Maxime Legardez, recruter sans CV
Serial entrepreneur dans l’âme, Maxime Legardez connaît les entreprises de près. Il perçoit également leurs difficultés, telles que la gestion des talents.
Disrupteur dans l’âme
Ce qui anime ce diplômé de l’Edhec : les grands changements organisationnels au sein des entreprises. Durant un an, il sillonne le monde et fonde différentes start-up pour le compte de Rocket International. En 2016, il crée sa propre structure, Everoad, qui devient le leader européen du transport de marchandises en offrant une solution innovante de mise en relation entre les transporteurs et les expéditeurs. Lors du rachat d’Everoad par son concurrent allemand Sennder, il se met à l’écoute d’une centaine de DRH. Il constate que 90 % de leurs problématiques se concentrent sur la question du recrutement. "L’expérience candidat doit devenir centrale, explique-t-il. En vingt secondes, nous pouvons voir ce qui se passe dans le monde sur TikTok, commander à manger en deux minutes, peut-être même rencontrer l’âme sœur sur notre smartphone, mais pas trouver de travail."
65 % des CV sont mensongers
Se défaire des biais lors du recrutement semble utopique, minimiser les risques de discrimination s’avère néanmoins possible pour celui qui a déjà révolutionné le secteur du transport routier. Il en est persuadé, "recruter sur le CV n’a plus de sens car, d’après les études, 65 % des CV sont mensongers. Par ailleurs, recruter en se basant sur les CV représente une source importante de discrimination." La solution ? Délaisser le CV. Le candidat postule grâce à des tests qui évaluent différentes compétences techniques ou comportementales. Les utilisateurs le constatent déjà : gain de temps, meilleur filtre, période d’essai réduite. En un an, Maki a séduit des entreprises de toutes tailles. Le partenariat tout juste signé avec Lever, mastodonte californien du recrutement, promet une forte dynamique à la start-up française. Toutefois, la vocation de Maxime Legardez n’est pas uniquement de développer une entreprise économiquement performante mais bien d’apporter sa pierre à l’édifice à un monde du travail plus égalitaire. Il confie : "Mes enfants m’invitent à me questionner. Dans quel monde du travail évolueront-ils ? C’est à nous d’y réfléchir dès à présent."
Elsa Guérin