Inflation galopante et tensions en matière de recrutement ont poussé les entreprises à revaloriser leur politique de rémunération. Toutefois, si les bas salaires ont connu des revalorisations, la rémunération des cadres a quelque peu stagné.

Six cadres sur dix déclarent être prêts à quitter leur emploi si leur augmentation n’est pas supérieure à l’inflation, selon l’étude de rémunération 2023 du cabinet de recrutement Robert Walters. Face au risque de "grande démission", les entreprises sont prêtes à accorder des hausses de salaires, mais seront-elles suffisantes ?

Insatisfaction

Le quick quitting désigne ces cadres qui quittent leur entreprise prématurément durant leur période d’essai ou lors des deux premières années de contrat. Les raisons de leur départ sont souvent liées à un désaccord avec le management ou le souhait d’une meilleure rémunération. Ainsi, selon l’étude du cabinet Robert Walters, 71% des cadres souhaitent changer d’emploi d’ici deux ans. En août dernier, la part des cadres satisfaits de leur rémunération était en baisse de six points (et même de treize points chez les moins de 35 ans) selon un sondage de l'Apec, et 43 % d'entre eux indiquaient vouloir demander une augmentation. Si la progression annuelle des salaires de base au troisième trimestre 2022 a été de 3,7%, la Dares constate que pour les cadres, elle ne s'élève qu'à 2,7%. En effet, les augmentations individuelles pour cette catégorie socio-professionnelle ont été davantage plébiscitées que les augmentations générales accordés aux bas salaires.

"Attention, ne désespérez pas vos cadres de premier niveau, vos managers. Ils sont au cœur de la transformation de nos entreprises" Bruno Mettling

Attention particulière

Dans une interview accordée à Décideurs Magazine, sur le plateau de HR Makers, Bruno Mettling, président fondateur du cabinet de conseil Topics soulignait l’importance de ne pas démobiliser les cadres :  "La tentation est grande de concentrer les attentions sur les plus bas salaires mais quand on étudie les baromètres, on constate l’immense lassitude des cadres d’être sans arrêt sur la brèche." Un resserrement s’installe entre bas salaires et cadres intermédiaires qui doit être pris en compte lors des négociations annuelles obligatoires : "Attention, ne désespérez pas vos cadres de premier niveau, vos managers. Ils sont au cœur de la transformation de nos entreprises."

Les cadres attendent donc une augmentation de 4% en 2023 selon l’étude du cabinet Robert Walters. Si les entreprises ne peuvent pas systématiquement s’aligner sur les demandes d’augmentation des salariés, elles ont toutefois intérêt à ne pas oublier les cadres dans leurs politiques de rémunération face à l’inflation. Pour rappel, une étude réalisée par l'Ifop pour le groupe de conseil en ressources humaines Arthur Hunt et l'agence de conseil en communication Bona fidé, dévoilée par Les Échos en octobre 2022, estimait que 58% des cadres admettent être tentés de démissionner.

Elsa Guérin

 

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