Le parfum des inégalités entre hommes et femmes flotte toujours dans le monde du capital-investissement.
Private equity : ce que pensent les femmes
« J’ai accepté un maigre salaire parce que je n’ai pas osé négocier, j’étais jeune… », raconte cette directrice de participations. « Régulièrement, je me rends en mission accompagnée de mon stagiaire. Il est courant que le client s’adresse à lui parce que c’est un homme », ironise cette directrice associée d’un fond mid-cap. « Pour vous, ce n’est pas un problème de rencontrer un dirigeant de PME de 55 ans ? », a lourdement été questionnée cette directrice associée dans un fonds small-cap lors de son entretien d’embauche.
En renfort de ces anecdotes, les chiffres ont aussi leur mot à dire. Dans les métiers du capital-investissement, le nombre de femmes au sein des effectifs des GPs stagne depuis 2011 à 39 % selon une étude de fin 2013 réalisée par Deloitte-Afic avec Elles. Une répartition plutôt honorable qui cache dans les faits une réelle disparité. Surreprésentées dans les back-offices (62 %) et les fonctions supports (88 %), les femmes ne pèsent que 17 % dans les équipes d’investissement (hors stagiaires). Comment expliquer que les hommes représentent encore aujourd’hui 81 % et 92 % des effectifs aux grades de directeur de participations et associé ? « Jusqu’au poste de directeur investissement, les échelons sont relativement faciles à gravir, explique Virginie Grouselle, récemment nommée responsable corporate advisory chez LCL et en charge du coverage des fonds, c’est après que le plafond de verre se durcit. »
« Lentement mais sûrement »
Bien souvent, le problème réside dans l’étape de la cooptation par les associés. À ce stade, nombreuses sont les femmes à renoncer. « Elles choisissent de bifurquer vers des typologies de fonds de plus petite taille pour redonner du sens à leurs métiers, renouer avec le facteur humain et l’intuitue personae », constate Virginie Grouselle. Aucune femme n’a ainsi été promue au rang d’associée en 2012. Un constat qui entre en résonance avec la dégringolade de 20 % à 15 % de la part des femmes dans le total des promotions au sein des équipes sur les quatre dernières années.
Sur dix investisseurs, Anne-Laure Mougenot, directeur de participations, est la seule femme chez Nixen. Même chose pour Cécile Nguyen-Cluzel, seule partner parmi les sept associés de MBO Partenaires. Au sein du fonds suédois IK Investment Partners, Diki Korniloff était en 2012 la seconde femme au sein d’une équipe de vingt-cinq investisseurs. Pour Claire Deguerry, associée transaction services de Deloitte et en charge de l’enquête Club Afic avec Elles, « cela bouge lentement mais sûrement. » Pourtant, dans l’étude publiée en octobre dernier par Financi’Elles [fédération des réseaux mixtes de femmes du secteur financier], seules 37 % des cadres estiment que la situation des femmes s'est améliorée au cours des trois dernières années, contre 66 % des hommes.
Mixité et critères ESG
Plus inquiétant est l’immobilisme des GPs dont l’intérêt pour la parité décline depuis quatre ans. Ils étaient 41 % à déclarer avoir un objectif de mixité au sein de leurs équipes en 2012, contre 48 % en 2010 et 45 % en 2011. Petite lueur d’espoir en octobre dernier avec la publication par l’Association des fonds d’investissement français (Afic) du premier bilan sur l’utilisation des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) par les sociétés de gestion. Il apparaît que 62 % d’entre elles ont déjà une politique ESG formalisée et que 35 % de leurs participations font l’objet d’un suivi en la matière. Encourageant. Excepté que « dans la plupart des cas, la mixité n’est pas prise en compte dans ces fameux critères d’investissement responsable », constate la responsable corporate advisory de LCL. Un mauvais calcul des GPs confirmé par l’étude publiée en 2013 par Rothstein Kass qui révèle que les quatre-vingt deux hedges funds dirigés par des femmes sont les plus performants : + 9,8 % de rentabilité contre 6,13 % pour l’indice global. Une tendance confirmée entre 2007 et 2013 avec sur la période + 6 % de rentabilité pour ces dames, contre un recul de 1,1 % au global.
Émilie Vidaud
En renfort de ces anecdotes, les chiffres ont aussi leur mot à dire. Dans les métiers du capital-investissement, le nombre de femmes au sein des effectifs des GPs stagne depuis 2011 à 39 % selon une étude de fin 2013 réalisée par Deloitte-Afic avec Elles. Une répartition plutôt honorable qui cache dans les faits une réelle disparité. Surreprésentées dans les back-offices (62 %) et les fonctions supports (88 %), les femmes ne pèsent que 17 % dans les équipes d’investissement (hors stagiaires). Comment expliquer que les hommes représentent encore aujourd’hui 81 % et 92 % des effectifs aux grades de directeur de participations et associé ? « Jusqu’au poste de directeur investissement, les échelons sont relativement faciles à gravir, explique Virginie Grouselle, récemment nommée responsable corporate advisory chez LCL et en charge du coverage des fonds, c’est après que le plafond de verre se durcit. »
« Lentement mais sûrement »
Bien souvent, le problème réside dans l’étape de la cooptation par les associés. À ce stade, nombreuses sont les femmes à renoncer. « Elles choisissent de bifurquer vers des typologies de fonds de plus petite taille pour redonner du sens à leurs métiers, renouer avec le facteur humain et l’intuitue personae », constate Virginie Grouselle. Aucune femme n’a ainsi été promue au rang d’associée en 2012. Un constat qui entre en résonance avec la dégringolade de 20 % à 15 % de la part des femmes dans le total des promotions au sein des équipes sur les quatre dernières années.
Sur dix investisseurs, Anne-Laure Mougenot, directeur de participations, est la seule femme chez Nixen. Même chose pour Cécile Nguyen-Cluzel, seule partner parmi les sept associés de MBO Partenaires. Au sein du fonds suédois IK Investment Partners, Diki Korniloff était en 2012 la seconde femme au sein d’une équipe de vingt-cinq investisseurs. Pour Claire Deguerry, associée transaction services de Deloitte et en charge de l’enquête Club Afic avec Elles, « cela bouge lentement mais sûrement. » Pourtant, dans l’étude publiée en octobre dernier par Financi’Elles [fédération des réseaux mixtes de femmes du secteur financier], seules 37 % des cadres estiment que la situation des femmes s'est améliorée au cours des trois dernières années, contre 66 % des hommes.
Mixité et critères ESG
Plus inquiétant est l’immobilisme des GPs dont l’intérêt pour la parité décline depuis quatre ans. Ils étaient 41 % à déclarer avoir un objectif de mixité au sein de leurs équipes en 2012, contre 48 % en 2010 et 45 % en 2011. Petite lueur d’espoir en octobre dernier avec la publication par l’Association des fonds d’investissement français (Afic) du premier bilan sur l’utilisation des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) par les sociétés de gestion. Il apparaît que 62 % d’entre elles ont déjà une politique ESG formalisée et que 35 % de leurs participations font l’objet d’un suivi en la matière. Encourageant. Excepté que « dans la plupart des cas, la mixité n’est pas prise en compte dans ces fameux critères d’investissement responsable », constate la responsable corporate advisory de LCL. Un mauvais calcul des GPs confirmé par l’étude publiée en 2013 par Rothstein Kass qui révèle que les quatre-vingt deux hedges funds dirigés par des femmes sont les plus performants : + 9,8 % de rentabilité contre 6,13 % pour l’indice global. Une tendance confirmée entre 2007 et 2013 avec sur la période + 6 % de rentabilité pour ces dames, contre un recul de 1,1 % au global.
Émilie Vidaud
Retrouvez les dix femmes qui montent en 2014
Vivianne Akriche, directrice investissement, Eurazeo Capital
Véronique Policard, directeur associé, Paluel-Marmont Capital
Delphine Larrandaburu, directrice de participations, BNP Paribas développement
Sophie Chateau, directeur associé, Weinberg Capital Partners
Bérangère Barbe, directeur associé, Sagard
Caroline Giral, principal, 21 Centrale Partners
Diki Korniloff, chargée d'affaires, IK Investement Partners
Cécile Nguyen-Cluzel, directeur associé, MBO Partenaires
Alexandra Dupont, associée, Raise
Laurence Bouttier, directrice de participations, Parquest Capital