Ça y est, Éric Piolle a autorisé le burkini à Grenoble. Une décision qui va pénaliser les femmes, les féministes, les Verts et la gauche. Les salafistes, en revanche, peuvent se réjouir. Ils ont trouvé des idiots utiles parfaits.

29 voix pour, 27 voix contre. À une courte majorité, le conseil municipal de Grenoble a autorisé le port du burkini dans les piscines municipales de la ville le 16 mai au soir. Une décision prise à l’encontre de l’opinion publique, des maires de la communauté d’agglomération, d’une partie de la gauche voire de l’extrême gauche, du centre et de la droite. Pas de quoi alarmer le premier édile de la ville, le Vert Éric Piolle, qui se réjouit de cette avancée.

Mais finalement, à qui profite cette autorisation ?

 

Pas aux féministes

Le milieu "éco-féministe", "néo-féministe" ou "intersectionnel" est un fervent défenseur du burkini. Ce qui conduit à des situations qui auraient fait le miel de George Orwell : des militantes féministes se rangent aux côtés de salafistes pour promouvoir une tenue qui symbolise le patriarcat religieux, invisibilise les femmes, les renvoient à un statut "d’objet de convoitise". Naguère, les féministes auraient milité pour le droit de toutes à se mettre en bikini. Désormais, elles se rangent du côté d’associations islamistes, demandent à des victimes de ne pas porter plainte pour protéger un mouvement politique (affaire Bouhafs), lâchent en rase campagne une jeune lesbienne, Mila, coupable d’avoir blasphémé. Oui mais le tout en écriture inclusive ! Les féministes n’en sortent pas grandies et ne peuvent plus se targuer de défendre les libertés de toutes. Au contraire, selon l’origine certaines ont le droit d’être découvertes, d’autres non. Ç’en est fini de l’universalisme.

Des féministes qui reprennent des revendications de salafistes ? Même George Orwell n'aurait pas osé !

Pas aux Verts

Le burkini est un vêtement apparu au début du siècle dans un objectif d’affirmation identitaire. Son autorisation répondrait, selon certains, à un but électoraliste. En somme, il s’agirait d’attirer les voix musulmanes. Si cela est vrai, il s’agit d’une piètre stratégie. Rien n’indique que tous les musulmans soient favorables au burkini. Du reste, les élus grenoblois aux noms à consonance maghrébine ont voté contre. Cette position pro-burkini risque encore d’accentuer le côté "pastèque" ou "islamo-gauchiste" d’une frange incarnée par Sandrine Rousseau, laquelle occupe une place centrale dans l’appareil et chez les militants d’EELV. Leur vision de la société a contribué en grande partie à mener Yannick Jadot sous la barre des 5% à la dernière présidentielle. Pendant ce temps, les Verts allemands, plus modérés, sont au gouvernement. En somme, Éric Piolle fait plaisir à un noyau dur. Mais il va contribuer à faire fuir des milliers d’électeurs laïcs, universalistes, modérés et alarmés par les enjeux écologiques.

Pas à la gauche

La polémique suscitée par le burkini est du pain béni pour la majorité, la droite et l’extrême droite qui vont faire leur crème de ce vote en dépeignant la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) comme un agrégat de militants centrés sur des questions identitaires plus que sociales. Avec une probable efficacité puisque le burkini est un sujet clivant. Affaire Bouhafs, burkini, parachutages à gogo : la gauche unie aura plus de difficultés à évoquer son programme. Elle semble donc faire fi de la règle de base d’une stratégie électorale : dans les semaines qui précèdent une élection, il faut rassembler, éviter les sujets polémiques et clivants.

Qu'il est naif de penser que seins nus et burkinis cohabiteront dans un même lieu !

L’islam politique se frotte les mains

Finalement, les seuls gagnants de l’affaire sont les représentants de l’islam politique qui ont utilisé l’association pro-burkini Alliance citoyenne comme un cheval de Troie. Ces islamistes ou indigénistes très organisés cherchent à installer dans l’Hexagone un séparatisme religieux. Pour ce faire, ils utilisent une technique inspirée de l’extrême gauche : entrisme et stratégie d’influence.

Ils repèrent les élus les "plus malléables" puis cherchent à faire infuser leur idéologie. En la personne d’Éric Piolle ils sont tombés sur un idiot utile parfait. Lui et les partisans du burkini s’imaginent que femmes couvertes et seins nus cohabiteront parfaitement dans un lieu public. Les militants de l’islam politique, devenus des interlocuteurs des pouvoirs publics, doivent se tordre de rire. Ils sont tombés sur un élu qui autorise un symbole religieux et patriarcal au nom du droit des femmes. Que rêver de mieux ? Même Michel Houellebecq n’aurait pas imaginé un tel scénario dans Soumission.

Lucas Jakubowicz

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