Mixité des métiers : sensibiliser pour ne plus faire genre
Face à ce constat, les politiques de rattrapage ne peuvent pas faire l’impasse sur la sensibilisation. Mais qui et comment ? Analyse de trois professionnelles Delphine Pouponneau, directrice Diversité et Inclusion chez groupe Orange, Isabella Leonarduzzi, Managing director chez JUMP, une association qui accompagne les entreprises sur la question de l’égalité H/F au travail et Laetitia Vitaud, experte en Future of Work. Retrouvez l’ensemble des échanges dans notre guide : "Mixité : on arrête de faire genre ?"
Une seule solution, la sensibilisation
Sensibiliser dès le recrutement
Que faire en termes de tri des CV ou de l’évaluation des compétences quand, parmi les candidat·es, un genre est sur-représenté, tout en respectant les règles de non discrimination ? Le recrutement est un processus RH critique en matière de diversité car les recruteur·ses sont les premiers maillons dans la composition d'équipes variées. Isabella Lenarduzzi souligne l’importance de former tous les recruteur·ses et les managers aux stéréotypes et aux biais. Le fait d’en prendre conscience est une première étape essentielle pour mieux les gérer. Une bonne pratique : il faut aller chercher les CV de femmes et passer le double du temps pour les analyser car les biais agissent souvent lorsque l’on est stressé·e et contraint·e par une deadline. Il peut être intéressant de se tourner vers les start-ups RH telles que Goshaba qui détecte le potentiel des talents de manière plus objective et plus juste, grâce aux sciences cognitives et à la gamification. En se tournant vers les soft skills, on privilégie davantage les capacités d’apprentissage, d’agilité, d’adaptation et de reconversion.
Ouvrir les perspectives professionnelles le plus tôt possible
Hello Women est une initiative sociétale menée par Orange pour booster la mixité des métiers. Elle s'articule autour de quatre axes : sensibiliser, recruter, reconvertir et fidéliser les talents féminins. Sur le volet de la sensibilisation, Delphine Pouponneau, directrice Diversité et inclusion du Groupe Orange l’affirme, cela se joue dès le plus jeune âge. C’est pourquoi Orange travaille avec l’Éducation nationale et des associations (Elles Bougent, Science Factor ou encore Les Intrépides de la Tech) afin de faire prendre conscience aux jeunes filles des opportunités inhérentes à l’univers de la tech. "100 femmes volontaires, au sein d’Orange, prennent du temps pour se rendre dans les écoles afin de parler de leurs parcours et de leurs métiers", explique Delphine Pouponneau. Le but ? Mettre en avant des rôles modèles afin que les jeunes filles, très tôt, se projettent dans les métiers du numérique. Cela dit, il reste du chemin… Selon une enquête de Gender Scan, seules 7 % des filles arrivent à se représenter dans les métiers de la tech et du numérique. De même, 37 % d’entre elles envisagent de s’orienter vers une école d’informatique ou d’ingénieur, contre 66 % des garçons1. Pourtant 54 % des lycéennes sont intéressées par les matières scientifiques en général, et 56 % par l’informatique / le numérique. D’autres initiatives ont vu le jour pour tenter d’infléchir cette tendance. Il s’agit de proposer une autre voie aux collégiennes ou lycéennes afin qu’elles osent construire leur trajectoire dans la tech. En décembre 2021, le forum Hello Women a été lancé à l'Élysée Montmartre ; l’occasion de relayer les témoignages de femmes et d’organiser différents ateliers auxquels plus de 300 collégiennes et lycéennes ont pu assister. De même, avec l’association Les intrépides de la tech, plus de 600 jeunes filles ont été sensibilisées et formées à l’IA.
En finir avec "l’invisibilisation des femmes" dans l’entreprise
Isabella Lenarduzzi, insiste sur "le rôle sociétal des entreprises pour valoriser les femmes, les aider à muscler leurs compétences numériques et prendre confiance". En effet, selon une étude menée par Jump, les femmes souhaitent exercer des métiers plus opérationnels… sauf qu’elles éprouvent des difficultés à être visibles auprès de leur employeur·e. C’est pourquoi, chez Orange, par exemple, l’entreprise identifie les femmes monoparentales, souvent les plus fragilisées, pour les former au numérique pendant 12 mois. Autre cible à privilégier : les femmes au-delà de 45 ans. Ces dernières sont plus disponibles car généralement, elles ont moins de charge familiale. Or, elles semblent invisibles aux yeux des recruteur·ses. Cela nécessite une remise en perspective et d’innover au sein de l’entreprise pour investir sur ce pool de talents féminins. L’importance de la représentativité et des rôles modèles De manière générale, tendre vers plus de mixité H/F, y compris dans les prises de position publiques, semble une stratégie payante pour améliorer la mixité, abonde Laetitia Vitaud. Chez la BBC, il existe le programme 50/50 pour une représentativité égale entre les hommes et les femmes journalistes. L’impact n’est pas anodin puisque cela influe également sur le choix et la nature des sujets qui sont traités par la chaîne. Ainsi, le choix paritaire d’une entreprise entraîne, avec elle, des changements positifs sur tout son écosystème. Une entreprise qui met en avant ses politiques volontaristes d’égalité H/F, incarnées par par exemple, par des rôles modèles, parie sur son avenir dès la phase de recrutement : diversification des profils recrutés, compétitivité et innovation, marque employeur durable… Reste la question à mille pounds : comment rendre visibles toutes ces initiatives ? Quels supports privilégier et comment embarquer ses équipes dans une telle transformation ? La solution Welcome to the Jungle peut vous y aider. Découvrez comment.
1 Ipsos / EPITECH, enquête réalisée auprès de lycéens et de leurs parents, novembre 2021