Le nombre de défaillances d’entreprises a baissé de 47,71 % entre le premier et le deuxième trimestre 2024, d’après les dernières données du Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires. Une bonne nouvelle à prendre avec du recul : la tendance de 2024 confirme une augmentation des faillites qui va au-delà du simple " retour à la normale " de l’avant Covid.
Défaillances d’entreprises : un recul en trompe-l’œil
Un arbre qui cache la forêt. Le recul du nombre de procédures collectives et de prévention au deuxième trimestre 2024 n’est qu’une apparence. Le taux de défaillances a déjà rattrapé et dépassé les tendances pré-crise sanitaire. Si seulement 15 980 entreprises ont fait faillite au deuxième trimestre – bien moins qu’au premier avec près de 34 000 sociétés –, les dernières données témoignent d’une hausse des défaillances de 18 % par rapport à la même période en 2023 et de 64,5 % comparé à celle de 2022. En 2024, le nombre d’entreprises en difficultés pourrait donc dépasser la barre des 65 000, et s’aligner au niveau du record de 2009, 63 425 procédures avaient été instruites.
102 409 postes en péril
Ce ne sont pas moins de 102 409 postes qui sont menacés depuis le début de l’année. En cause : de nombreux redressements judiciaires, comme celui de Milee, le distributeur de publicités qui emploie plus de 10 000 salariés. L’accroissement du taux de défaillances, commencé en 2022 après la chute du nombre de procédures collectives constatée de 2019 à 2021, ne s’est pas arrêté. Concernant les types de procédures, le nombre de liquidations judiciaires directes au premier semestre dépasse celui de 2023 de 12,9 %. Quant aux redressements judiciaires, ils marquent une augmentation de 33,6 % par rapport à l’année dernière. Enfin, les sauvegardes augmentent faiblement : 3,1 % de plus qu’en 2023. Elles sont en revanche en hausse de 56,1 % par rapport à la moyenne des premiers semestres de 2018 et 2019.
Les activités financières touchées de plein fouet
Touchés par la hausse des taux et le coup d’arrêt du marché immobilier, les secteurs de la finance et de l’assurance souffrent d’un taux de défaillances en très nette augmentation : +64 % par rapport à la moyenne du deuxième trimestre en 2018 et 2019. Dans la gestion de fonds, 152 faillites ont été enregistrées au premier semestre 2024, soit une hausse de 95 % depuis 2023 et de 821 % par rapport à 2018-2019. La programmation informatique, en complète stagnation depuis 2023, enregistre pourtant une augmentation des procédures de 90 % par rapport à 2019. Le domaine de l’édition de logiciels connaît aussi une hausse du nombre de défaillances de 117 %, malgré son modèle économique, perçu comme stable car souvent basé sur la récurrence de l’abonnement. Aucun secteur n’est épargné et le prochain semestre risque de confirmer cette tendance.
Céline Toni