Absentéisme au travail, la réalité derrière les chiffres
Selon une enquête réalisée par l’Ifop, en collaboration avec Diot-Siaci, sur un échantillon représentatif de 3 130 personnes, 32% des salariés ont été arrêtés au moins une journée au cours de l’année 2021. La pandémie et les confinements successifs ont clairement accéléré le développement de l’absentéisme au travail. L’étude révèle que la durée moyenne des absences a augmenté de 20,4% entre 2019 et 2021. Néanmoins, la crise sanitaire n’est pas la seule responsable du boom de l’absentéisme. Au contraire, elle semble avoir accéléré la prise de conscience de certains salariés sur leurs conditions de travail…
Des secteurs mis à rude épreuve
Les secteurs les plus touchés sont ceux de la santé et du commerce : respectivement ils cumulent un taux d’absentéisme de 8,13% et 6,92% en 2021 (source : "Les salariés et l’absentéisme au travail", enquête réalisée par l’Ifop et Diot-Siaci, mars 2022).Toutes les catégories d'emploi ont davantage eu recours aux arrêts maladie en 2020, au plus fort de la crise sanitaire. En 2021, ce sont les ouvriers et les employés administratifs qui figurent en tête. Au niveau géographique, les régions les plus touchées par le phénomène croissant de l’absentéisme sont les Hauts-de-France (7,17%) et le Grand Est (6,90%), suivies de près par Provence-Alpes-Côte d’Azur (5,65%).
Des arrêts aux motifs variés
Covid, isolement obligatoire, burnout, stress, perte de sens, surcharge de travail… il est toujours difficile, pour l’employeur, de connaître les véritables raisons d’un arrêt maladie. L’enquête indique que, parmi les travailleurs absents au moins un jour par an, 50% estiment exercer un métier susceptible d’avoir des conséquences négatives sur leur santé physique, 57% sont stressés par leur cadre de travail, 49% pensent ne pas être reconnus à leur juste valeur et 34% considèrent que leur charge de travail s’est considérablement accrue. Par ailleurs, la durée moyenne d’un arrêt est passée de 17,7 jours à 21,4 entre 2019 et 2021. Des données alarmantes qui prouvent que la santé mentale est, bien souvent, à l’origine d’un arrêt maladie.
"32% des salariés ont été arrêtés sur l'année 2021".
Quelles solutions ?
Sabeiha Bouchakour, directrice QVT, prévention et absentéisme chez Diot-Siaci, indique que "L’ergonomie, les modes de management, la charge de travail et la reconnaissance sont clairement identifiés comme les leviers dont nous disposons pour agir. Les considérations vagues ou abstraites liées au "bien-être" doivent laisser place à une analyse pragmatique et systémique de l’organisation du travail". Interrogée à ce sujet, Audrey Dubois, Directrice des relations sociales chez Canon France, explique que des ateliers à destination des managers ont été mis en place afin de partager de bonnes pratiques et de les accompagner dans la prévention des risques psychosociaux. Du côté de la direction, Canon France s’attache à faire le lien avec la médecine du travail et a à cœur de suivre ses collaborateurs, dans leur retour à l’emploi. Audrey Dubois ajoute que "la montée de l’absentéisme peut également être vue comme une conséquence du contexte sanitaire actuel. En effet, de plus en plus, les salariés s’interrogent sur la place qu’occupe le travail dans leur vie. Par ailleurs, je ne crois pas qu’il y ait de solution miracle à l’absentéisme : l’absentéisme zéro n’existe pas. Mais une chose est certaine, il faut être extrêmement attentif à la qualité de vie au travail offerte aux collaborateurs".
Clémence Galland