Cécile Duflot et Pascal Canfin, anciens ministres sous les gouvernements Ayrault, reviennent sur leur expérience. Sans concession.
Les Verts ne sont pas contents et l’écrivent
« Qui veut ne rien faire trouve des excuses »la vie quotidienne de ministres « minoritaires dans un gouvernement majoritaire ». Une histoire qui laisse aux deux intéressés un goût amer.
Premier à dégainer l’arme du livre politique qui paraît quelques semaines après une démission : Pascal Canfin, ancien ministre du Développement jusqu’en mars 2014. Député européen EELV, c’est lui qui a préparé le programme économique de la candidate Eva Joly en 2012. Il a bénéficié de l’ouverture opérée par François Hollande au lendemain de son élection, en remerciement de la consigne de vote des Verts.
« Qui veut ne rien faire trouve des excuses »
Mais le mariage dure peu et le divorce s’annonce dès l’incipit de son ouvrage Imaginons (éditions Les petits matins, août 2014) – série d’entretiens avec six Français dont une ouvrière à la chaîne, une cadre de Pôle emploi, le patron d’une PME du BTP, un financier, une infirmière et un responsable associatif –, avec un proverbe arabe : « Qui veut faire quelque chose trouve un moyen, qui veut ne rien faire trouve des excuses. » Ambiance. L’ancien journaliste économique poursuit sur sa décision, avec Cécile Duflot, de quitter le gouvernement le 31 mars dernier.
En cause : les orientations économiques dévoilées dès le 14 janvier : « Plus vite, plus loin, plus fort… dans le mur ». Il y décrit également l’isolement de sa position de ministre ou le poids hallucinant des lobbies à Bruxelles et dénonce la politique unique et excluante du gouvernement de Jean-Marc Ayrault qui privilégie le Pacte de responsabilité au détriment de toute politique d’investissements verts, ainsi que le « socialisme de l’offre ». À plusieurs reprise, il écrit : « Il faut reconstruire l’espoir. »
« Le mec de gauche qui tient des discours de droite, c'est un peu l'écolo qui défend le nucléaire »
Seconde à sortir l’artillerie lourde, Cécile Duflot, ex-ministre du Logement, ne mâche également pas ses mots. Dans son ouvrage, De l'intérieur, voyage au pays de la désillusion (éditions Fayard, août 2014), l’ex-secrétaire nationale des Verts opte pour le récit quasi intimiste de son expérience ministérielle à l’hôtel de Castries. En prennent pêle-mêle pour leur grade : François Hollande, Manuel Valls, Jérôme Cahuzac et le reste du gouvernement.
Sur le Président, elle déclare : « Son problème n'est pas de ne pas savoir décider, c'est de toujours vouloir trouver la solution qui ne fait pas de vagues. Résultat, cela ne fait pas de vagues, mais cela crée un tourbillon qui aspire tout le monde vers le fond. Faute d'avoir voulu être un président de gauche, il n'a jamais trouvé ni sa base sociale ni ses soutiens (…) À force d'avoir voulu être le président de tous, il n'a su être le président de personne (…) J'ai essayé de l'aider à tenir ses promesses, de l'inciter à changer la vie des gens, de le pousser à mener une vraie politique de gauche. Et j'ai échoué. Alors je suis partie. ».
Sur le Premier ministre, elle n’est guère plus tendre : « La figure est facile : le mec de gauche qui tient des discours de droite, c'est un peu l'écolo qui défend le nucléaire ! (…) À force de reprendre les arguments et les mots de la droite, de trouver moderne de briser les tabous, et donc de défendre la fin des trente-cinq heures, de dénoncer les impôts, de s'en prendre aux Roms, de prôner la déchéance de la nationalité pour certains condamnés, de taper sur les grévistes, quelle est la différence avec la droite ? »
Et sur l’ancien ministre des Finances au compte suisse caché, elle se remémore : « On dit de lui qu’il est brillant et bel homme, je le découvrirai méprisant et brutal » et poursuit : « L’affaire Cahuzac dure de longues semaines. Des ministres, des députés me confient qu’ils savaient depuis longtemps. Je n’en reviens pas. S’ils étaient au courant, pourquoi l’ont-ils laissé nommer ministre du Budget ? Ce n’est pas juste l’histoire d’une dérive personnelle, d’un menteur patenté. Cette affaire montre aussi l’aveuglement et l’hypocrisie qui peuvent régner. »
Premier à dégainer l’arme du livre politique qui paraît quelques semaines après une démission : Pascal Canfin, ancien ministre du Développement jusqu’en mars 2014. Député européen EELV, c’est lui qui a préparé le programme économique de la candidate Eva Joly en 2012. Il a bénéficié de l’ouverture opérée par François Hollande au lendemain de son élection, en remerciement de la consigne de vote des Verts.
« Qui veut ne rien faire trouve des excuses »
Mais le mariage dure peu et le divorce s’annonce dès l’incipit de son ouvrage Imaginons (éditions Les petits matins, août 2014) – série d’entretiens avec six Français dont une ouvrière à la chaîne, une cadre de Pôle emploi, le patron d’une PME du BTP, un financier, une infirmière et un responsable associatif –, avec un proverbe arabe : « Qui veut faire quelque chose trouve un moyen, qui veut ne rien faire trouve des excuses. » Ambiance. L’ancien journaliste économique poursuit sur sa décision, avec Cécile Duflot, de quitter le gouvernement le 31 mars dernier.
En cause : les orientations économiques dévoilées dès le 14 janvier : « Plus vite, plus loin, plus fort… dans le mur ». Il y décrit également l’isolement de sa position de ministre ou le poids hallucinant des lobbies à Bruxelles et dénonce la politique unique et excluante du gouvernement de Jean-Marc Ayrault qui privilégie le Pacte de responsabilité au détriment de toute politique d’investissements verts, ainsi que le « socialisme de l’offre ». À plusieurs reprise, il écrit : « Il faut reconstruire l’espoir. »
« Le mec de gauche qui tient des discours de droite, c'est un peu l'écolo qui défend le nucléaire »
Seconde à sortir l’artillerie lourde, Cécile Duflot, ex-ministre du Logement, ne mâche également pas ses mots. Dans son ouvrage, De l'intérieur, voyage au pays de la désillusion (éditions Fayard, août 2014), l’ex-secrétaire nationale des Verts opte pour le récit quasi intimiste de son expérience ministérielle à l’hôtel de Castries. En prennent pêle-mêle pour leur grade : François Hollande, Manuel Valls, Jérôme Cahuzac et le reste du gouvernement.
Sur le Président, elle déclare : « Son problème n'est pas de ne pas savoir décider, c'est de toujours vouloir trouver la solution qui ne fait pas de vagues. Résultat, cela ne fait pas de vagues, mais cela crée un tourbillon qui aspire tout le monde vers le fond. Faute d'avoir voulu être un président de gauche, il n'a jamais trouvé ni sa base sociale ni ses soutiens (…) À force d'avoir voulu être le président de tous, il n'a su être le président de personne (…) J'ai essayé de l'aider à tenir ses promesses, de l'inciter à changer la vie des gens, de le pousser à mener une vraie politique de gauche. Et j'ai échoué. Alors je suis partie. ».
Sur le Premier ministre, elle n’est guère plus tendre : « La figure est facile : le mec de gauche qui tient des discours de droite, c'est un peu l'écolo qui défend le nucléaire ! (…) À force de reprendre les arguments et les mots de la droite, de trouver moderne de briser les tabous, et donc de défendre la fin des trente-cinq heures, de dénoncer les impôts, de s'en prendre aux Roms, de prôner la déchéance de la nationalité pour certains condamnés, de taper sur les grévistes, quelle est la différence avec la droite ? »
Et sur l’ancien ministre des Finances au compte suisse caché, elle se remémore : « On dit de lui qu’il est brillant et bel homme, je le découvrirai méprisant et brutal » et poursuit : « L’affaire Cahuzac dure de longues semaines. Des ministres, des députés me confient qu’ils savaient depuis longtemps. Je n’en reviens pas. S’ils étaient au courant, pourquoi l’ont-ils laissé nommer ministre du Budget ? Ce n’est pas juste l’histoire d’une dérive personnelle, d’un menteur patenté. Cette affaire montre aussi l’aveuglement et l’hypocrisie qui peuvent régner. »