Les réseaux féminins ont le vent en poupe et ne cessent de se multiplier. À l’heure des lois Copé-Zimmerman et Rixain, la question de leur utilité se pose plus que jamais.

À l’occasion de la Journée Internationale des droits des femmes, l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises a actualisé son étude sur les réseaux féminins en entreprise. Présents en France depuis le début des années 2000, ces derniers connaissent un regain d’intérêt et d’attractivité. On en dénombre, aujourd’hui, entre 300 et 500 dans l’Hexagone, notamment au sein de la plupart des grandes entreprises (réseau MixCity de BNP Paribas, Énergies de femmes d’EDF, Twice de Total, etc.). Dédiés à un secteur d’activité, une profession ou une entreprise, ces réseaux ont le même objectif : aider les femmes à acquérir l’égalité professionnelle et à évoluer dans leur carrière.

Un intérêt spécifique

Il est pour cela nécessaire de briser le plafond de verre, phénomène identifié dans les années 1970 et qui touche la carrière des femmes au moment où celles-ci tentent de quitter les postes dits "opérationnels" pour des postes plus stratégiques. Emmanuelle Gagliardi, cofondatrice de l’agence CONNECTING WoMEN, indique qu’en France, 40% de femmes cadres sont dénombrées contre 20% de femmes cadres supérieurs. Preuve que les femmes se retrouvent bloquées par un obstacle invisible lorsqu’il s’agit d’évoluer vers de plus grandes responsabilités et de gravir les échelons de leur entreprise.

Il existe entre 300 et 500 réseaux féminins en entreprise

Des causes communes

L’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises décline les actions des réseaux féminins en plusieurs axes : développement personnel, partage des compétences "métier" et managériales, sensibilisation à la mixité, réseautage, organisation du travail ou encore articulation entre vie professionnelle et vie personnelle, féminisation des instances dirigeantes, égalité professionnelle et salariale et lutte contre les violences faites aux femmes. L’obligation des entreprises de plus de 50 salariés à calculer et publier, chaque année, la note globale de leur index d’égalité femmes-hommes explique également cette explosion des réseaux féminins en entreprise.

Des modes d’action identifiés

Les réseaux féminins ont des objectifs concrets : aider les femmes à s’emparer de postes stratégiques et briser le fameux plafond de verre. Emmanuelle Gagliardi précise que "ce n’est pas parce qu’il y a de nombreuses femmes dans un secteur, notamment dans le luxe, l’hygiène ou la beauté, qu’il n’y a pas de plafond de verre". Elle est à l’origine de l’identification d’une trilogie d’action : le networking et le branding, le mentoring et le coaching. Le networking se veut être l’adjuvant des femmes afin de les aider à avancer plus vite dans leur carrière et le branding leur apprend à construire et mettre au point leur propre identité de marque. Le but du mentoring est d’inspirer les femmes et de les motiver. Quant au coaching, il s’agit de les aider à prendre confiance en leurs compétences, ambitions et capacités.

Des résultats concrets ?

Emmanuelle Gagliardi indique que les réseaux féminins en entreprise ont permis, par exemple, d’aider les collaborateurs à trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, à déployer le télétravail (bien avant la crise sanitaire) et impulsé la création de nombreuses crèches d’entreprise. "Aujourd’hui encore, les femmes n’acceptent pas systématiquement les postes à responsabilité qui peuvent leur être proposés. Elles ont peur de sacrifier leur vie personnelle et cela doit cesser. Ce n’est pas une crainte que les hommes connaissent", explique la CEO de CONNECTING WoMEN. Elle ajoute que le prochain défi des réseaux féminins est d’accompagner les femmes dans leur quête de sens au travail : "Un vrai questionnement se présente aux femmes à l’âge où elles se retrouvent confrontées au plafond de verre. Finalement, cet obstacle est, pour elles, l’occasion de se poser et de réfléchir à ce qu’elles veulent vraiment. Qu’est-ce qui a suffisamment de sens pour qu’elles acceptent une plus grande charge de travail et davantage de responsabilités ? Certainement pas un plus grand bureau ou une voiture de fonction…"

Clémence Galland

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