Qu'on se le dise : hommes et femmes ne votent plus pareil.
Comment votent les femmes ?
« Il n’existe plus de vote féminin. Il y a désormais une stricte égalité entre hommes et femmes », prévient d’entrée Emmanuel Rivière, directeur de la business team stratégies d'opinion de TNS Sofres.
Du rapprochement à l’indépendance
Il est loin le temps de l’épouse qui glissait dans l’urne le même bulletin que son mari. Ou celui de femmes privilégiant les partis conservateurs et confessionnels au détriment des partis de gauche – socialistes et communistes. Révolue également l’époque où dames et demoiselles votaient en rébellion contre la figure paternelle.
N’en déplaise aux mâles et aux machos, les femmes sont des électrices qui ne se positionnent pas exclusivement en fonction de leur genre. « Depuis les années 1980, on assiste à un rapprochement entre ce que pensent les hommes et les femmes », explique Jean-Daniel Lévy, directeur du département opinion de Harris Interactive.
Durant ces années-là, l’alignement des comportements entre les deux genres s’est opéré à partir d’un basculement progressif des votes des femmes vers la gauche. Une décennie plus tard, on a assisté à un réalignement du rapport. « Les femmes tendent à choisir plus souvent les partis de gauche sociaux-démocrates et les Verts, là où ces partis se développent. Les hommes optant davantage pour les partis de droite », écrit Mariette Sineau*, directrice de recherche CNRS au Cevipof, et spécialiste de la question du genre en politique.
Les politologues appellent cela le « gender gap ». Il s’agit de l’analyse des divergences politiques entre les deux sexes. Dans une récente étude, Réjane Sénac et Maxime Parodi, respectivement chargée de recherche CNRS au Cevipof et chargé d’études à Sciences Po (OFCE) expliquent ce rapprochement : « En 2012, le rapprochement des profils sociodémographiques des femmes et des hommes, en particulier dans leur rapport à la religion, à l’éducation et au travail, est ainsi présenté comme un facteur explicatif du rapprochement du comportement électoral des femmes et des hommes. »
Aujourd’hui, les femmes se prononcent en toute indépendance. « Si elles votent comme leur mari, c’est simplement parce qu’ils appartiennent au même milieu », précise Janine Mossuz-Lavau, directrice de recherche CNRS au Cevipof. Les différences significatives se font entre CSP, sympathisants de gauche ou droite, ou bien encore en fonction de la proximité religieuse… « Mais pas entre homme et femme. Il n’y a pas de spécificité de l’opinion des femmes », conclut Éric Bonnet, directeur des études politiques BVA Opinion.
Julien Beauhaire
* Le Nouveau Désordre électoral. Les leçons du 21 avril 2002, sous la direction de Bruno Cautrès et Nonna Mayer, Presses de Sciences Po (2004, pp. 207-228).
** Gender gap à la française : recomposition ou dépassement lors de l’élection présidentielle de 2012, Revue française de science politique, Presses de Sciences Po (2013/2, Vol. 63, pp. 225-248)
Lire également : Les femmes et le Président
Visuel d'illustration © Bibliothèque de documentation internationale contemporaine / MHC
Du rapprochement à l’indépendance
Il est loin le temps de l’épouse qui glissait dans l’urne le même bulletin que son mari. Ou celui de femmes privilégiant les partis conservateurs et confessionnels au détriment des partis de gauche – socialistes et communistes. Révolue également l’époque où dames et demoiselles votaient en rébellion contre la figure paternelle.
N’en déplaise aux mâles et aux machos, les femmes sont des électrices qui ne se positionnent pas exclusivement en fonction de leur genre. « Depuis les années 1980, on assiste à un rapprochement entre ce que pensent les hommes et les femmes », explique Jean-Daniel Lévy, directeur du département opinion de Harris Interactive.
Durant ces années-là, l’alignement des comportements entre les deux genres s’est opéré à partir d’un basculement progressif des votes des femmes vers la gauche. Une décennie plus tard, on a assisté à un réalignement du rapport. « Les femmes tendent à choisir plus souvent les partis de gauche sociaux-démocrates et les Verts, là où ces partis se développent. Les hommes optant davantage pour les partis de droite », écrit Mariette Sineau*, directrice de recherche CNRS au Cevipof, et spécialiste de la question du genre en politique.
Les politologues appellent cela le « gender gap ». Il s’agit de l’analyse des divergences politiques entre les deux sexes. Dans une récente étude, Réjane Sénac et Maxime Parodi, respectivement chargée de recherche CNRS au Cevipof et chargé d’études à Sciences Po (OFCE) expliquent ce rapprochement : « En 2012, le rapprochement des profils sociodémographiques des femmes et des hommes, en particulier dans leur rapport à la religion, à l’éducation et au travail, est ainsi présenté comme un facteur explicatif du rapprochement du comportement électoral des femmes et des hommes. »
Aujourd’hui, les femmes se prononcent en toute indépendance. « Si elles votent comme leur mari, c’est simplement parce qu’ils appartiennent au même milieu », précise Janine Mossuz-Lavau, directrice de recherche CNRS au Cevipof. Les différences significatives se font entre CSP, sympathisants de gauche ou droite, ou bien encore en fonction de la proximité religieuse… « Mais pas entre homme et femme. Il n’y a pas de spécificité de l’opinion des femmes », conclut Éric Bonnet, directeur des études politiques BVA Opinion.
Julien Beauhaire
* Le Nouveau Désordre électoral. Les leçons du 21 avril 2002, sous la direction de Bruno Cautrès et Nonna Mayer, Presses de Sciences Po (2004, pp. 207-228).
** Gender gap à la française : recomposition ou dépassement lors de l’élection présidentielle de 2012, Revue française de science politique, Presses de Sciences Po (2013/2, Vol. 63, pp. 225-248)
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Visuel d'illustration © Bibliothèque de documentation internationale contemporaine / MHC