Et si les DRH étaient les grands gagnants de la crise sanitaire ?
Boston Consulting Group (BCG) et l'Association Nationale des DRH (ANDRH) ont mené conjointement une enquête auprès de 588 professionnels RH français pour décrypter leur vision sur les enjeux du futur du travail jusqu’à 2025. La fonction RH s'inscrit au coeur des nouvelles stratégies d'entreprise.
Modèle hybride
Sans surprise, l’étude souligne qu’ici à 2025 les DRH ont pour première préoccupation la mise en place au sein des entreprises des modes de travail hybride. Celui-ci s’est en effet introduit dans bon nombre de sociétés comme la norme et le télétravail se stabilise avec deux jours par semaine en moyenne. " Les DRH ne s’étaient pas trompés. Comme ils l’anticipaient en 2020, le travail hybride s’est normalisé. Le télétravail cinq jours par semaine, lui, n’existe quasiment pas et n’a pas vocation à devenir la norme. Cette projection n’est évoquée que par 1% des répondants", précise Audrey Richard, présidente nationale de l’ANDRH et DRH groupe et engagement des salariés chez Up. Par ailleurs, ce changement de paradigme n’est pas sans susciter de nouveaux enjeux managériaux.
Pratiques managériales bouleversées
" Cette crise a prouvé la place centrale de l’humain dans l’entreprise. La fonction RH porte une responsabilité essentielle pour faire vivre durablement cette évolution du travail désormais ancrée " Benoît Serre
Les attentes des collaborateurs ont également évolué. Pour 90% des répondants, les talents expriment des attentes différentes dans cette période post-Covid : le partage du sens, une meilleure délégation et davantage de flexibilité sont les priorités des salariés. La capacité à redéfinir le rôle des managers en ce sens apparaît comme fondamentale dans les années à venir : "La pandémie a bouleversé l’organisation du travail et avec elle le rôle du manager " observe Laurence Breton-Kueny, vice-présidente de l’ANDRH et DRH du groupe Afnor.
Pour 70 % des répondants à l’enquête, la transformation de ce rôle sera clé pour le futur du travail. Quant aux fonctions RH, elles se rapprochent des directions et sont davantage impliquées dans les stratégies globales des entreprises.
Une fonction au cœur des stratégies d’entreprise
Une autre donnée importante ressort de cette étude : les prérogatives de la fonction RH ont été redéfinies. En effet, 60 % des répondants estiment avoir été sollicités au-delà de ses prérogatives classiques. "Cette crise a prouvé la place centrale de l’humain dans l’entreprise. La fonction RH porte une responsabilité essentielle pour faire vivre durablement cette évolution du travail désormais ancrée", observe Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH et DRH de L’Oréal France.
"Les DRH vont devoir se mobiliser pour accompagner les directions générales et mener de front les deux grandes transformations - digitale et environnementale - qui sont à l’agenda des dirigeants " Vinciane Beauchene
Au sein des stratégies à venir, les transformations digitales représentent la première préoccupation des DRH : 75% d’entre eux considèrent l’accélération de la transformation digitale comme prioritaire. Cependant, face aux chantiers de la diversité et de la mise en place d’organisations de travail plus agiles, ils ne sont pas encore certains d’y contribuer de façon majeure ." Les DRH vont devoir se mobiliser pour accompagner les directions générales et mener de front les deux grandes transformations - digitale et environnementale - qui sont à l’agenda des dirigeants " précise Vinciane Beauchene, directrice associée chez BCG.
Si les DRH reconnaissent que les risques existent autour du travail hybride (RPS, déséquilibre vie personnelle/professionnelle, inégalité femmes-hommes), cependant ils ne sont que peu nombreux à les constater actuellement. Leur attention semble se porter davantage sur le rôle du manager qu’il faut redéfinir afin d’assurer la réussite du travail hybride. Renforcée par la pandémie, la population RH semble plus que jamais à même de voir son champ d’action s’agrandir.
Elsa Guérin