Karina Sebti, démocratiser le management de transition
Si le management de transition a gagné ses lettres de noblesse dans les pays anglo-saxons, il reste encore peu connu dans l’Hexagone. Toutefois, certains ne ménagent pas leur peine pour faire grandir une technique de recrutement qui maintient dans l’emploi des cadres seniors et expérimentés, tout en offrant des compétences pointues aux entreprises. Parmi les figures de proue du secteur, Karina Sebti, qui officie chez Robert Walters.
Révélation sur le tard
Rien ne prédisposait cette étudiante en école de commerce à se tourner vers le recrutement. Débauchée par un client sensible à son tempérament de battante, la casablancaise délaisse sa vocation commerciale afin de rejoindre en 1998 la holding SMG et découvre pour la première fois le management de transition. Cinq ans plus tard, après une courte expérience dans le cabinet de chasse Arthur Hunt, Karina Sebti rejoint Robert Walters qui lui propose une mission faite pour elle : ouvrir la division management de transition et évangéliser la pratique sur le territoire. : "Le CDI a une place toute particulière en France. Longtemps, les autres formes de contrat n’étaient pas reconnues. Or, le management de transition est un contrat comme un autre", explique-t-elle.
Une sensibilité particulière
Touchée par la rencontre d’hommes et de femmes ne retrouvant pas de travail après 50 ans, elle se met à la tâche avec un prisme économique mais aussi social : "Nous avons une responsabilité face à des personnes qui ont eu une carrière très riche et dense durant de nombreuses années et à qui on ferme les portes soudainement."
Le management de transition attire des candidats de plus en plus jeunes
Engagée et combative, elle n’a de cesse de sensibiliser et démarcher les entreprises de toute taille, et tous secteurs confondus. "Les directions des ressources humaines et les salariés se sont au fur et à mesure montrés de plus en plus intéressés pour travailler hors du cadre du CDI." Le marché pèserait aujourd’hui 300 millions d’euros en France.
Rendre les entreprises agiles et responsables
La mission de Karina Sebti semble donc réussie. Longtemps associée à la gestion de crise, la pratique se pare depuis quelques années d’une nouvelle aura et est désormais reconnue comme une véritable opportunité de travailler différemment. Les candidats y voient la possibilité de décrocher un poste à responsabilité et des missions qui les intéressent. De quoi ravir Karina Sebti qui collabore avec "des profils plus jeunes, en transition professionnelle ou ne souhaitant simplement pas faire carrière au sein d’une seule structure." La crise sanitaire a bien sûr participé à l’évolution des mentalités. Le CDI n’est pas la seule attente et les entreprises se responsabilisent. "Les DRH, s’appuient de plus en plus sur nous. Plutôt que de perdre du temps à débaucher des candidats pour un besoin circonscrit dans le temps, ils préfèrent trouver une solution opérationnelle immédiate", poursuit-elle. Karina Sebti en avait le pressentiment il y a déjà plus de vingt ans : le contrat de travail unique pour un seul et même employeur ne représente pas une fin en soi.
Grande lectrice de polars, passionnée de cinéma et mère de deux filles qui portent également un fort intérêt aux enjeux sociaux, Karina Sebti reste curieuse et ne se lasse pas d’accompagner sur le long terme ses clients et de les voir s’épanouir. Une division Afrique créée en plus au sein du cabinet Robert Walters lui offre l’occasion de développer de nouveaux projets concernant l’expatriation.
Elsa Guérin