
V. P.
Le « vrai problème » que l’on doit résoudre aujourd’hui, à l’échelle de la région, c’est celui des transports, du logement, de l’emploi et de la qualité de vie. Or, ce n’est pas en dispersant les compétences et en recréant un peu plus loin la barrière du périphérique qu’on arrivera à dynamiser l’Île-de-France, en particulier l’Est de la région. Appeler métropole du Grand Paris (MGP) une métropole qui se résume à Paris et la petite couronne est aberrant. Comment peut-on concevoir que cette métropole ne soit pas envisagée à l'échelle de la région ? Faire une métropole sans Roissy, sans le plateau de Saclay, et sans les villes nouvelles est complètement absurde. Par ailleurs, il est incompréhensible qu’on déconnecte les transports et le développement économique, qui dépendent de la région, du logement qui devrait être confié à la métropole. Au final, c'est un Grand Paris au rabais. Le périmètre de la MGP a été uniquement pensé pour que la métropole soit dirigée par la gauche et ironie du sort, la droite y sera malgré tout majoritaire.


Décideurs. Le sénateur Vincent Delahaye propose que la future Métropole du Grand Paris englobe l’ensemble de la région Île-de-France, plutôt que de se limiter à Paris et la petite couronne. Qu’en pensez-vous ?
V. P.
C’est le bon sens. Le projet de métropole instaure une véritable fracture entre Paris et la petite couronne, très urbanisée, dynamique et riche en emplois, et la zone péri-urbaine et rurale de la grande couronne. Cette fracture n'est ni justifiée, ni justifiable. C’est méconnaître les habitudes et les modes de vie des Franciliens qui habitent en périphérie et travaillent dans le centre de Paris ou réciproquement. Au lieu de dresser de nouvelles barrières administratives, il faut plutôt les réduire. Il faut concentrer notre énergie à bâtir des projets pour les Franciliens plutôt que d’inventer de nouvelles administrations pour les élus.

Décideurs. Quel serait votre projet pour la Métropole du Grand Paris ?
V. P.
Le Grand Paris mérite mieux qu’une annexion de la petite couronne et une reconstitution du département de la Seine dissout en 1968. Mon projet pour le Grand Paris est celui d’une métropole à l’échelle de la région, qui serait compétente en matière d’aménagement du territoire, d’urbanisme, de transport, de développement économique, d’éducation, de formation professionnelle et de politique de recherche. C’est pourquoi je n’ai cessé de préconiser la fusion des départements et de la région, avec une métropole qui s’étendrait sur l’intégralité du territoire francilien. Cela implique notamment la réduction du nombre d’élus, la suppression de la clause de compétence générale sauf pour les communes, la spécialisation des compétences et des ressources entre les différentes collectivités. Consciente que les problématiques des Franciliens et les réalités ne sont pas les mêmes entre Paris et Bry-sur-Marne, ou entre Cergy et Provins, je suis favorable au renforcement des pouvoirs des intercommunalités qui incarnent l’identité des territoires et qui sont confrontées à la gestion quotidienne des problèmes des Franciliens.

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