Le modèle 70/20/10 : the end ?
Université de Princeton. Milieu des années 1990. Trois chercheurs découvrent un modèle qui « quantifie » l’apprentissage dans le monde du travail : 70 % viennent de l’expérience et de la pratique et 20 % de l’interaction avec son entourage. 90 % de nos acquis relèvent donc de l’informel et… seulement 10 % découlent de la formation traditionnelle. Les entreprises, qu’importe leur engagement, ne pourraient-elles maîtriser qu’un dixième de l’apprentissage de leurs salariés ? Difficilement acceptable pour celles qui financent la formation professionnelle à hauteur de 13,79 milliards d’euros par an. Les nouveaux modes d’apprentissage mixtes et le digital disqualifient cette classification. Mentoring, blended learning, serious game, e-learning et séminaires relèvent autant de l’informel que du formel. « Le 70/20/10 est un cadre de référence. Il ne faut pas le voir comme des silos, mais plutôt comme un continuum, une série de vagues », défend Charles Jenning. Les Américains ont déjà engagé la réflexion sur la combinaison de ces trois moments de formation : comment diffuser un fragment de formation informelle, échangé autour de la machine à café entre pairs, à tous les collaborateurs de l’entreprise ? La clé du succès pour Alexis Hluszko, président du Garf : « Apprendre sans former. » Sana Ronda, présidente de Linguaphone, approuve et préconise de décloisonner les moments de formation : « Le collaborateur entre en formation comme il entrerait dans une secte. » Alors que chaque situation professionnelle devient une source d’apprentissage, l’employeur a tout intérêt à miser sur des environnements nourrissants en créant des solutions au cas par cas et en adaptant les formats aux préférences pédagogiques, aux habitudes et surtout aux générations. Bien loin, donc, d’un modèle unique ! Les frontières s’effritent entre les 70/20/10, laissant une réelle liberté aux organisations apprenantes. Grand groupe international ou PME locale, entreprise libérée ou ubérisée, travail salarié ou indépendant… Une obsolescence du modèle qui suit celle de l’entreprise classique.
V. L.