Édito. Extrêmes limites
Accusés sans preuve de racisme, de fascisme et d’islamophobie, deux professeurs de l’IEP de Grenoble sont contraints de vivre sous protection policière pour ne pas connaître le même sort que Samuel Paty. Invitée à s’exprimer sur le sujet, l’Union syndicale de l’Institut d’études politiques s’est bornée à dénoncer "la récupération politique de l’extrême droite". Sans un mot de compassion pour les enseignants empêchés d’exercer le métier qu’ils aiment, elle réclamera même des sanctions à leur encontre.
Olivier Faure, secrétaire général du parti socialiste, clame son attachement à la laïcité. Réponse de Jean-Luc Mélenchon ? Le patron du parti à la rose est "le relai des inquisitions de l’extrême droite". Jeanne Barseghian, maire EELV de Strasbourg octroie une subvention de 2,5 millions d’euros à l’association musulmane turque Milli Gorus qui se vante de ne pas signer la charte républicaine garantissant notamment l’égalité entre les femmes et les hommes. Étrange pour un parti qui revendique son féminisme. Logiquement, cela interpelle le gouvernement. Réponse du parti écologiste ? Il porte plainte pour diffamation contre Marlène Schiappa et Gérald Darmanin. Il va de soi que les personnes s’inquiétant de cette obole sans contrepartie sont qualifiées "d’extrême droite". Enfin, Audrey Pulvar, candidate PS aux régionales en Ile-de-France estime que les réunions réservées aux personnes de couleur sont légitimes et que si les "Blancs" y sont tolérés, ils doivent "se taire". Encore une fois, émoi dans l’opinion publique. Encore une fois, un responsable de gauche, Benoît Hamon, condamne la "clique de racistes" qui osent se préoccuper de cette petite phrase qui en dit long. Dans la même veine, Clémentine Autain, candidate LFI dans la plus riche région de France pointera une "offensive de la droite et de l’extrême droite".
Même des membres du PS ou du PCF sont qualifiés de "sympathisants d'extrême droite"
Le mois de mars a permis de mieux comprendre les méthodes de la "nouvelle gauche". Elles sont simples et fonctionnent en deux temps. Première étape, importer dans le débat public une vision indigéniste et communautariste où toute action et toute opinion seraient liées à la couleur de son épiderme ou à sa religion, ce qui rompt avec l’universalisme républicain. Seconde étape, qualifier d’extrémistes de droite ceux qui s’écartent de cette nouvelle doxa. Quand bien même ils seraient membres du PS ou du parti communiste. Une technique idéale pour radicaliser certains militants, mais aussi pour faire fuir les électeurs les plus modérés qui rêvent seulement d’un avenir meilleur. Pas certain que celui-ci passe par les anathèmes, le refus du débat, la censure, les courbettes aux théocrates qui ne portent pas la République dans leur cœur et le fétichisme de la race. Des valeurs chéries par l’extrême droite. Et si la nouvelle gauche ressemblait à ceux qu’elle aime tant haïr ?
Lucas Jakubowicz